29 janvier 2018

L’élite côtière de la Maison Blanche

De tout temps, la bourgeoisie s’est distancée des classes sociales inférieures qu’elle méprisait. Élisant domicile dans des régions privilégiées, les élites ne fréquentent que leurs pairs fortunés. Pendant toute la présidentielle, Trump et sa clique n’ont cessé de répéter qu’ils détestaient les riches. Un écran de fumée pour séduire la classe populaire.

J’ai récemment publié un article sur l’érosion progressive des régions littorales. Les «élites côtières» américaines, dont plusieurs font partie de l’administration Trump, se retrouvent donc dans la situation de «l’arroseur arrosé», au propre et au figuré.
Je sais que je ne devrais pas penser ce que je pense...

Mais à quoi ressemblent ces mondes parallèles réservés aux élites?

Hamptons (NY) – Cette propriété rénovée, évaluée à 48 millions $ (Southampton), compte 5,5 hectares de terrains vierges (ainsi qu’un "jardin secret"), plus de 400 pieds de façade sur le lac Agawam, une aile complète réservée au personnel et un cottage pour les invités.

Floride – Une cible parfaite pour les ouragans et la montée des eaux (niée par la climatosceptiques...). Ce méga domaine offert à 195 millions $ a été vendu à 105 millions $. Gemini s'étend sur la largeur d’une île-barrière à Manalapan, au sud de Palm Beach. L’accès est privé côté rivière et côté océan. La résidence principale compte douze chambres, l’hôtel particulier sept, auxquels s’ajoutent deux gîtes "océan", un secrétariat de gestion et une maison dans les arbres. L'espace intérieur totalise 84 988 pieds carrés. On trouve aussi un terrain de golf standard, un étang d'eau douce, un sanctuaire d'oiseaux, un jardin de papillons, et un «complexe sportif» avec terrains de tennis et de basket-ball, mini-golf et aires de jeux divers.
Video:

Californie, Bel-Air – Ce domaine de 40 000 pieds carrés inclut deux piscines, un studio d'enregistrement, une cave à vins avec salle de dégustation, un écran vidéo géant, un spa en plein air, un centre de mise en forme et une salle de cinéma. Évalué à 75 millions $.

Les Républicains se moquent des «élites côtières», mais la cour de l'administration Trump en est pleine

Shaun King
The Intercept | December 29 2017

Étrangement, dans notre culture de formules-chocs et de mèmes, l’expression conservatrice «élites côtières» a perduré chez les libéraux et les démocrates. L’expression est fréquemment utilisée par les dirigeants et les usagers de Twitter pour décrire les riches, les snobs arrogants vivant cachés dans des enclaves le long des côtes est et ouest, totalement coupés de la classe moyenne américaine. La notion est revenue récemment lors du débat sur la loi de l'impôt républicaine : le sénateur Ted Cruz, R-Texas, semblait ravi d'annoncer que les impôts augmenteraient uniquement pour «les riches de Manhattan et de San Francisco».
   Sauf que cette idée que la droite déteste les élites côtières est une farce. Le président Trump et sa clique dirigeante – sa famille, ses conseillers, le personnel et les membres du cabinet – sont eux-mêmes une personnification extrême, caricaturale, de l'élite côtière. En d'autres mots, le gouvernement républicain est dirigé par les mêmes individus contre lesquels l’aile droite a mis en garde son électorat pendant des années.
   Supposons qu’un romancier écrirait une histoire sur un milliardaire blanc qui fait florès, vit avec sa troisième épouse de 24 ans sa cadette dans un penthouse plaqué or avec vue sur Manhattan, s’entoure de riches bourrés de fric et propriétaires de villas sur les côtes est et ouest, et qui ensuite, grâce à ses propos haineux contre l’élite côtière (dont il fait partie), convainc l'Américain moyen de l’élire président. Cette histoire semblerait tellement exagérée et absurde qu’on la considérerait comme une fiction dystopique.

Trump et sa première épouse Ivana avec leur personnel à Mar-a-Lago en 1987.
Photo : Ted Thai, The LIFE Picture Collection / Getty Images

Trump, un fils de parents riches et père d'enfants riches, a déjà possédé un yacht gréé de 210 téléphones. Dans son jet privé, décrit comme «un nuage d'opulence flottant», les boucles des ceintures de sécurité, les robinets et les pieds de tables sont plaqués or. Il a passé le tiers de sa présidence dans ses luxueux complexes hôteliers situés dans les plus chics destinations côtières, de Palm Beach à Hawaï.
   Cependant, l'élitisme côtier de cette Maison Blanche ne commence pas et ne finit pas avec Trump. Il s'est lui-même entouré d'une «élite côtière». Il en fait partie, et c’est ce qu'il connaît le mieux.
   Wilbur Ross, secrétaire au Commerce de Trump, vient d'acheter un hôtel particulier de 12 millions $ dans la région de Washington, D.C. Il possède d’élégantes propriétés dans les Hamptons et à Palm Beach. Il a récemment vendu, via «Billionaire Row», son penthouse de Manhattan pour 16 millions $. Il possède une collection d’œuvres d'art d'une valeur minimum de 125 millions $.
   Le principal conseiller économique de Trump, Gary Cohn, ancien cadre chez Goldman Sachs, travaille fort pour donner à ses vieux copains tout ce qu'ils ont toujours voulu obtenir du gouvernement. Et pourquoi pas? Après tout, Cohn a quitté en bons termes; il a reçu 285 millions $ à la fin de son mandat. Comme Ross, Cohn est l'image même de l’élite côtière newyorkaise : il est propriétaire d'une villa dans les Hamptons, et affirme depuis des décennies que Manhattan est «sa maison».
Un à-côté incluant l’histoire de la firme : Government by Goldman  

