2 mai 2017

Remèdes contre le traumatisme environnemental

Dans les années 1970, nous commencions à avoir un aperçu du saccage environnemental dont nous voyons aujourd’hui l’aboutissement. Les lanceurs d’alerte étaient considérés comme des rêveurs, des fumistes, des fauteurs de trouble qui menaçaient un style de vie fondé sur l’hyper consommation et le gaspillage, qui, dit-on, assurent la croissance économique.

Méduse, Le Caravage (1592-1600). Dans la mythologie grecque, le regard de Méduse pétrifiait d'effroi quiconque le croisait. Cette métaphore est souvent utilisée par les psychanalystes pour évoquer l'effroi du traumatisme psychique. (Wkipédia)

«Presque partout où les sociétés humaines se sont installées et ont prospéré, les grands animaux ont été massacrés, les écosystèmes durablement pollués et les habitats des autres espèces détruits. Or, plusieurs millions d'années sont nécessaires pour recouvrer une diversité biologique à la suite d’une extinction massive.» (Notre planète, info/environnement)

Il existe diverses catégories de scientifiques, d’écologistes et d’optimistes (certains certifiés, d’autres pas). À l’émission Dessine-moi un dimanche (Radio-Cana Première 30/04/2017), JiCi Lauzon proposait avec grand enthousiasme un ouvrage pouvant aider les écologistes qui souffrent de dépression et de «stress environnemental»; ce livre lui a fait beaucoup de bien, semble-t-il.


Environnement : les années optimistes
David R. Boyd *
Préface de Steven Guilbeault.
Éditions MultiMondes (2016)

Titre original : The Optimistic Environmentalist : Progressing Towards a Greener Future

Le pari de l'optimisme. Bien que le monde soit confronté à d'importants problèmes écologiques, Environnement : les années optimistes rapporte les gains environnementaux les plus significatifs réalisés ces dernières années : des espèces en voie de disparition sauvées de l'extinction; la création de milliers de nouveaux parcs, protégeant ainsi des milliards d'hectares de terre et d'eau ; l'opération de sauvetage de la couche d'ozone, indispensable à la vie sur Terre; la croissance exponentielle d'énergies renouvelables rendues possibles grâce au vent, à l'eau et au soleil; des progrès remarquables quant à l'assainissement de l'eau et de l'air; l'interdiction de douzaines de produits chimiques parmi les plus toxiques au monde; une économie circulaire où le gaspillage est chose du passé. Ces succès ouvrent la voie à d'autres réussites écologiques encore plus grandes et indiquent qu'un futur vert est à portée de main.

* David R. Boyd est un avocat spécialiste de l’environnement, un professeur et un porte-parole pour la reconnaissance du droit de vivre dans un environnement sain. Il est l’auteur primé de sept livres et de plus de cent articles. Il occupe présentement la place de président de Vancouver’s Greenest City aux côtés du maire Gregor Robertson. Il vit aux Îles Pender, en Colombie-Britannique.

http://www.multim.com/titre/?ID=421

Extrait de l’Avant propos / De l’importance d’être optimiste que vous pouvez lire sur le site de l’éditeur.

En matière d’environnement, notre société fait certes face à des défis colossaux : le changement climatique, la pollution ou le déclin de la diversité et de l’abondance des espèces végétales et animales en sont des exemples criants, dont les preuves scientifiques sont irréfutables. Toutefois, compte tenu du chemin parcouru par l’humanité depuis cinquante ans, de la disponibilité immédiate de solutions efficaces et des possibilités d’innovations futures, je considère aussi que ces défis sont surmontables. Depuis la lutte contre la pollution de l’air jusqu’aux énergies renouvelables, en passant par l’eau potable et le verdissement des villes, nous avons fait des progrès considérables, mais largement sous-estimés. Si le déferlement incessant de mauvaises nouvelles de la planète vous accable et vous décourage, si vous cherchez une véritable lueur d’espoir, vous êtes au bon endroit. 
     À l’inverse du statisticien Bjorn Lomborg ou de l’essayiste américain Matt Ridley, je ne suis pas du genre à faire l’autruche en affirmant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Lomborg est ce charlatan du XXIe siècle qui s’est bâti une carrière lucrative en minimisant l’importance des enjeux environnementaux. Dans son ouvrage intitulé L’écologie septique, paru en 2001, il affirmait, en invoquant des données qu’il avait manipulées à sa guise, que les scientifiques et les militants ont systématiquement inventé ou exagéré tous les problèmes environnementaux. Ridley lui emboîta le pas en 2010 avec The Rational Optimist (l’optimiste rationnel), un livre où les dangers des pluies acides, le déclin de la spermatogénèse, le trou dans la couche d’ozone et la désertification sont qualifiés d’«éco-exagération». Mais pourquoi les millions de scientifiques que compte la planète auraient-ils presque tous pris part à une conspiration à ce point complexe et tordue ? Une telle hypothèse dépasse l’entendement. Malgré l’absurdité de leurs argumentaires, les livres de Lomborg et de Ridley ont été des best-sellers. Il semble exister un grand appétit pour les bonnes nouvelles, quelle que soit la validité de leurs prémisses. [...] 
     En tant qu’avocat spécialisé en droit de l’environnement depuis plus de 20 ans, j’étais pleinement conscient des multiples crises écologiques qui pèsent sur le monde; conscient des bouleversements du climat (hausse du niveau de la mer, tempêtes dévastatrices, sécheresses, acidification des océans, etc.) causés par le recours incontrôlé aux combustibles fossiles, la coupe à blanc des forêts tropicales et l’agriculture industrielle; conscient de la sixième extinction de masse, la plus dévastatrice jamais survenue depuis la fin de Tyrannosaurus rex et des autres dinosaures voilà 65 millions d’années; conscient du cocktail de plastiques, de pesticides et de produits chimiques qui circule dans le corps de chaque être vivant du monde industrialisé. ... Le flot des mauvaises nouvelles relatives à l’environnement est parfois étouffant. [...] 
     Il est vrai que les humains nuisent à l’environnement. Mais ils sont aussi très bons pour régler les problèmes qu’ils causent : partout dans le monde, des millions de personnes font de leur mieux pour empêcher la pollution et les extinctions d’espèces. [...]

