15 avril 2012

50 ans plus tard


Parfois je me dis que ce doit être le désespoir qui pousse l’humanité à s’autodétruire de telle sorte; comme si une force obscure était de la partie...

Cet après-midi, j’admirais les canards sur l’eau, les feuilles et les bourgeons naissants, les merles et toutes ces beautés qui ravissent notre cœur. Bucolique.

Un irrésistible sentiment de gratitude est monté. Aussi énorme que mon envie de pleurer. J’ai ouvert les écluses, et ce n’est pas un euphémisme. 
Je ressentais le besoin de dire MERCI à la Terre.
Merci de nous avoir permis de vivre tant d’expériences au cours de nos vies successives.
Merci d’avoir toléré toutes nos folies et aberrations.
Merci d’avoir créé de la beauté, en dépit de notre indécrottable propension à la détruire systématiquement.
Quelle patience!
Elle en a vu de toutes les couleurs – des splendides et des horribles.

Les humains prennent la terre pour une «chose» à leur service comme tout le reste. Étant donné qu’ils croient être les seuls à posséder une intelligence, il ne leur vient pas à l’idée que la terre pourrait être le corps physique d’une intelligence passablement plus vaste que celle qui anime nos éphémères enveloppes biologiques. Incroyable quand même d’être aussi ignorants, suffisants et arrogants. Conséquemment, nous n’imaginons pas que cette intelligence puisse avoir son propre agenda d’évolution qui pourrait inclure l’élimination de ses parasites à la manière du chien qui secoue ses puces…

Je profite de cette réflexion pour ramener Rachel Carson sur le green de golf – some people live on green

Les détracteurs de son livre «Le printemps silencieux » ne manquent pas. Notamment ce pro-DDT, J. Gordon Edwards, considère le livre de Carson comme une fraude et la rend responsable de plus de morts que la dernière guerre mondiale à cause du bannissement de l’insecticide DDT :

Cet entomologiste se plaignait de ce que Carson semblait plus concernée par le sort des animaux que celui des humains pour qui les insecticides étaient inoffensifs. Donnons le bénéfice du doute à ce pauvre homme, c’était en 1992… il pourrait avoir changé d’avis – s’il n’est pas mort. Ignorait-il que nous faisons partie d’une chaine alimentaire où nous nous mangeons tous les uns les autres, et que les résidus de pesticides/insecticides s’additionnent d’un organisme à l’autre, et que l’humain ramasse le paquet en bout de ligne?

La science est une arme à deux tranchants.

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Extrait de «Ces étranges pluies» - Article complet :

Pas besoin d’un focus group pour réaliser que les rebondissements se multiplient. La cartographie planétaire changera peut-être dramatiquement sous peu, entrainant des disparitions à tous les niveaux. Les sismographes s’inquiètent de la possibilité d’un tremblement de terre majeur sur la faille New Madrid, ce qui aurait pour conséquence de vidanger les Grands Lacs vers le bassin du fleuve Mississippi. Une grande perte en eau douce s’ensuivrait affectant les villes adjacentes ainsi qu’une large périphérie.

Déjà dans les années 60, certains biologistes et scientifiques sonnaient l’alarme. Je pense notamment à Rachel Carson dont le livre Silent Spring prédisait que l'empoisonnement graduel et irréversible des écosystèmes rendrait la terre impropre à toute vie. Son livre publié en 1962 aura 50 ans en 2012; étrange coïncidence, non?

Certaines forces destructrices dites naturelles – et d’autres découlant de l’intervention humaine que certains qualifieront de malveillante  – accélèrent le processus de culbute. L’actualité ne cesse de nous en fournir des exemples.

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Printemps silencieux + 40
Par Tom Berryman

Ces temps-ci, on ne cesse de se faire rabattre les oreilles par des Rio + 10, Rio + 10, Rio + 10, des Stockholm + 30, Stockholm + 30 et des Johannesburg 2002, Johannesburg 2002. Allant prendre une marche de fin d’après-midi à l’île Sainte-Hélène, pour me reposer de ce genre de vacarme des négociations entre nations, le chant des oiseaux m’a rappelé que nous en étions déjà à «Silent Spring + 40». Le cauchemar dystopique envisagé par Rachel Carson ne s’est heureusement pas avéré. Le cri raisonné de la célèbre océanographe américaine a été partiellement entendu. Les choses et les gens ont bougé. Quarante ans après la publication de son livre choc, les printemps sont encore chantés.

L’obligation de subir nous donne le droit de savoir.
~ Rachel Carson

Le fait incontournable que le déclin de la faune soit lié à la destinée des êtres humains est rapporté de plus en plus souvent partout dans le pays. La faune, fait-on remarquer, régresse parce que sa maison est détruite. Mais la maison de la faune est aussi notre maison.
~ Rachel Carson, 30 mars 1938, Richmond Times-Dispatch Sunday Magazine (traduction libre).

Personnellement, je suis convaincue qu’il n’y a jamais eu un plus grand besoin qu’aujourd’hui pour des reporters et des interprètes du monde naturel. Le genre humain est allé très loin dans l’établissement d’un monde artificiel de sa propre création. Il a cherché à s’isoler, dans des villes d’acier et de béton, des réalités de la terre, des eaux et de la semence qui germe. Intoxiqué par l’impression de sa propre puissance, il semble aller de plus en plus loin dans de nouvelles expérimentations qui le détruisent ainsi que son monde. Il n’y a certainement pas qu’un seul remède face à cette situation et je ne prétends pas offrir de panacée. Mais il me semble raisonnable de croire – et en fait, je crois – que plus clairement nous sommes en mesure de focaliser notre attention sur les merveilles et les réalités de l’univers qui nous entoure, moins nous avons le goût de détruire ce monde et notre espèce. L’émerveillement et l’humilité sont des émotions très nourrissantes et elles n’existent pas côte à côte avec le désir de détruire.
~ Rachel Carson, New York, 7 avril 1952, extraits de son discours de réception de la médaille John Burroughs pour son livre The Sea Around Us, paru 10 ans avant Silent Spring (traduction libre).

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