9 novembre 2012

De «gentils» manipulateurs – 1

Violence au travail

Le manipulateur sympathique compte parmi les plus redoutables…

Notamment parce qu’il peut faire dire, par exemple, à une citoyenne de Laval à propos du maire Vaillancourt (qui on le sait a les deux pieds dans les plats pour ne pas dire autre chose) : «Je suis d’accord qu’il y a de la corruption comme il y en a toujours eu partout, mais, non, je ne trahirai jamais mon maire!» C’est ce qu’on appelle de la dévotion aveugle… Le maire Tremblay semble faire partie de la même catégorie de manipulateurs.

«La non-décision – Lors de réunions décisionnelles avec leurs collaborateurs, certains manipulateurs peuvent rester en retrait. Ils restent flous sans communiquer leurs opinions, ce qui leur évite de prendre une décision. Ils formulent alors des phrases comme ‘Je ne sais pas.’, ‘Vous faites comme vous voulez’, ‘Vous savez ce que vous faites, je n’ai pas besoin de toujours décider à votre place’, ‘Vous savez décider aussi bien que moi’, ou il reste tout simplement silencieux.
       Si les évènements rendent la décision discutable, le manipulateur se décharge rapidement de la responsabilité du problème : ‘Vous êtes des professionnels, oui ou non? Vous n’êtes pas fichus de prendre la bonne décision!’ (dévalorisation, fait croire qu’ils auraient dû le savoir). Les collaborateurs ont cependant repéré que le décideur responsable ne répondait pas à certaines questions. Prétextant de multiples rendez-vous ou une autre occupation, le manipulateur ne se rend pas disponible pour régler les difficultés. Ses collègues n’ont pas toutes les informations et autorisations pour mener à bien le travail demandé.
       Collaborer avec un supérieur hiérarchique manipulateur engendre un grand stress. L’incertitude sur ce qu’il est bon de faire ou de ne pas faire devient une constante et provoque le doute quant aux capacités de chacun. Cela rappelle la situation du double-bind (double-contrainte) : si vous ne prenez pas d’initiatives ou de décisions (à la place du manipulateur), vous avez tort, vous êtes qualifié d’incapable. Mais quand vous décidez seul et que cette décision n’amène pas les résultats escomptés, vous avez aussi tort et vous donnez une occasion supplémentaire au manipulateur de vous faire croire que cela est une preuve de votre incapacité. Tout se joue comme si vous deviez avoir tout pouvoir sur les évènements. Cette situation est horriblement confuse pour celui qui la vit.
       Pour se décharger de toute culpabilité, le manipulateur reportera la responsabilité d’une décision sur les autres (même si c’est lui qui les a fortement influencés à prendre cette décision). Il suffit pour lui de ne pas donner les informations indispensables. Il n’est pas clair, il fuit les questions, il fuit les personnes et retient les informations de son côté.»
(Extrait de : Les manipulateurs sont parmi nous, Qui sont-ils? Comment s’en protéger?, Isabelle Nazare-Aga, Les Éditions de l’homme, 1997 – p. 92-93)

Ce qui se passe dans les municipalités me rappelle aussi la fameuse série CHRONIQUES DE LA VIOLENCE ORDINAIRE diffusée à Télé Québec en 2005; à mon avis elle résumait les livres sur la manipulation et le harcèlement moral des Isabelle Nazare-Aga et Marie-France Hirigoyen.
       J’ai cherché une quelconque rediffusion sur Internet ou un DVD à acheter; malheureusement la série semble réservée au milieu pédagogique via le site du producteur CIRRUS – La Collection des Vidéos Éducatives :
http://cirruscommunications.ca/fr/productions/action/show/Production/nom/chroniques-de-la-violence-ordinaire/
http://video.collectionvideo.qc.ca/catalogue/affiche_info_serie.asp?codeserie=806

C’est vraiment dommage car, à mon avis, cette série à sketchs pourrait profiter au grand public. Qui n’a pas été coincé un jour ou l’autre avec des manipulateurs / agresseurs psychologiques notoires en milieu de travail ou dans son entourage intime? Lors de la diffusion, j’avais copié la présentation sur le site de Télé-Québec. Même minimaliste, la description des comportements associés à la violence psychologique peut suffire pour aider à les détecter – alors, je me permets de la publier.