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Efforts de préservation à petite échelle

Nous pouvons espérer que les pouvoirs politiques et législatifs changent de cap, mais en attendant, nos moindres gestes individuels pour préserver la nature peuvent avoir un impact énorme une fois additionnés collectivement.

Quelques suggestions proposées par Adam Hunter, agent de communication, Conservation de la nature Canada (CNC).  

Les oiseaux
Malheureusement, beaucoup de nos populations d'oiseaux au pays sont en baisse en raison des menaces rencontrées durant l'été et l'hiver. Vous pouvez aider à réduire leur déclin en installant des aires de repos et un habitat sécuritaire dans votre jardin. Pour ce faire, plantez des arbustes où les oiseaux peuvent se reposer, nicher et se nourrir.

Cardinal mâle  

Les pollinisateurs
Les pollinisateurs comme les abeilles, les papillons et les pyrales sont essentiels à plusieurs espèces de plantes indigènes et de cultures. Ces pollinisateurs visitent les fleurs pour se nourrir de leur nectar, et transfèrent le pollen d'une plante à l'autre dans le processus. Fertilisées, les fleurs produisent des graines. Malheureusement, plusieurs espèces pollinisatrices sont menacées d'extinction. Vous pouvez aider en créant dans votre jardin un habitat favorable aux pollinisateurs. Cultiver une variété de fleurs indigènes dans les jardins attire les pollinisateurs; par exemple, planter de l'asclépiade fournit de la nourriture aux papillons monarques.

Abeille couverte de pollen. Photo : AcommeAbeille

Récupération de l’eau
La pluie et la neige fondue ruissellent vers les réserves d'eau douce comme les lacs, les rivières et les ruisseaux. Si vous réduisez le ruissellement, vous limitez ainsi le déversement des polluants dans les écosystèmes aquatiques. Créez un étang, un jardin pluvial (aire de biorétention) ou un micro milieu humide pour conserver l’eau dans votre jardin. Vous pouvez récupérer l’eau de pluie des gouttières dans des barils ou installer un système de redirection vers une terrasse végétalisée ou la pelouse par exemple.

Jardin pluvial. Graphique : Agir Maskinongé
1. L'eau arrive au jardin pluvial par ruissellement et s'y accumule.
2. L'eau s'infiltre dans le substrat sablonneux.
3. Le substrat retient l'eau et filtre les polluants.
4. Une partie de l'eau est captée par les plantes du jardin pluvial.
5. Les drains situés sous le substrat recueillent l'eau en excédent.
6. L'eau en excédent, filtrée, rejoint l'égout pluvial de la ville.

Réduction de la pollution lumineuse 
Non seulement l’éclairage artificiel nous empêche de voir des étoiles la nuit, mais il dérègle aussi les rythmes naturels de la nature, en particulier ceux des chauves-souris, des oiseaux migrateurs et des insectes. Pour réduire la pollution lumineuse, évitez d’installer de puissants projecteurs sur votre terrain, éteignez les lumières extérieures quand vous êtes à l'intérieur et fermez les rideaux et/ou les stores le soir. La pollution lumineuse a de graves impacts sur la biodiversité animale. (Et sur nous!)