Il est difficile d’égaler Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor de Trump. Si vous avez vu son nom dans la presse [en décembre], c'est probablement parce qu'un homme a livré un colis rempli de fumier comme cadeau de Noël au manoir de Mnuchin [ndlr : une propriété évaluée à 26,5 millions $] à Bel-Air, un quartier très huppé de Los Angeles (1). Les conservateurs qui critiquent Hollywood, Mnuchin n’est qu’un producteur de films. [Ndlr : en 2004, Mnuchin a créé un business dans l’industrie du cinéma, Dune Entertainment; il a ainsi contribué au financement de 34 superproductions.] Il vient d'acheter un hôtel particulier de 12,6 millions $ à D.C. Né à New York, le père de Mnuchin, Robert, a travaillé pendant des décennies chez Goldman Sachs. Steven l'a suivi et a travaillé pour Goldman pendant près de 20 ans avant de lancer plusieurs fonds d’investissements spéculatifs privés. Comme Cohn et Ross, Mnuchin possède une propriété dans les Hamptons, payée 15 millions $ en 2005.
   La dernière épouse de Mnuchin, Louise Linton, a eu du mal à dissimuler l'élitisme du couple depuis que son époux s’est joint à l'équipe de Trump. Encore une fois, si un romancier décrivait son snobisme stéréotypé, on penserait que c’est exagéré. Elle a publié sur Instagram une photo d'elle sortant de l’avion gouvernemental, au Kentucky. Dans sa légende, elle énumérait les différentes marques de vêtements qu’elle portait – # Hermès, # Valentino, # Roland Mouret # Tom Ford. Quand une internaute a critiqué son voyage sur Instagram, Linton lui a rétorqué avec rudesse que sa famille avait fait plus d'argent et payé plus d'impôts qu’elle n’en paierait jamais (2).
   Avant l’arrivée de Trump, aucun président n'avait eu de milliardaire dans son cabinet. Trump en a deux.
   L'une est Linda McMahon, à la tête de l’Administration des petites entreprises. Elle compte parmi les grands donateurs de la campagne de Trump. La propriété de McMahon à New York était évaluée à 40 millions $ en 2006. Elle est également propriétaire d'une villa à Boca Raton, Floride; d'un condo à Vegas; de deux condos à Stamford, Connecticut; d’une autre résidence à Greenwich, Connecticut,  et d'un yacht de 47 pieds (15 m) appelé «Sexy Bitch» [ndlr : un nom sans doute approprié puisque son conjoint Vince est lutteur professionnel; elle fut longtemps impliquée dans le business de la lutte].
   L’autre est la milliardaire Betsy DeVos, secrétaire à l'Éducation. Quand elle n'est pas à sa résidence de 10 millions $ au Michigan, elle vit dans sa «villa» de Vero Beach, en Floride. Elle possède dix bateaux de plaisance – incluant un méga-yacht de 164 pieds (5000 m) évalué à 40 millions $. La famille dispose de quatre avions et de deux hélicoptères pour se déplacer. On engage du personnel à temps plein pour s’occuper du méga-yacht et effectuer de petites réparations. DeVos utilise son jet privé même pour ses voyages gouvernementaux.
   Et la liste continue. Tout comme Trump et plusieurs membres de son cabinet, Ben Carson, secrétaire au Logement et au Développement urbain, possède un hôtel particulier à Palm Beach.
   Mais peut-être que les deux Trumpistes les plus hypocrites du lot sont Stephen Miller, haut conseiller politique, et l’ex conseiller en stratégie politique, Steve Bannon. Les deux hommes se sont fréquemment insurgés contre les «élites côtières», bien qu’ils fassent partie de la bande. Miller, par exemple, est né et a grandi au milieu de l'élite libérale de Santa Monica en Californie où il a passé plus de la moitié de sa vie.
   Bannon, cependant, est le grand finaliste pour le premier prix. Avec ses invectives sur les élites et son populisme destinés à gagner la faveur de la classe moyenne, l'homme est aussi faux qu'un billet de 3 $. Bannon va et vient dans les petites villes du sud, à la recherche d’hommes comme Roy Moore pour véhiculer le message qu’il comprend les gens auxquels ils s’adressent. En réalité il les utilise pour étendre son pouvoir.
   Bannon s'est enrichi à Hollywood. Il dénonce le milieu régulièrement comme s’il n’y avait jamais vécu. Avant d’être à Hollywood, Bannon a été banquier chez Goldman Sachs. Paradoxalement, il s’en prend au mondialisme, alors qu’il a fait son argent en profitant de l'économie capitaliste mondiale. Ses trois dernières adresses connues étaient en Californie, à New York et en Floride. Il possède une villa en bord de mer à Laguna Beach, Californie. Il vit et travaille souvent dans une résidence de 14 pièces, une propriété de plusieurs millions $ à D.C. administrée par un ancien membre du parlement égyptien.
   Bien que Bannon soit un exemple exceptionnel de l'hypocrisie au centre des attaques républicaines contre les élites côtières, on se doit de conclure avec Paul Manafort. Ami de longue date de Trump et ancien directeur de campagne, il possédait au moins trois propriétés valant plusieurs millions de dollars à New York – ainsi qu’un appartement occupé à temps partiel dans la tour Trump. Il semble que chacune de ses propriétés avait été achetée avec de l'argent blanchi provenant de son nébuleux travail de consultant à travers le monde. Manafort possédait une maison Brownstone à Brooklyn, un condo à SoHo, et, comme plusieurs autres membres de l'équipe Trump, un splendide manoir de 10 chambres dans les Hamptons; il a dépensé un million de dollars pour l'aménagement paysager et le système de sécurité de son hôtel particulier. Manafort avait également une maison à Arlington en Virginie, et un condo à proximité d'Alexandrie. En attendant son procès, Manafort est assigné en résidence, mais il semble qu’il pourrait déménager à sa résidence de Palm Beach en Floride, à quelques kilomètres de la propriété de Trump, Mar-a-Lago. [Ndlr : Manafort est un lobbyiste connu pour ses activités douteuses avec des leaders étrangers comme Ferdinand Marcos (Philippines),  Mobutu Sese Seko (RDC), Jonas Savimbi (Angola), Viktor Yanukovych (Ukraine). Plusieurs agences fédérales enquêtent à son sujet, entre autres pour conspiration contre les États-Unis et blanchiment d’argent.]