Vous aimerez peut-être :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2012/04/detecter-les-pervers.html

***
CHRONIQUES DE LA VIOLENCE ORDINAIRE

Il y a la Violence avec un grand V, celle des faits divers, des bulletins de nouvelles, celle du sang et des bleus, et il y a l’autre, la violence psychologique. Celle que nous portons en nous, dont nous sommes tous, à l’occasion, propagateurs. Mais lorsqu’elle s’érige en système ou en mode de vie, alors, rien ne va plus.
       La violence psychologique est invisible à l’œil nu, on n’en parle pas, mais elle sape la confiance en soi, mine toute joie de vivre, et, subie à répétitions fréquentes, peut causer des états dépressifs profonds, voire suicidaires.
       Qu’elle se manifeste sous forme de harcèlement, au travail ou à la maison, de mensonges chroniques, d’intimidation, de négligence, elle implique toujours un oppresseur qui, par des moyens souvent d’une redoutable subtilité, met au point une stratégie de dévalorisation de sa victime, afin de mieux la dominer.

Ce sont ces stratégies, ces armes de destruction psychologique massive, que dissèque Chroniques de la violence ordinaire, tout comme les comportements de la victime, engluée dans une toile d’araignée dont elle ne peut sortir. Chaque émission traite d’une forme de violence psychologique en particulier, dans toutes ses dimensions et manifestations.
       Les demi-heures incorporent trois éléments permettant une approche à la fois claire et rigoureuse. L’émission s’amorce sur un élément de témoignage-choc, issu de la victime, d’un témoin, d’un spécialiste ou, parfois, de l’agresseur, qui plonge le téléspectateur au cœur de la forme de violence abordée. Des spécialistes de sphères connexes – psychologues, travailleurs sociaux, psychiatres – cernent (ou définissent) ensuite la problématique, en démontent les rouages et en dévoilent les ramifications.
       De plus, tout au cours de la demi-heure, s’intègre une dramatique, illustrant la progression de la violence, l’évolution des techniques utilisées par l’oppresseur, de la culpabilisation à l’intimidation, en passant par la duperie et la dévalorisation.

Chroniques de la violence ordinaire, une arme pacificatrice, un outil précieux pour éradiquer la violence au quotidien! Le Centre jeunesse de Montréal – Institut universitaire a participé étroitement à l’élaboration du projet.

LA MANIPULATION

La manipulation est un processus complexe et subtil, que l’on peut mettre du temps à identifier. Elle regroupe diverses formes de violence psychologique : bouderie, contrôle, dénigrement, colère… Le manipulateur dispose ainsi de plusieurs stratégies pour exercer sa violence. Il peut aussi porter différents masques : le séducteur, le culpabilisant, le timide, le dictateur, le faux complice… On dit de lui qu’il exerce un «terrorisme déguisé».

Diane est propriétaire d'une petite entreprise de création de vêtements. Suite à une commande d'un client, elle doit dessiner un nouveau modèle de vêtement pour répondre à cette demande mais elle n'y arrive pas. Pour se sortir d'embarras, elle fait appel à son amie Isabelle.

Objectifs de l’émission
       Reconnaître qu'une personne qu'on estime, mais qui nous manipule, peut être nocive et dangereuse et qu'il faut s'en protéger.
       Repérer les attitudes porteuses de manipulation. S'écouter quand on ressent un malaise.
       Favoriser les communications saines et claires. Le manipulateur prend 56 détours pour arriver à ses fins. Son arme la plus redoutable est de semer le doute.

LE MENSONGE

Savoir mentir est une nécessité. Le mensonge aide à se sortir de l'embarras ou à polir les rapports en société. À condition qu'il ne soit pas un mode de vie. Car mentir de façon chronique est un abus de pouvoir, qui prive l'interlocuteur d'informations essentielles et l'empêche délibérément de faire des choix éclairés. La victime se sent alors trahie et se met à douter de tous les aspects de sa relation avec le menteur.

Alexandre, jeune célibataire, fait passer une annonce dans le journal pour rencontrer une copine. Il se fait passer pour un médecin alors qu'il ne l'est pas. La jeune femme qui répond à son annonce utilise également le mensonge afin de poursuivre la relation.

