29 avril 2018

«Le plus difficile, c’est incendier l’enfer.» – Stach

Je revois la première saison de Handmaid’s Tale (La servante écarlate). C’est alarmant de constater que les politiques nationales et internationales s’orientent inexorablement vers le totalitarisme, même dans nos prétendues démocraties.
   Un flashback remontant au début du point de bascule, montre une manifestation où des opposants au régime sont sauvagement abattus par des policiers. June et son amie Moira s’interrogent : s’agit-il de policiers ou de militaires? Une fois le régime dictatorial instauré, des militaires seront postés dans tous les recoins de la République Giléad pour faire respecter la loi et l’ordre, armes semi-automatiques en main – un état de siège permanent.
   June, désormais appelée Defred, marche en silence. On l’entend penser :
«Il n’y a aucune pitié pour les membres de la résistance. Elle n’a rien laissé derrière elle. Pas d’empreintes. Pas de petites miettes. Je ne connais même pas son nom. Deglen est partie. Je me suis éveillée au monde. Avant, je dormais. C’est comme ça que tout est arrivé. Quand ils ont massacré le Congrès, on ne s’est pas réveillés. Quand ils ont invoqué le terrorisme pour suspendre la Constitution, on ne s’est pas réveillés non plus. Ils ont dit que ce serait temporaire. Rien ne change instantanément. Dans une marmite chauffée graduellement, on meurt bouilli sans s’en apercevoir.»
    En 2006, dans une interview au sujet de son roman, Margaret Atwood disait :
«Quand les temps sont durs, les gens troquent volontiers leur liberté si quelqu’un leur dit : ‘Je suis un puissant leader et je vais m’occuper de vous’. Si vous vouliez transformer une démocratie en régime totalitaire, vous présenteriez la chose de façon détournée : ‘En vue de préserver votre liberté, vous devrez sans doute la sacrifier pour le moment. Pour préserver la liberté, nous devons la démolir.’»
   «Ce livre n’est pas anti-religion. Il est contre l’utilisation de la religion comme prétexte à la tyrannie, ce qui est une chose entièrement différente. À la suite des récentes élections américaines, la peur et l’anxiété prolifèrent. Les libertés civiles de base sont menacées, de même que les nombreux droits que les femmes ont acquis pendant les décennies précédentes, et en réalité, depuis des siècles. Dans ce climat de zizanie, où la haine envers différents groupes semble progresser et écorcher les institutions démocratiques, des extrémistes de tous bords s’expriment.» Margaret Atwood on What ‘The Handmaid’s Tale’ Means in the Age of Trump (New York Times, 10 mars 2017)

«Ce qui rend The Handmaid’s Tale si terrifiant, c'est que tout ce qui arrive est plausible. Atwood avait l’œil terriblement prémonitoire sur la façon dont un état comme Giléad pourrait en venir à exister : «... Après la catastrophe, lorsqu'ils ont tiré sur le président et mitraillé le Congrès, l'armée a déclaré l'état d'urgence. ... Les journaux ont été censurés et d’autres fermés, pour des raisons de sécurité, disait-on. Les barrages routiers ont commencé à apparaître, ainsi que les Identipasses. Tout le monde approuvait puisqu'il était évident qu’on ne pouvait pas être trop prudent. Les comptes bancaires des femmes furent gelés, puis fermés, et elles furent forcées de quitter leur emploi. Cela s’est fait étape par étape.» ~ Naomi Alderman, écrivaine (The Guardian, March 25, 2017)
   Le commandant Waterford, chez qui Defred est l’utérus du moment, reçoit une délégation mexicaine en vue de négocier des échanges commerciaux. Defred est présentée à une déléguée et doit se déclarer heureuse du service qu’elle rend la société. À son départ, l’ambassadrice lui offre un cadeau. Defred décide de lui dire la vérité.
Je veux vous offrir un petit cadeau pour vous remercier de votre sincérité. C’est une faveur inestimable. Du chocolat mexicain de ma ville natale. Merci de m’avoir aidée à comprendre votre monde un peu mieux.
Vous ne comprenez pas. Je vous ai menti. C’est un endroit cruel. Nous sommes prisonnières. Si on s’enfuie, ils nous tuent. Ou pire encore. Ils nous battent. Ils utilisent des aiguillons à bétail pour qu’on leur obéisse. Si on nous surprend à lire, ils nous coupent un doigt. La fois d’après, c’est toute la main. Ils nous arrachent les yeux... Ils nous mutilent de la pire façon qui soit. Ils me violent à tous les mois, dès que j’ovule.
Je suis désolée.
Je n’ai pas eu le choix. Ils m’on arrêtée alors que je voulais m’enfuir. Ils ont enlevé ma fille. Alors, ne soyez pas désolée. Je vous en prie, ne soyez pas désolée. S’il vous plaît, faites quelque chose.
Je ne peux pas vous aider.
Vous allez nous échanger contre quoi? Du chocolat à la con? Nous sommes des êtres humains. Comment pouvez-vous faire ça? Comment pouvez-vous?
Je viens de Xipica, Mlle Defred. C’est une ville agréable. Grande comme Boston. Aucun enfant n’a été mis au monde à Xipica en l’espace de six ans. Mon pays se meurt.
Mon pays est déjà mort.