Pour de prétendus ennemis de l'élite côtière, Trump et son équipe passent beaucoup de temps à se promener entre les Hamptons et Palm Beach.

~~~
En général, les super riches semblent aussi super matérialistes, snobs, superficiels et cheap. Il y sans doute des exceptions. Une gouvernante ayant travaillé pour des ultra riches disait qu’en les regardant agir, elle avait résolu de ne jamais devenir riche. Une autre employée disait : «J’étais traitée comme un chien plutôt qu’une gouvernante.»
   Dans un article, l’une de ces gouvernantes des temps modernes décrit les compétences requises – ahurissant. C’est tout juste si l’on n’exige pas une couple de doctorats...
“Providing you are qualified, however, you could be forgiven for thinking a job like this might be a good way to travel and set yourself up financially. But there is no money in the world that could compel me to go back to working for the super rich. I fell into nannying in 2010 when I decided to have an impromptu gap year after my (better than expected) A-level results and moved to London to work. “Find a nice, sensible family in Clapham’ counselled my mother. But I wanted to see how the 0.01 per cent lived.”

Mais il semble qu’il s’agit d’une tare psychologique qui se soigne.
Une interview avec Tim Kasser, un professeur de psychologie à Knox College qui étudie depuis plus de vingt ans les fondements du matérialisme exacerbé. Living in a material world propose une réflexion sur l’obsession qui pousse les gens à accumuler toujours plus de richesse et d’objets, et répond à des questions comme Why are some people materialistic and others not? what are the driving forces behind being obsessed with the acquisition of stuff?

------
(1) Ça vaut la peine de connaître les motifs du geste. L’auteur n’a pas été incarcéré : «Ce n’est pas illégal d’offrir du fumier de cheval en cadeau de Noël!», dit-il.
'A gift-wrapped package of poo’: Why a man left a box of manure for Steven Mnuchin

(2) Mnuchin a épousé Louise Linton, une actrice de 18 ans sa cadette, en juin 2017.
Following Munchin’s use of a United States Air Force jet on a trip to Kentucky that involved viewing the solar eclipse, the Treasury Department's Office of the Inspector General (OIG) opened up an inquiry. Louise Linton drew attention for posting a photograph of herself disembarking from the government plane with Mnuchin. https://www.washingtonpost.com/news/wonk/wp/2017/08/22/the-treasury-secretarys-wife-just-apologized-for-a-highly-insensitive-instagram-post/?utm_term=.624b9aeda95e

24 janvier 2018

Davos : inégalités et laisser-faire capitaliste

Avez-vous reçu une invitation au 48e Forum économique mondial, le rendez-vous annuel de l’élite internationale? ..... Ah, moi non plus.

Ça doit être formidable de causer tout bonnement de la misère du monde, de s’inquiéter des inégalités économiques grandissantes qui pourraient menacer les intérêts des individus les plus riches les plus puissants; de discuter des conflits internationaux, de la pauvreté et des problèmes environnementaux sans se sentir coupable de les avoir créés, et ironiquement, dans le confort d’un environnement luxueux et sécuritaire.

Wikipédia : De simple réunion informelle de chefs d'entreprise européens, le forum de Davos s’est peu à peu transformé en club planétaire de décideurs. Il a acquis sur la scène économique mondiale un poids et un pouvoir impressionnants, ce qui fait dire à ses détracteurs qu’il est l’incarnation d’un impérialisme économique. La puissance du forum économique mondial est telle que, malgré son caractère non-démocratique (il n’est pas une instance élue), l’ONU a mis en place depuis 1998 un partenariat avec lui, permettant une implication croissante des entreprises dans le règlement des affaires économiques mondiales. Réseau de dirigeants organisés pour conforter la mondialisation libérale, le forum entend donc aussi faire jouer un rôle de plus en plus important aux dirigeants d’entreprises au détriment du rôle de régulation des États. Il œuvre à affirmer la légitimité d’une nouvelle «gouvernance globale» des affaires économiques mondiales, où les entreprises, par la prise en compte d’impératifs éthiques, par une implication citoyenne, seraient aptes à remplacer le rôle jugé défaillant et obsolète des États.
   Le Forum économique mondial de même que le G8 peuvent être considérés comme des institutions impérialistes puisque, alors qu’elles constituent des instances non élues, et qu’elles représentent non pas les intérêts de la population mondiale mais seulement des très grandes entreprises, des banques et les États les plus riches, elles s’arrogent le droit de prendre des décisions majeures sur les orientations économiques du monde.

Snipers sur les toits! 4000 soldats et policiers suisses protègent le gratin et surveillent les alentours du Centre des congrès et les hôtels de la ville. Photo : AFP/Getty Images/FABRICE COFFRINI

Radio-Canada / Agence France-Presse : Des séances de méditation du petit matin aux cocktails de fin de soirée, en passant par les séminaires et projections, les journées s'annoncent bien remplies. Friands des thèmes consensuels, les participants planchent cette année sur le thème «Construire un avenir commun dans un monde fracturé».
   Certains se pencheront ainsi sur la «Quatrième révolution industrielle» et l'avenir du travail face à l'intelligence artificielle et l'automatisation. D'autres débattront des enjeux géostratégiques à l'heure du Brexit, des risques financiers, de la sécurité alimentaire ou de la mobilisation face aux épidémies.

«Il est difficile de trouver des responsables politiques et des chefs d’entreprise qui affirment ne pas s’inquiéter des inégalités. Il est encore plus difficile d’en trouver qui prennent des mesures pour les combattre.» ~ Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International

Tableau : les plus riches ont accaparé 82% de la richesse mondiale en 2017

La question à un million de dollars : pourquoi signer des accords de libre-échange inéquitables, désavantageux?

M. Trudeau fait valoir son thème de prédilection, la classe moyenne, qu’il entend «aider» en concluant des accords avec des chefs de multinationales comme ABB Group, Alibaba, Alphabet/Google, BlackRock, Coca-Cola, DP World Ericsson, Investor AB, Microsoft, Royal Dutch Shell, Thomson Reuters, UBS et UPS, dédiées au consumérisme. Vendez-nous votre scrap et en échange vous obtiendrez à rabais ce que nous avons de mieux. Accueillons le dumping et la croissance de déchets à bras ouverts, et Donal Trump pourra, avec raison, qualifier le Canada de «shithole country».

J’ai espoir que nous allons finir par comprendre que le libre-échange capitaliste mondial n’est pas équitable et que ce n’est pas du populisme que de valoriser, respecter, favoriser et défendre notre propre main-d’œuvre, nos propres entrepreneurs, manufacturiers, producteurs et exportateurs; et que small is beautiful. Revenons aux définitions simples du dictionnaire : le libre-échange est un système dans lequel les échanges commerciaux entre les États sont libres ou affranchis des "barrières" [par ex. une réglementation juste qui mettrait des bâtons dans les roues] qui les entravent; et le protectionnisme est une politique douanière qui vise à protéger l'économie nationale contre la concurrence étrangère. Pourquoi se donner en pâture à des prédateurs sans conscience qui usent de chantage et de menaces? Avons-nous perdu le droit de sauver nos meubles des dérapages de la mondialisation? 

Radio-Canada, Raphaël Bouvier-Auclair : Dans une déclaration consultée par Radio-Canada et qui sera rendue publique sous peu, des organisations dont Greenpeace, la CSN, la CSQ et la FTQ soulignent des aspects de l'ALENA qu'elles jugent problématiques en matière d'environnement.
   Les organismes donnent en exemple le chapitre 11 de l'accord initial, qui permet à des entreprises de poursuivre des gouvernements, notamment en lien avec leurs politiques en matière de protection de l'environnement.
   Cette clause de l'ALENA a déjà été utilisée contre le gouvernement canadien. En fait, en vertu du chapitre 11, Ottawa a été trois fois plus poursuivi que le Mexique et six fois plus que les États-Unis.
   «Ces accords mettent en péril la souveraineté des États, qui doivent avoir comme unique intérêt celui de veiller au bien-être et à la santé de leurs citoyennes et citoyens.» (Extrait de la déclaration)
   Par ailleurs, dans leur déclaration, les représentants des différents groupes demandent aux négociateurs canadiens d'intégrer des références à l'Accord de Paris sur le climat dans le texte de l'ALENA.
   L'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, qui a été signé en 2016, mentionne par exemple que «la mise en œuvre de l'Accord de Paris constituera une importante responsabilité» des pays membres.
   Selon Patrick Bonin de Greenpeace, il faut aller encore plus loin, puisque les clauses de l'accord conclu entre le Canada et l'Union européenne à ce sujet ne sont pas contraignantes. «Il faut que tous les accords commerciaux, les outils économiques, viennent renforcer nos engagements internationaux, comme l'Accord de Paris, et non pas les diluer.» ~ Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace 

Cinq enjeux de l'ALENA qui posent problème

Entente de principe en vue d'une nouvelle mouture du Partenariat transpacifique

D'un côté, le Canada prend des mesures pour diversifier son commerce en signant le Partenariat transpacifique (PTP) à Davos. De l'autre, les États-Unis imposent des tarifs douaniers sur des machines à laver et des panneaux solaires asiatiques.