Objectifs de l’émission 
       Réaliser que mentir, c'est se mentir à soi-même. En troquant la perception qu'on voudrait que les autres aient de nous, on se crée un faux soi. Se mentir à soi c'est être prisonnier de ses mensonges, se priver d'authenticité, de relations saines et vraies.
       Reconnaître les conséquences liées à une relation basée sur le mensonge.
       Faire prendre conscience que c'est à l'enfance qu'on apprend à mentir. Les enfants apprennent à dissimuler la vérité en regardant les adultes. S'il apprend à l'enfance que le mensonge est une façon efficace de se soustraire aux punitions, cela affectera sa conception adulte du mensonge.

LE SILENCE

Le silence est un comportement généralement associé à l'enfance, mais les grands enfants boudent aussi. On a tendance à sous-estimer les malaises causés par le silence. Et pour cause : ils ne font pas de bruit… Pourtant, la bouderie est une forme de cruauté mentale et fait partie de l'arsenal des manipulateurs. Lorsqu’érigé en système, le silence instaure un climat d'incompréhension et de malentendus qui affecte la victime, la culpabilise, la pousse à se remettre en question. Et à porter tout le poids du rétablissement de la communication.

Deux soeurs habitent ensemble dans une maison. Suite à une offre d'achat de leur propriété, l'une des deux aimerait vendre mais elle ne peut pas donner suite à l'offre d'achat puisque sa soeur s'étant réfugiée dans le silence et la bouderie ne répond à aucune de ses questions.

Objectifs de l’émission
       Démontrer que ce n'est pas à la personne boudée qu'il incombe de changer le type de relation. À long terme, la personne boudée qui prend toujours la responsabilité de rétablir la communication se met en grande position de faiblesse, en ne laissant pas au boudeur la chance de faire lui-même son propre cheminement.
       Faire prendre conscience au boudeur qu'il s'enterre vivant. Le boudeur court de grands risques. S'il se sert du silence pour couper la communication, il risque un rejet définitif. Mis au pas, devant des limites claires, le boudeur devra réagir avant de tout perdre.

LA JALOUSIE

La jalousie est un cri d'alarme : «J'ai peur et j'ai mal». Elle se manifeste par la colère, la peur, la tristesse, le doute. Elle repose avant tout sur un manque d'estime de soi : besoin du regard des autres, de leur présence, soif de contrôle. Souvent associée à l'amour, la jalousie provoque chez la victime des réactions de culpabilité, de questionnement, de doute constant. Quel comportement adopter pour rassurer son ou sa partenaire? Entre le jaloux et sa victime, la souffrance est également partagée.

Marc-André laisse sa conjointe quelques instants, le temps de faire des courses mais voilà que chemin faisant il commence à s'imaginer que sa copine profite de son absence pour rencontrer un autre homme.

Objectifs de l’émission
       Identifier les émotions liées au phénomène de la jalousie. Le phénomène de la jalousie entraîne la victime et la personne jalouse dans un cercle vicieux qui fait vivre de part et d'autre de multiples émotions. La jalousie mène à l'usure des émotions.
       Inciter les jaloux à admettre leur jalousie. Cela fait moins mal lorsqu'on accepte d'en parler. Dire tout haut ce qui nous empêche de fonctionner normalement est une démarche en soi, cette démarche peut stimuler la vie de couple et éviter des dégâts d'ordre psychologiques.
       Distinguer les sentiments de l'amour de ceux fondés sur la jalousie. Il n'est pas toujours évident de faire la part des choses, surtout lorsqu'on se sent coupable et n'osons pas en parler à notre entourage.

LE REJET

Nul n'est à l'abri du rejet. On ne saurait plaire à tout le monde. Paradoxalement, les victimes adultes de rejet semblent cultiver ce statut de victime, par manque profond d'estime de soi. Persuadées qu'elles ne valent rien, elles recherchent continuellement l'acceptation des personnes qui les rejettent.

Catherine, une jeune adolescente vit chez son père et sa conjointe. Cette dernière n'accepte pas Catherine et le lui fait sentir de toutes sortes de manières.

Objectifs de l’émission
       Inciter l'agresseur à reconnaître qu'il a lui-même un problème d'image de soi. Le rejet masque un malaise, répond à un besoin émotif (valorisation, reconnaissance, vengeance, insatisfaction dans la vie).
       Démontrer que la victime a aussi du travail à faire sur elle-même. La victime doit apprendre à développer son autonomie émotionnelle, se confronter à elle-même pour mieux confronter ensuite son agresseur. La victime est – elle aussi – responsable de son bien-être.

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