À mon avis, il vaut mieux mourir que de vivre dans un régime semblable – dictatorial patriarcal, masculiniste, théocratique – contrôlé par une élite bourgeoise tarée, sadique et j’en passe. Un retour à des «valeurs traditionnelles» tordues et arbitraires, et à l’agression sexuelle institutionnalisée.

Les parallèles entre la République de Giléad et la République de Trump sont troublants. Sous l’influence du vice-président Mike Pence, cet évangéliste born again pour qui les femmes ne sont que des utérus, des mères-porteuses, l’administration Trump a déjà restreint les droits des femmes, notamment en matière d’avortement. À Nashville, Tennessee, un projet de loi proposait de désigner la Bible comme le livre de l’état, mais la loi n’a été adoptée. Récemment, les législateurs on proposé un mémorial aux victimes de l’avortement – les bébés qui ne sont jamais nés – devant le capitole de l’état. Le retour à la soumission et à la dictature patriarcale et théocratique de la République de Giléad n’est pas de la fiction, les Américains ont déjà les deux pieds dedans (1).
   L’Alberta est un copié-collé de l’Amérique de Trump. Le mouvement Pro-Vie albertain se bat comme diable dans l’eau bénite contre l’avortement à renfort de conférences de mauvais goût (pour ne pas dire odieuses) dans les écoles. Tout comme pour le droit de mourir dans la dignité, les débats ne portent pas sur le droit de la personne ni sur la science médicale, mais sur des croyances théologiques qui n’ont de valeurs que pour celles et ceux qui y croient. Par exemple : les femmes sont des machines à procréer qui n’ont pas le droit de disposer de leur corps comme elles l’entendent.

Concernant le saccage de l’environnement, les États-Unis ont une longueur d’avance sur le Canada, mais nous ne tarderons pas à les égaler. Et, il est évident que nous allons nous casser la gueule.
  
La criminalisation des protestations anti-pipelines  

Scott Pruitt, le directeur de l'agence de protection de l’environnement (EPA), travaille fort pour la dissoudre afin de donner carte blanche (ou plutôt noire) aux producteurs d’énergies fossiles.
   Plusieurs états américains veulent se doter de lois qui entraîneront des peines sévères (emprisonnement, amendes démesurées, etc.) pour les manifestants qui voudraient bloquer des infrastructures gazières-pétrolières existantes ou en construction. L'industrie des combustibles fossiles et les législateurs républicains cherchent de nouveaux moyens de réprimer les manifestations pour la protection de l'environnement. Ils ont déjà eu recours à des forces armées spéciales et arrêté de nombreux protestataires. Des états riches en énergies sales comme l'Ohio et le Dakota du Nord, ont réussi à faire adopter des projets de loi interdisant certaines formes de contestation – les manifestations qui bloquent les routes et la circulation ou qui occupent des sites où se trouvent des infrastructures d’oléoducs.