Le Canada et dix autres pays de la zone Asie-Pacifique se sont entendus mardi sur les termes de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), une entente de libre-échange qui permettra d'abolir des milliers de barrières tarifaires entre les pays signataires, dont le Japon, troisième économie mondiale.
   «Cet accord est un bon accord pour les Canadiens, car il créera de l'emploi et de la prospérité pour la classe moyenne», a commenté M. Trudeau dans un discours prononcé à Davos, à l'occasion du Forum économique mondial. «Le commerce peut donner plus de force à la classe moyenne, mais nous devons veiller à ce que les bénéfices soient répartis parmi tous les citoyens. Nous travaillons très fort pour que notre voisin du Sud reconnaisse à quel point l’ALENA est bon, non seulement pour notre économie, mais pour leur économie et celle du monde entier.» ~ Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Le libre-échange accroît les inégalités économiques 

La compétition est féroce et ce sont toujours les «petits» qui perdent au change. Je sais, on répète sans cesse qu’il est dans la nature des choses que les gros mangent les petits.
   Mais, si nous sommes l’espèce animale la plus intelligente, qu’est-ce qui nous empêche d’inventer un système différent?
   Le biologiste Michel Leboeuf, en entrevue à l’émission Médium large (R.-C. 23/01/2018), disait que notre société n’a retenu que l’aspect sélection naturelle de la théorie de Darwin – compétition, prédation, lutte pour la vie, loi du plus fort –, et totalement occulté l’aspect entraide et coopération qui existe dans tous les règnes.
   «Les gens ont associé compétition et rivalité à la notion de progrès. La plupart des vidéos sur les animaux ont tendance à ne montrer que le côté prédation : ça marque les esprits de voir un lion dévorer une gazelle. On voit rarement les interactions positives, les échanges de biens et services dans la nature et pourtant elles sont plus nombreuses que les interactions négatives [de compétition/prédation]. La collaboration fait partie intégrante de l’évolution dans la nature. Beaucoup d’énergie positive circule...»
~ Michel Leboeuf (non textuel)
   Son prochain ouvrage : Parole d’un bouleau jaune, à paraître bientôt aux Éditions MultiMondes. http://michelleboeuf.com/

Nous avons privilégié la compétition sauvage au lieu de la coopération par commodité : ça donne le droit de faire n’importe quoi, ce que les croyants justifient par «c’est la main de Dieu qui agit»!  
   En attendant que les Ebenezer Scrooge qui gèrent la planète se transforment, jetons un coup d’œil sur les conséquences de la cupidité et du culte de la croissance économique. Je vous invite à lire un article publié sur Psychology Today, au sujet des impacts psychologiques des inégalités socioéconomiques.

How Free-Market Capitalism is Feeding Economic Inequality
Income inequality is getting worse in the U.S. under laissez-faire capitalism.
Ray Williams (author of Eye of the Storm: How Mindful Leaders Transform Chaotic Workplaces, Breaking Bad Habits, and The Leadership Edge)
Posted Jan 15, 2018 | Psychology Today

J’ai traduit quelques passages

Les inégalités de revenus s'aggravent aux États-Unis en raison du laisser-faire capitaliste

Le libre-échange occidental fut le premier système à propulser l'économie et à améliorer le niveau de vie dans les pays développés. Bien qu'il y ait eu de nombreux avantages au capitalisme, il a cependant favorisé de plus en plus les grandes entreprises et les individus fortunés.
   Si vous questionnez le capitalisme en Amérique, on vous soupçonne de prôner le socialisme ou le communisme. Souvent, on vous suggérera d’aller vivre ailleurs, par exemple en Russie ou en Chine, où il n'y a pas de liberté ni de d’opportunités individuelles. Ils refusent d’admettre que le libre-échange capitaliste est inaccessible à la plupart des gens. [...]  

Le système capitaliste

[...] Selon Tim Jackson, auteur de Prosperity without Growth – Economics for a Finite Planet (La prospérité sans croissance – l'économie pour une planète finie) : «Chaque société s'accroche à un mythe selon lequel elle fonctionne. Notre mythe est la croissance économique. Au cours des cinq dernières décennies, poursuivre la croissance à travers le monde a été notre unique objectif politique. La taille de l'économie mondiale est cinq fois plus imposante qu’il y a un demi-siècle. Si elle continue à croître au même rythme, elle atteindra 80 fois sa taille en 2100. Le problème, c’est que cette extraordinaire montée en puissance de l'activité économique mondiale est sans précédent historique. Elle est en totale contradiction avec la nature limitée des ressources et l'écologie fragile dont nous dépendons pour survivre.»
   Le capitalisme occidental est structurellement dépendant de la croissance pour sa stabilité. Lorsque la croissance s’affaisse – comme ce fut le cas récemment – les politiciens paniquent. Les entreprises luttent pour survivre. Les gens perdent leur emploi et parfois leur maison. Remettre en question la croissance est perçu comme une folie propagée par des idéalistes et des révolutionnaires.
   «Mais la crise économique nous donne une occasion unique d'investir dans le changement pour balayer cette vision à court terme adoptée par la société depuis des décennies – par exemple, en nous engageant à remanier radicalement le dysfonctionnement des marchés boursiers. La spéculation effrénée des matières premières et des produits dérivés a mené le monde financier au bord de l'effondrement, il y a à peine trois ans. Elle doit être remplacée par une autre façon de voir le capital. Revoir le système économique n'est qu'une partie de la bataille. Nous devons également faire face à la logique tordue du consumérisme. Le temps de gaspiller de l'argent que nous n'avons pas pour des choses dont nous n'avons pas besoin pour impressionner des gens qui nous laissent indifférents, est révolu.» (Tim Jackson)
   Le capitalisme étant notre dogme, la dévotion aveugle au PIB et à la sous-jacente croissance économique illimitée est devenue notre échelle de mesure. Cela s’est traduit par l’impératif d'augmenter le PIB, partout, d'année en année, à un rythme accéléré, même si nous savions que l’accroissement du PIB, à lui seul, ne faisait rien pour réduire la pauvreté, rendre les gens plus heureux et en meilleure santé, et que les facteurs de bien-être social étaient négligés. Le PIB mondial a augmenté de 630 % depuis 1980, et en même temps, par le biais de certaines mesures, les inégalités, la pauvreté et la faim ont augmenté. [...]

L'impact psychologique des inégalités économiques

L'impact psychologique de l'inégalité économique sur la population dans le cadre du capitalisme occidental a presque totalement été ignoré par la recherche. [...]
   Oliver James, psychologue et psychothérapeute, a publié une étude dans laquelle il a examiné les liens entre le capitalisme égoïste (selfish capitalism or SC) et la maladie mentale. Il définit le capitalisme égoïste selon les caractéristiques suivantes : évaluation du succès des entreprises sur la valeur de l'action boursière; forte privatisation des biens collectifs tels que l'eau, le gaz et l'électricité; réglementation minimale des services financiers et de la main-d’oeuvre, privilégiant les milieux de travail qui favorisent fortement les employeurs et défavorisent les syndicats, ce qui facilite l'embauche et le licenciement; conviction que la consommation et les choix du tout-marché peuvent répondre à presque tous les types de besoins. En revanche, il définit le capitalisme désintéressé (unselfish capitalism or UC) selon les caractéristiques suivantes: l'État assume la responsabilité de garantir un minimum de bien-être économique à ses citoyens; assure un important filet de sécurité sociale; établit une taxation progressive plus rigoureuse; et accorde moins d'avantages fiscaux aux plus riches, voire aucun. [...]


Chez les personnes les plus démunies financièrement (un secteur de la population qui s’élargit de plus en plus), le capitalisme crée un état similaire à la domination psychologique que vit la personne gardée en captivité. La domination psychologique est plus probable lorsque 1) la menace est imprévisible et 2) s’il y a des périodes de relative sécurité suivies de chaos et de violence. Bien sûr, l'impact psychologique du capitalisme n'atteint pas la gravité de ce que vit une personne privée du droit fondamental d’être libre de tout préjudice. Mon argument veut plutôt souligner que le capitalisme est plus précaire que fiable, qu’il crée des conditions souvent inhumaines et qu’il peut introduire un stress traumatique. [...]
   En fait, le capitalisme entrepreneurial à l’américaine – un système économique hautement concurrentiel adopté par les États-Unis, l'Angleterre, l'Australie et le Canada – encourage le matérialisme plus que les autres formes de capitalisme, selon une étude du psychologue Shalom Schwartz de l'Université hébraïque de Jérusalem. Il a comparé les valeurs des gens dans les pays plus compétitifs avec celles des gens dans les pays qui pratiquent une forme de capitalisme plus coopératif, comme l'Autriche, l'Allemagne et la Norvège. Ces pays misent davantage sur la coopération stratégique entre les différents acteurs de l'économie et la société pour résoudre leurs problèmes économiques, tels que le chômage, le travail et les questions commerciales, plutôt que de s'appuyer principalement sur la concurrence du tout-marché comme aux États-Unis. Comme prévu, les citoyens qui vivent dans un système économique plus concurrentiel se soucient davantage de l'argent, du pouvoir et du succès individuel que les citoyens qui vivent dans des systèmes plus coopératifs.
   L'argent et la communauté sont essentiellement incompatibles parce qu'ils se nourrissent de motivations fondamentalement différentes. Aider la communauté et établir des relations personnelles satisfont des besoins psychologiques intrinsèques tandis que la réussite financière répond à des besoins de récompense et de louanges extrinsèques. Et pour ceux qui sont motivés par les récompenses, le modèle corporatif américain peut même encourager des comportements contraires à l'éthique.
   Ces perspectives sont reflétées par Allen Kanner, dans son article The Cynical Psychology of Capitalism. Kanner soutient que la santé psychologique inclut un sens bien développé de l'empathie et la capacité de mettre les besoins de la population au-dessus des siens, tout en continuant de s'occuper de soi. Kanner dit que ces considérations générales ne s’appliquent pas au capitalisme car les gens sont fondamentalement égoïstes (1). Ce système économique est fataliste, voire carrément cynique. Il rabaisse les valeurs morales et sociales et le développement émotionnel de l’humanité au plus bas niveau. Il offre peu d'espoir d'amélioration collective. Les partisans de la libre entreprise affirment qu'il est futile de tenter de modifier notre caractère égoïste; que le marché doit plutôt s'organiser sur le principe du chacun pour soi.


Kanner soutient que l'objectif principal du libre-échange capitaliste est l'accumulation de richesse individuelle, censée procurer le bonheur. Il existe maintenant une abondance de recherches qui démontrent qu’une fois les besoins de la survie comblés – logement, nourriture, vêtements, etc. – la relation entre richesse et bonheur est négligeable. En fait, aspirer à devenir riche peut être nocif. Des études interculturelles indiquent également que l'adoption de valeurs matérialistes est associée à la dépression, l'anxiété, la toxicomanie, au manque de sociabilité, à une faible estime de soi, à des symptômes psychosomatiques (maux de tête, maux de gorge, etc.), et à une diminution de la satisfaction dans la vie. Les valeurs matérialistes sont également liées à des comportements antisociaux comme la tricherie et les petits vols, le racisme et la destruction de l’environnement. Les matérialistes sont moins empathiques et ont des relations plus courtes et conflictuelles avec leurs amis et leurs partenaires amoureux ainsi qu’avec leurs pairs moins matérialistes.

La progression des inégalités de revenus

Les États-Unis possèdent peut-être l'économie la plus importante et prospère du monde, et elle est clairement dédiée au capitalisme sans gêne, mais les inégalités et les problèmes sociaux sont proportionnels. [...]

Photo : Catherine Ledner. Milliardaire ou va-nu-pieds : une question de mérite? 
«Le superflu des riches devrait servir pour le nécessaire des pauvres, mais tout au contraire, le nécessaire des pauvres sert pour le superflu des riches.» ~ Jean Domat (1625-1696)

Le fondement moral du capitalisme est la méritocratie (1). Le terme méritocratie décrit une société qui récompense ceux qui possèdent un talent et des compétences qu’ils ont démontrés par des actions passées ou par un rendement concurrentiel. Ce concept est souvent lié au mythe du «self-made man». L'Amérique a toujours été considérée comme le pays de l'égalité des chances… [C’est] maintenant un mythe renforcé par des anecdotes et des histoires, mais non corroborées par des données. Les chances pour qu’un citoyen américain fasse son chemin de bas en haut sont inférieures à celles des citoyens d'autres pays industrialisés. L’autre mythe – Rags to Riches en trois générations – fait valoir que si une personne a atteint le sommet elle doit continuer de travailler dur pour y rester sinon ses descendants chuteront au bas de l’échelle. La réalité est que les enfants des riches restent généralement en haut de l’échelle.
   Il existe un lien évident entre l'augmentation alarmante des inégalités de revenus et le paradigme dominant du capitalisme de libre-échange. [...]
   Certains affirment que les organisations d'aujourd'hui sont des oligarchies, créées et renforcées par le système de libre-échange. Le monde occidental a adopté le concept et l'ensemble des principes qui définissent la démocratie qui comprend le consentement des gouvernés. Mais depuis la montée du capitalisme occidental, les entreprises fonctionnent principalement de manière non-démocratique. Les entreprises gérées par des actionnaires ou des propriétaires sont soumises aux lois de la juridiction dans laquelle elles exercent leurs activités, mais elles ne sont pas soumises à la volonté de leurs employés ou de leurs clients. De sorte qu’on peut affirmer que la plupart des corporations fonctionnent comme des oligarchies.

L'avenir du capitalisme

[...] Depuis un certain temps, le capitalisme s’est métamorphosé dans les pays européens, en particulier dans les pays scandinaves. Leur forme de capitalisme inclut en fait certains éléments du socialisme, avec un accent mis sur le bien-être général de la population, plutôt que sur l'accumulation du capital et le pouvoir laissé entre les mains de quelques-uns, comme aux États-Unis. Et quand il s'agit de socialisme, de nombreux Américains ont une vision limitée ou déformée de ce qu'elle est, en l'assimilant à tort au communisme. Par contre, quand on leur demande leur avis sur les avantages sociaux et les politiques des pays mi-socialistes comme la Norvège ou le Danemark, notamment sur des questions comme l'universalité des soins de santé, les congés parentaux ou l'éducation, alors là, ils approuvent.
   Une chose est certaine pour de nombreux experts économiques et pour la population en général : le capitalisme de libre-échange occidental qui continue à concentrer la richesse entre les mains de quelques-uns et à augmenter l'inégalité économique au détriment de la majorité de la population est une source de grave préoccupation et de contestation.

Complément 

Les passagers clandestins, Ianik Marcil; Somme toute (2016)   

...ce déploiement de la pensée néolibérale survient à la fin des régimes de Thatcher et de Reagan, en 1989. Il s’agissait de la mise en place d’un ensemble de mesures instaurées par la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international, en accord avec le département du Trésor des États-Unis, pour soutenir les économies ayant des difficultés à rembourser leurs dettes suite, notamment en Amérique latine. ...ces mesures visaient à privatiser les services publics, é déréguler les marchés, à éliminer les subventions et à ouvrir les frontières de ces pays au commerce international. [...] ...Jusqu’à la crise de 2008, il y a eu à peu près aucune place pour un discours critique du tout-marché, du libre-échange, du laissez-faire et de la privatisation des services publics. Tout l’espace public est occupé par ce discours hégémonique, présenté dans les médias par la classe politique et par les dirigeants économiques comme étant le seul valide, souhaitable et vrai.
   Si la brèche de 2008 permet maintenant cette remise en cause du discours hégémonique néolibéral, le dogme du tout-marché n’a toutefois pas dit son dernier mot. L’ère néolibérale s’est terminée avec la chute du Mur de Berlin; nous sommes alors entrés dans l’ère postlibérale, beaucoup plus sournoise.
 ...Le discours de vérité de l’idéologie postlibérale est encore plus hégémonique que celui du néolibéralisme. Il est le véritable passager clandestin de la pensée politique contemporaine et il y a urgence à lui faire payer son ticket. (p. 24/28)

Même le Fonds monétaire international (FMI) qu’on peut difficilement confondre avec un groupuscule militant de gauche, démontrait dans une étude publiées en 2015 que la montée des inégalités de revenus nuisait à la croissance économique et qu’il fallait les combattre. La mondialisation, les innovations technologiques, la financiarisation de l’économie et le retrait graduel du rôle redistributif de l’État sont les principaux facteurs expliquant la montée de ces écarts de richesse. Non seulement la richesse des 1 % ne ruisselle pas dans l’économie et de crée pas de croissance, mais les inégalités économiques menacent la stabilité du capitalisme mondial, comme l’a démontré James K. Galbraith, analysant l’évolution des grandes économies mondiales sur une cinquantaine d’années. Plus un pays a connu des inégalités et moins il a joui d’un État redistribuant les richesses, plus son économie connaîtra des soubresauts nuisibles, particulièrement pour les moins riches.
   ...les payeurs de taxes fortunés – qui vivent de l’angoisse fiscale, selon les mots du chef de l’opposition officielle au Québec en 2012, Jean-Marc Fournier – feront preuve d’imagination, ou plus précisément de fiscalité créative, figure de style alambiquée qui désigne les manœuvres comptables visant à tirer le plus d’avantages des lois sur l’impôt. Pas pour rien qu’on parlera alternativement d’optimisation fiscale, car il s’agit effectivement de calculs coûts-bénéfices, souvent complexes. À cette fin, on recourra, pour les plus riches, aux paradis fiscaux, ces «juridictions de complaisance», ainsi que les appelle Alain Deneault, leur offrant de transférer une partie de leur fortune qui sera, par la suite, largement exemptée d’impôts sur les revenus qu’elle générera. ... Dans ce contexte, tout nous incite à l’évitement fiscal, ce qui peut conduire à diminuer l’assiette fiscale sur laquelle comptent les gouvernements pour financer les services publics et redistribuer la richesse collective. Comment pourra-t-on redistribuer la richesse si l’on tarit la source de revenus de l’État? (p. 104-106)