Pas à pas vers la dictature

L’attitude délibérément myope et irresponsable de notre gouvernement fédéral ne peut qu’entraîner des désastres. Au lieu d’agir dans l’intérêt des Canadiens, on préfère arrêter les opposants au second pipeline de Kinder Morgan et les traiter comme si c’étaient eux les criminels. C’est le monde à l’envers. Voilà pourquoi on a vu Elizabeth May (Green Party leader) et Kennedy Stewart (NDP Burnaby South MP) être arrêtés devant le site de construction de Kinder Morgan à Burnaby Mountain, le 23 mars dernier. On les accuse de désobéissance civile.

In B.C., defendants face fines for protesting oil pipeline
By Dylan Waisman in News, Energy, Politics | April 23rd 2018

“Does a criminal contempt of court mean I now have a criminal record?” the woman asked B.C. Supreme Court Justice Kenneth Affleck. “So, when I go to volunteer at my granddaughter's school, I have to say I have a criminal record?”
   “I'm not in a position to give you legal advice,” Judge Affleck answered. Some similar cases in the past did not create criminal records for those found guilty, he added. Had his answer clarified things for her, he asked. She was still confused, she said.


The woman was one of dozens arrested for crossing a court-imposed exclusion zone around Kinder Morgan's Burnaby pipeline terminal called to appear at the Supreme Court of B.C today. Although many of the nearly two hundred people who crossed the line decided not to appear in court today, others did. [...]

‘I was in shock,’ says government insider about instructions to ensure approval of Kinder Morgan pipeline
By Mike De Souza in News, Energy, Politics | April 27th 2018

A new government insider has emerged to add their voice in support of allegations raised this week that Canada's review of Kinder Morgan's Trans Mountain expansion project was rigged.
   The allegations were first raised on Tuesday, when National Observer reported that public servants said they had been instructed at an internal meeting in Vancouver on Oct. 27, 2016 to ‘give cabinet a legally-sound basis for saying 'yes,’” to the Trans Mountain project. They suggested that Prime Minister Justin Trudeau's government rushed its review of Trans Mountain and had made up its mind to support the project, despite claiming, at that time, that they were still consulting First Nations and the public before making a final decision. [...]

Kinder Morgan warns of 'significant' delay after court urged to consider release of Trudeau government secrets
By Mike De Souza in News, Energy, Politics | April 27th 2018

A lawyer for energy giant Kinder Morgan is warning that its Trans Mountain expansion project is facing “significant and unwarranted delay” following an unexpected legal letter filed Thursday in the wake of dramatic revelations reported by National Observer about the project's approval by the Trudeau government.
   Maureen Killoran, a Canadian lawyer for the Texas-based company, drafted the warning in a letter filed Friday with the Federal Court of Appeal in response to a request filed on Thursday by the Tsleil-Waututh Nation in B.C. [...]

File photo of oil tanker farm in Burnaby by the Canadian Press

Oil disaster in Wisconsin raises questions for those living and working near Kinder Morgan tank farm
By Joel Ballard & Dylan Waisman in News, US News, Energy, Politics | April 27th 2018

Screen shot of NBC news video of refinery explosion in Superior, Wisconsin, on April 26, 2018.

About 27,000 residents had to evacuate their homes yesterday after an explosion at an oil refinery In Superior, Wisconsin, released black clouds of noxious smoke. Fifteen people suffered 'blast-related injuries', according to Reuters, leaving 11 hospitalized.
   Watching this from Burnaby, B.C., some yesterday were asking: “What if it were to happen here?”
   “It’s a tragedy...This is a whole community that’s having to deal with the impacts of something going wrong at a refinery,” said Andrea Harden-Donahue in response to the Wisconsin refinery explosion.
   Longtime Burnaby resident Elsie Dean was one of them. Dean has lived in the area since 1970 and told National Observer she was disturbed by images from the Wisconsin refinery explosion and wondered what would happen if a similar disaster were to occur in her community.
   “It's horrendous,” Dean said. “Maybe some notion of this danger to the people and the environment will arouse some discussion about bringing all this dilbit (diluted bitumen) into Burnaby.”

Explosions at the Husky Energy refinery
Tara Houska, April 27. Yesterday, the Husky refinery across the bay from my home exploded. Today, water protectors face court for standing up to #StopLine3 tar sands pipeline. Court might be cancelled due to evacuation. Prayers for those hurt, for families forever changed. https://twitter.com/billmckibben

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(1) “We’re gonna win. We have the force. We have the faith. And we will not rest until we have purified this country. In the name of God.” ~ Commander, Republic of Gilead 

Handmaid’s Tale season 2 uncannily predicts the present. In the wake of recent political events, this television show couldn’t come at a better time.
By Johanna Schneller | Special to the Star | Wed. April 25, 2018 

When The Handmaid’s Tale television series arrived in April 2017, it went down like a bitter-tasting but restorative tonic.
   Women and right-thinking men, but especially women were in despair about the victory of Trumpism, and here was a show that made manifest our fear, anxiety and anger. It felt urgent and necessary.
   A dystopia where women were robbed of their legal, sexual, professional and reproductive freedoms wasn’t a distant danger; it was here, in Washington, D.C., and elsewhere, and if we weren’t hypervigilant, it would get worse. The show wasn’t just set in the near future it was as if the showrunner, Bruce Miller, and his writers had a window into the actual future.
   In the months since, that has only become truer. Trump and his gang of thieves honestly, they couldn’t be more like Dr. Evil and his henchpeople if they tried have rolled back legal protections for LGBTQ+ people, defunded abortion and sex education, and made abstinence the official U.S. policy on birth control. Most of us view The Handmaid’s Tale as a cautionary one, but the Mike Pences of the world see it as a YouTube instructional video.

Photo : Alex Brandon/AP Images. Un des Commandants de la République de Trump, Mike Pence, et son épouse Karen. Le Commandant ne dîne jamais seul avec d’autres femmes. Karen, que Mike Pence appelle "Mother", joue un rôle majeur dans les coulisses. Au cours des six premières années de leur mariage, le couple était confronté à l'infertilité. «Nous ne le disions à personne. C'est difficile parce que je pense que les gens qui ne connaissent pas l'infertilité ne peuvent pas vraiment sentir ce que c'est que de vouloir un bébé plus que tout, et que ça n’arrive pas», disait Karen en interview. Ils ont finalement eu trois enfants. (Source: Business Insider)

Here comes the spoiler alert: based on the two episodes of season two made available to critics, Miller still has his crystal ball. We begin right where last season’s finale (and Margaret Atwood’s source novel) ended and, though there’s no way Miller and Co. could have predicted the Time’s Up movement or the March for Our Lives anti-gun protests, the series feels infused with their energy.
   Offred (nee June, played by Elisabeth Moss) and her sisters, including Janine (Madeline Brewer), Moira (Samira Wiley) and Emily (Alexis Bledel, a big Time’sUp advocate IRL) have had it. They’re spread out over a wider world now and they’re joining the insurrection.
   It appears that we’ll also be seeing more of Serena Joy’s (Yvonne Strahovski) backstory and that feels timely, too: she stands for all the anti-woman women the Valerie Hubers and Laura Ingrahams who are the real gender traitors that Trump and his ilk dig up from under who-knows-what rotten log. Can they really believe what they spout? How do they sleep at night? Perhaps Serena Joy will give us an answer.

Photo : Serena Joy, Defred et Fred Waterford lors de la cérémonie mensuelle de copulation du régime giléadien. Une méthode de reproduction (par procuration) pour les familles dominantes ayant des problèmes de fertilité. On se justifie en rappelant que l’épouse du Jacob biblique lui aurait dit d’utiliser ses servantes pour assurer sa descendance. Après son divorce d’avec Joséphine, Napoléon avait dit «je veux un ventre!».

Episode 1 begins with a cheat: a false threat that’s a bit too reliant on the series’ trademark aesthetic of terrible beauty. I hope that’s an anomaly. This show doesn’t need to be that heavy-handed. Like Aunt Lydia (the great Ann Dowd), The Handmaid’s Tale is scariest when it speaks in its singsong, this-is-all-normal-dear voice.

By the way, last season Canada was a haven of sanity amid the Handmaids’ horror. But now Ontarians are bracing themselves for a victory for Conservative Doug Ford. I wonder if Miller saw that coming, too.

Season 2 of The Handmaid’s Tale premieres April 29 at 9 p.m. on Bravo.

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