Parenthèse
Le fantôme de l’ex premier-ministre canadien Brian Mulroney plane au-dessus de l’ALÉNA et du PTP. Il avait poussé très fort sur le libre-échange à l’époque. Sans surprise, son nom est apparu dans les dossiers Paradise Papers, pour avoir siégé au conseil d’administration de Said Holdings, une société incorporée aux Bermudes; il aurait servi d’intermédiaire dans un contrat militaire controversé entre la Grande-Bretagne et l’Arabie saoudite. Il s'en dit fier. 
   L’ex premier-ministre Paul Martin figure aussi au palmarès. L’entreprise navale Canada Steamship Lines (CSL) dirigée pendant de nombreuses années par l’homme d’affaires et ex-politicien libéral, est un important client d’Appleby. La fuite révèle l’existence d’une quinzaine de sociétés liées à CSL dont la plupart sont enregistrées aux Bermudes, où le taux d’imposition est nul. Appleby compte comme clients non seulement des multimillionnaires qui souhaitent faire fructifier leurs fortunes en réduisant leur fardeau fiscal, mais aussi un nombre important de multinationales.
   Enfin, l’ex-premier ministre Jean Chrétien est listé dans un registre interne détaillant les options d’achat de Madagascar Oil Limited, une société incorporée aux Bermudes. Son nom complet – Joseph Jacques Jean Chrétien – apparaît comme titulaire de 100 000 options d’achat. L’ex-politicien confirme avoir été embauché comme consultant par cette compagnie après avoir quitté la politique, mais assure n’avoir jamais reçu, ni même été informé, des options à son nom. [!!] 

En tout cas, on peut dire que nos ministres ont de la classe... 

---
(1) Si les riches ont du mérite, c’est celui de savoir exploiter et profiter des classes dites inférieures. Diverses études scientifiques ont été menées sur les gens riches. On voulait savoir s’ils étaient plus heureux, vivaient en meilleure santé et plus longtemps, s’ils étaient plus intelligents, moins gentils, plus égoïstes, etc. Deux chercheurs américains, Michael Kraus et Dacher Keltner *, se sont demandé si les personnes riches se sentaient supérieures aux autres et attribuaient leur succès uniquement à leurs qualités personnelles. On s’en doute, il est bien tentant de croire que la richesse vient du talent et/ou du travail acharné et que si les autres ne sont pas aussi riches, c’est parce qu’ils travaillent moins fort. Après avoir demandé à un groupe de participants de répondre à toutes sortes de questions concernant le rang social et la profession, Kraus et Keltner sont arrivés à la conclusion que les gens faisant partie des classes sociales les plus élevées ont réellement tendance à croire qu’ils méritent leur succès, et que ceux qui ont moins de succès le méritent aussi, tout simplement.

* How the rich are different from the poor – the research by Paul Piff, Michael Kraus, Jennifer Stellar, Dacher Keltner, and Robert Knight was featured in an article on social class in New York Magazine:
The Money-Empathy Gap
New research suggests that more money makes people act less human. Or at least less humane. (By Lisa Miller)

21 janvier 2018

Encore manifester : c’est pas la vie en rose!

Bien que cette deuxième édition de la Marche des femmes soit portée par le mouvement #MeToo / #MoiAussi et se concentre sur le respect des droits des femmes, la question du gouvernement américain n’a pas été écartée. L’organisation souhaite mobiliser un million de nouveaux électeurs en prévision des élections de mi-mandat.

Photographe : Kristina Makeeva, originaire de Moscou.  

Samedi, à New York, à Los Angeles ou à Chicago, les participants ont clamé le slogan «le pouvoir est dans les urnes» Des manifestations ont eu lieu, samedi, à la grandeur des États-Unis, ainsi qu'un plus gros rassemblement à Las Vegas dimanche soir.
   «Je ne pensais pas que Trump allait gagner. Je ne voyais en lui aucune qualité pour gouverner ou rassembler le pays. Les Américains ont sous-estimé sa vulgarité, certaines de ses politiques et les accusations d’agressions sexuelles qui pèsent encore contre lui.» ~ Joana Smith, Utah
(ICI Radio-Canada info)

Pour faire élire un homme comme Donald Trump à la présidence, il faut ne pas avoir entendu ou lu ses déclarations, autrement, il faut être totalement dépourvu(e) d’estime de soi.

«Le ridicule ne tue pas, ou la réincarnation existe.» ~ Pascal Dubesset

Citations misogynes de D.T. (aussi toxiques que le DDT!) :

«Vous savez, je suis irrésistiblement attiré par les belles femmes. Je commence par les embrasser tout de suite, comme un aimant. Je les embrasse, je n'attends même pas. Quand t'es une star, elles te laissent faire. Tu peux tout faire. Les attraper par la chatte, tout faire...»

«Les femmes qui avortent doivent être punies. Une sorte de punition. (...) L'avortement doit être interdit.»

Surnoms qu'il a donnés à certaines femmes :
«grosses truies, chiennes, bonnes à rien et animaux dégoûtants».  

«Si Ivanka n'était pas ma fille, je sortirais probablement avec elle.»

«Toutes les femmes dans "The Apprentice" ont flirté avec moi, consciemment ou inconsciemment. Il fallait s’y attendre.»

«Vous devez traiter les femmes comme de la merde.»

Trump et ses partisans ne devraient pas se soucier d’ériger des murs ou de bannir l’immigration – plus personne ne voudra vivre aux États-Unis (The Atomic States of America). Qui veut voyager dans l’Amérique NRA? Qui veut se faire assassiner au coin d’une rue, au cinéma ou à l’église? Si les Américains voulaient éradiquer le tourisme, ils ne feraient pas mieux.

Oui, les armes à feu peuvent servir à tirer sur des boîtes de conserves et des ballons, mais leur principale fonction est de tuer – des animaux et des humains. Aux États-Unis, dans les foires, il est possible d’acheter des armes à feu sans les enregistrer; les acheteurs ne sont même pas tenus de prouver qu’ils sont sains d’esprit et sans antécédents criminels. Ce qui signifie que n’importe quel déséquilibré peut avoir un revolver dans sa poche ou son sac, et tirer sur un voisin ou des inconnus s’il a l’impression que sa vie est menacée ou s’il n’aime pas leur tête; il s’agit d’un droit considéré constitutionnel.
   «Les gens devront s'y faire, disait Rick Becker, un républicain élu à la Chambre des représentants. «Le Dakota du Nord compte quelque 50 000 titulaires de permis d'arme cachée, dont moi. Un résident sur quinze possède ce permis. Quand les gens passent par ici, ils sont automatiquement en présence de porteurs d'armes cachées.»
   Les armes à feu sont un gage de sécurité, un antidote à la violence, dit la propagande. Bien sûr, bien sûr...

Alors que l’acquisition d’armes à feu – pour se protéger – croissait en masse en 2015, je me disais que les Américains devraient plutôt miser sur des vêtements pare-balles... Eh bien, ça existe!

Les vêtements pare-balles de plus en plus populaires aux États-Unis
Publié le lundi 15 janvier 2018

Le chic à l'épreuve des armes à feu, selon le concepteur de mode Miguel Caballero  
Photo : https://en.miguelcaballero.com/

Le fait qu'environ 310 millions d'armes à feu soient en circulation aux États-Unis a des répercussions sur la mode dans ce pays, explique Madeleine Goubau, journaliste spécialisée en la matière. De plus en plus, des designers conçoivent des vêtements pare-balles comme des t-shirts, camisoles, vestes et manteaux pour les Américains qui craignent pour leur sécurité.
   Ce ne sont plus seulement les policiers ou les forces de l’ordre qui se dotent de gilets pare-balles, fait remarquer Madeleine Goubau. Des vêtements tout à fait normaux, au goût du jour pour M. et Mme tout-le-monde, sont maintenant conçus pour résister à différents types de projectiles.
   Parmi les designers qui ont exploité ce créneau figure le Colombien Miguel Caballero. Au plus fort de la guerre contre les narcotrafiquants en Colombie dans les années 1990, il a fait de bonnes affaires dans la vente de vêtements pare-balles.
   Maintenant que la Colombie est un pays moins violent, l’homme d’affaires s’est notamment tourné vers le Mexique, certains pays d’Amérique centrale et bien entendu les États-Unis, où, flairant le marché potentiel, il a ouvert il y a quelques mois un centre de distribution à Miami, en Floride.
   Le prix des vêtements pare-balles est cependant loin d’être donné. Un chandail peut se détailler 3000 $ alors qu’il peut en coûter plus du double pour des vestons dont le prix de base est 6500 $. Un habit sur mesure peut coûter autour de 20 000 $.
   Il existe néanmoins des gens assez fortunés pour se procurer de tels vêtements, comme les hommes d’affaires ou les diplomates qui voyagent dans des zones à risque.
   Certains citoyens qui craignent les attentats et les fusillades sont également susceptibles de se procurer des vêtements pare-balles. Ils ne les portent pas au quotidien, mais lorsqu’ils se retrouvent dans une foule, explique Madeleine Goubau.

http://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/les-eclaireurs/episodes/398464/audio-fil-du-lundi-15-janvier-2018

19 janvier 2018

Disparition de la drague et de la séduction?

Voyons donc! L’instinct tribal n’est pas menacé d’extinction. Les transitions ne sont jamais choses faciles. On le voit avec le désinvestissement dans les énergies fossiles.

L’énergie fossile de copulation néanderthalienne est aussi appelée à disparaître. Il est normal que ceux qui veulent poursuivre dans la même voie se rebiffent. L’homo sapiens  étant psychologiquement dysfonctionnel, n’importe quelle transition peut mener à des excès bizarres.

Certains hommes sont toutefois capables de se remettre en question, d’où la gêne et le malaise éprouvés. La transition vers plus de respect envers les «objets» de leur convoitise peut en effet déstabiliser temporairement.

Alors, faisons de notre mieux pour ne pas nous entredévorer dans les arènes des forums...

En attendant un changement tangible chez les récalcitrants, voici une astuce :
Les hommes ressentent deux choses : la faim et l’excitation. Et ils sont incapables de les différencier. Si tu voies une lueur de convoitise dans ses yeux, faits-lui un sandwich.


Photo : Weinstein; Reuter / Steve Crisp

14 janvier 2018

Indice Dow Jones de l’érosion

Le promoteur
Jean-Louis Fournier

   Un jour sans vent, le promoteur a regardé la mer.
   Elle était basse, elle découvrait des kilomètres carrés de sable. C’était la grande marée.
   Il a pensé à toute cette surface inutilisée. Cette place perdue.
   Il a pensé à tout ce qu’il pourrait gagner sur la mer.
   Il a imaginé des rocades, des tours, des résidences pieds dans l’eau, des avenues à perte de vue, des marinas.
   On a perdu la vue sur mer. Les crevettes se sont tirées et les coquillages ont été murés vivants dans le béton.
   Quand je suis sur le petit morceau de plage qui reste, je vois encore, entre les voitures, un peu de mer. Je ne l’entends plus, j’entends les scooters de mers. Dans le mot «promoteur», il y a «moteur».
   Le promoteur à explosion, il n’est plus là. Il est parti très loin, rechercher la solitude et le silence dans des pays magiques où la mer s’étale sur des plages infinies.
   Il regarde la mer, il pense à toute cette surface inutilisée, cette place perdue, à tout ce qu’il pourrait gagner sur la mer...
   À force de vouloir gagner sur la mer, on perd la mer.

Source : Ça m’agace! Éditions Anne Carrière; 2012

Les plages dévorées par les promoteurs


Les ports de plaisance, les condo resorts, les cruisers géants et les activités nautiques contribuent à la perte de biodiversité marine, à l’érosion côtière ainsi qu'au réchauffement climatique. Le développement urbain le long des grands cours d’eau et de la mer se retourne contre nous.

Pourquoi la Maison-Blanche veut-elle lancer un débat sur les changements climatiques?
Un texte de Valérie Boisclair | Publié le vendredi 12 janvier 2018

Après une année record en coûts liés aux catastrophes naturelles aux États-Unis, la Maison-Blanche en a surpris plus d'un en proposant un débat public sur les changements climatiques. Tour d'horizon d'une administration qui persiste à se positionner à contre-courant du consensus scientifique sur le climat.
   Des feux de forêt en Californie au passage ravageur des ouragans Harvey et Irma au Texas et en Floride, les aléas de la nature ont laissé une facture de 306,2 milliards de dollars aux États-Unis l'an dernier, indique l'agence américaine National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) dans son plus récent rapport.
   «La luxueuse résidence [de Trump] à Mar-A-Lago en Floride a peut-être échappé à la colère d’Irma, mais [avec] les milliards de dollars de dégâts, les coûts du climatoscepticisme commencent à s’empiler aux portes de la Maison-Blanche», prévenait Bob Ward, directeur des communications au Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment, dans le journal britannique The Guardian.
   S’il est difficile d’associer directement un seul événement aux changements climatiques, des groupes de recherche arrivent à déterminer si une catastrophe leur est significativement liée, explique le climatologue et directeur général d’Ouranos, Alain Bourque. «Et c’est souvent le cas avec les inondations, les canicules et les tempêtes côtières», précise-t-il.
   L’année 2017, quoique mouvementée, risque toutefois d’avoir peu d’effet sur l’administration Trump, estime M. Bourque. «Les gens qui sont à la Maison-Blanche n’utilisent pas la science pour informer ni décider.»  
   [...]
   «L’APE souhaite instiller le doute et essayer de faire passer l’idée qu’il y a une controverse scientifique. Pourtant, il n’y a plus de débat à savoir si le réchauffement climatique est [causé par l'homme]. Cette distraction permet de repousser aux calendes grecques la mise en place d’une politique sur les changements climatiques.» ~ Jean-Daniel Collomb, maître de conférences à l’Université Jean Moulin Lyon III et auteur de The Ideology of Climate Change Deniers in the United States.
   Selon le climatologue Alain Bourque, un tel débat n'en est pas un de science, mais plutôt d'opinions politiques.
   [...]
   En octobre dernier, Scott Pruitt réalisait l'une des promesses martelées par Donald Trump lors de la campagne présidentielle en signant un projet de loi visant à abroger le Clean Power Plan (CPP), jugé «nuisible au développement économique du pays» par le président.
   [...]
   À la relance de l’industrie du charbon souhaitée par Washington s’ajoutent d’autres dossiers controversés, comme celui de l’exploitation pétrolière et gazière au large des côtes américaines, à laquelle Washington a donné son feu vert pour 2019.
   Forts du soutien apporté par les grands lobbys de l’industrie des énergies fossiles et d’importants groupes de réflexion libertariens (think tanks), qui fournissent expertise, argent et contre-arguments, les républicains sont reconnus comme «plus hostiles aux questions environnementales» que les démocrates, analyse M. Collomb.

[Ndlr : Le triumvirat composé de Scott Pruitt, Rick Perry et Mike Pence, auquel s’ajoute le trio James Inhofe, Myron Ebell et Rick Scott mettent la survie de la population américaine en péril (et la nôtre de par la proximité). Ils s’accrochent aux énergies fossiles comme un naufragé s’accrocherait à son iPad en pleine tempête océanique, convaincu que sa tablette lui évitera la noyade. On pourrait croire que ces hommes politiques sont ignorants et stupides; en vérité ce sont de rusés manipulateurs, à genoux devant le dieu "or noir".] 

De gauche à droite: Rick Perry, secrétaire à l'Énergie; Scott Pruitt, secrétaire de l'Agence de protection de l'Environnement; Mike Pence, vice-président des États-Unis. Photo : Reuters/Associated Press/PC

De gauche à droite: Rick Scott, gouverneur de la Floride; Myron Ebell, conseiller; James Inhofe, sénateur de l'Oklahoma. Photo : Reuters/Associated Press/PC

Article intégral :

ClimateFacts: California Mudslides




Mais le vent pourrait tourner :
ICYMI - New York just became the largest US city to sue Big Oil and divest from fossil fuels. This is just the beginning. If the climate movement can make it here, it can make it anywhere. (350 dot org)  
   The New York City government is suing the world’s five largest publicly traded oil companies, seeking to hold them responsible for present and future damage to the city from climate change. The legal strategy has already been embraced by several California cities and counties, but prior lawsuits seeking to blame companies for their role in causing climate change have foundered. https://www.washingtonpost.com


«Plusieurs personnes s’imaginent que ce n’est pas un problème si nos hivers deviennent plus chauds. En fait, ils ne deviennent pas plus chauds, ils deviennent beaucoup plus variables. On devrait avoir plus de redoux qui vont durer plus longtemps et, surtout, on revient rapidement aux conditions thermiques normales. La température passe, par exemple, de 5 à 10 degrés au-dessus de zéro, puis revient à -15 ou -20 degrés Celsius. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur les impacts des changements climatiques sur les oiseaux~ François Vézina, chercheur en écophysiologie à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR)

«Ironiquement, le réchauffement de la planète risque de provoquer de plus en plus de chutes de neige [entre autres] dans la région des Grands Lacs, en exacerbant un phénomène que les météorologues appellent l'effet de lac. La planète se réchauffe et rend la formation de glace plus difficile. Elle dure aussi moins longtemps. La friction avec l’eau chaude réchauffe l'air froid et le rend plus humide. La vapeur d’eau monte, gèle et se change en neige. Le réchauffement de la planète n'est qu'un symptôme des changements climatiques. La hausse du niveau des océans, les pluies abondantes et l’effet de lac sont aussi des symptômes. Au cours des prochaines décennies, on va voir cette neige se changer en pluie. C’est pourquoi il faut agir maintenant pour contrer les changements climatiques.» ~ Katherine Hayhoe, directrice du Centre des sciences du climat à la Texas Tech University et climatologue très connue aux États-Unis

Pour ceux qui croient toujours que les activités de l’homme n’ont aucune influence sur la nature, le climat (par conséquent sur la météo) et les désastres :
Inondations : une menace planétaire
Documentaire complet, 2:34

En résumé

Plus de 136 métropoles côtières sont menacées d’affaissement
Montréal est sur la liste; néanmoins on continue à bétoniser...  


Principales causes? 
Urbanisation frénétique et continuelle malgré les menaces
Multiplication des gratte-ciels (toujours plus nombreux et plus hauts)
Bétonisation des métropoles
Constructions sur des zones artificielles (fonds sablonneux)
Liquéfaction des sols
Barrages, détournements de cours d’eau
Pompage dans la nappe phréatique
Disparition des mangroves
Piscicultures
Surpopulation urbaine
Changements climatiques

«Le Canada, tout comme le reste du monde, est à la croisée des chemins. Selon l’équipe de chercheurs de Climate Central, une hausse de 4 degrés veut dire que la montée des eaux submergerait, à long terme, les territoires où vivent actuellement près de 627 millions de personnes dans le monde. Si la communauté internationale stoppe la hausse des températures à 2 degrés, ce nombre baissera à 280 millions de personnes.»
Article intégral :

~~~
Le Sable : enquête sur une disparition

Les enjeux de l’exploitation du sable sont méconnus du grand public, mais sa valeur économique est au coeur d’une guerre entre entrepreneurs, contrebandiers, écologistes et populations locales à travers le monde. Volé ou extrait à prix risible des côtes, des rivières et des océans, le sable est la ressource naturelle la plus consommée sur la planète après l’eau. Essentiel à nos économies modernes, il se retrouve au centre de la fabrication du béton, qui est composé aux 2/3 de sable, en plus d’être essentiel à l’alimentation, aux cosmétiques, détergents, ordinateurs, cellulaires et cartes bancaires. Il est au coeur des stratégies d’expansion de plusieurs territoires.


L’extraction illégale du sable par milliards de tonnes à travers le monde mène les scientifiques et les organisations de défense de l’environnement à prédire une réalité alarmante : à la fin du 21e siècle, toutes les plages auront disparu. Alors que la construction connaît une croissance exponentielle sous la pression des économies émergentes et de la migration des populations vers les villes, plus de 75% des plages sont menacées de disparition et les sites d’extraction illégale se multiplient. Des côtes de la Floride jusqu’en Indonésie, en passant par Dubaï et Singapore, le sable est devenu en quelques années la source d’enjeux mondiaux faramineux.
   Le Sable, enquête sur une disparition révèle par une investigation méticuleuse une réalité peu connue du grand public : la véritable bombe écologique et le drame social et humain que représente l’exploitation massive du sable.

Jusqu’au 1er juin 2018 :
Ou :

Quelques statistiques pour mieux comprendre

Après l’air et l’eau, le sable est la ressource la plus consommée au monde : plus de 15 milliards de tonnes sont utilisées dans le monde chaque année.

Tonnes de sable utilisées dans la construction
d’une maison de taille moyenne : 200 tonnes
d’un bâtiment comme un hôpital : environ 3000 tonnes
d’un kilomètre d’autoroute : au moins 30 000 tonnes
d’une centrale nucléaire : environ 12 millions de tonnes

Sur la planète, 2/3 de ce qui est construit est en béton armé. Le béton est constitué de 2/3 de sable.

Chaque drague (bateau)
Peut pomper entre 4 000 et 400 000m3 de sable au fond de la mer par jour.

Les plages
Entre 75 et 90 % des plages de la planète sont aujourd’hui menacées de disparition.
Si on ne fait rien d’ici 2100, les plages du monde seront de l’histoire ancienne.

Îles affectées par le prélèvement excessif de sable à proximité
25 îles indonésiennes disparues
120 îles évacuées aux Maldives

Valeur économique du sable
Le sable représente un volume d’échanges internationaux de
70 milliards de dollars par an.
La presqu’île artificielle qu’est Dubaï a coûté plus de 12 milliards de dollars, et a ingurgité près de 150 millions de tonnes de sable pompé au large des côtes de Dubaï.
Quelque 3500 sociétés australiennes exportent vers la péninsule arabique. Leurs bénéfices ont triplé en 20 ans, et le sable représente aujourd’hui un revenu annuel de 5 milliards de dollars CAD pour l’Australie.

Source :