Parmi les grandes sources de pollution lumineuse urbaine : les éclairages intérieurs des bureaux et locaux professionnels; les éclairages des vitrines des magasins de commerce ou d'exposition; les illuminations des façades des bâtiments. (Sciences et Avenir.fr)

Hong Kong, la ville la plus lumineuse du monde. Photo : Base 64 / Carol Spears. Licence CC BY.

Les plantes indigènes
Croyez-le ou non, dans nos parterres, plusieurs espèces de plantes ne sont pas réellement indigènes. Les plantes non indigènes peuvent parfois être envahissantes, empiéter sur les zones naturelles et avoir un impact négatif sur les plantes indigènes. Non seulement les plantes indigènes sont belles et variées, mais elles fournissent un meilleur habitat pour les oiseaux et les pollinisateurs. Ce printemps, identifiez les plantes envahissantes non indigènes, retirez-les et remplacez-les par des espèces indigènes. Pour en savoir plus sur le jardinage indigène : www.conservationdelanature.ca

Fleurs indigènes. Photo : Fédération canadienne de la faune www.cwf.fcf.org 

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Un tiers des espèces en déclin  
Le rôle vital de la conservation des habitats pour la protection des oiseaux d’Amérique du Nord

Mai 2016, Toronto, ON

Andrew Holland, Directeur des relations medias
Bureau : 1 877 231-4400 | Cell. : 506-260-0469
andrew.holland@natureconservancy.ca

Conservation de la nature Canada (CNC) partage les préoccupations des scientifiques, des ONG et des gouvernements d’un continent entier concernant le déclin grave et généralisé des populations d’oiseaux en Amérique du Nord, incluant plusieurs espèces bien connues des Canadiens. 
     Le rapport le plus complet à ce jour sur le sujet, L’état des populations d’oiseaux du Canada 2016, a été officiellement publié aujourd’hui à Ottawa et Washington. Cette étude sonne l’alarme en démontrant que 1/3 des espèces aviaires du Canada, des États-Unis et du Mexique sont désormais une préoccupation majeure pour la conservation. Ces résultats sont basés sur la toute première évaluation de leur vulnérabilité pour les 1 154 espèces d’oiseaux indigènes présentes en Amérique du Nord. 
     Dan Kraus, directeur principal du développement des programmes en conservation à CNC, souligne que ces données prouvent la nécessité de conserver les milieux naturels. 
     «Ce rapport devrait nous donner espoir et être un appel à l’action», affirme monsieur Kraus. «Beaucoup de sites protégés par CNC sont essentiels au maintient de populations saines pour certains oiseaux. Malheureusement, la liste des espèces canadiennes dont le déclin persiste s’allonge. Il est clair que nous devons faire davantage pour protéger leur habitat. Le Canada se doit d’être proactif pour la protection des oiseaux, puisqu’un grand nombre d’espèces y migrent en saison de reproduction. La conservation des habitats ici, au Canada, pourrait donc avoir des répercussions sur les cycles biologiques et la santé des écosystèmes à travers toute l’Amérique du Nord.»

Ce rapport démontre plusieurs tendances :
• Plus de la moitié des oiseaux de mer de l’Amérique du Nord sont sur la liste des espèces à surveiller (Watch List), étant donné qu’ils sont plus à risque de disparition si aucune action significative n’est prise.
• Les populations d’oiseaux de rivage migrateurs ont décliné de près de 70 % depuis 1973.
• Un tiers des oiseaux des prairies d’Amérique du Nord figurent sur la liste de surveillance (Watch List) en raison du déclin rapide de leur population et des menaces auxquelles fait face leur habitat naturel.
• Les efforts de conservation portant sur les milieux humides aident les populations d’oiseaux aquatiques et de rivage. Des investissements continus dans la conservation de ces habitats fragiles sont nécessaires pour assurer leur survie.
• La conservation est vitale : lorsque leurs habitats sont protégés, les populations d’oiseaux se portent mieux. [...]

«Les oiseaux n’ont pas de frontières; nous devons donc assurer la conservation de leurs habitats partout sur le continent, si nous voulons aider les populations migratrices», affirme monsieur Kraus. «CNC est fier de travailler de concert avec Environnement et Changement climatique Canada, ainsi que d’autres partenaires, pour la protection des espaces naturels partout en territoire canadien.» 
     Le rapport lancé aujourd’hui a été mis en place par l’Initiative de Conservation des oiseaux de l'Amérique du Nord. Il est le résultat d’une collaboration unique entre scientifiques, gouvernements, organismes non gouvernementaux comme CNC et de citoyens canadiens, américains et mexicains. Le rapport réfère également au Plan nord-américain de gestion de la sauvagine (PNAGS), projet et partenaire clé de CNC comme «modèle pour une conservation à l’échelle continentale». 
     Le State of North America’s Birds Report est lancé aujourd’hui lors du 100e anniversaire du Migratory Bird Treaty, une convention signée entre les États-Unis et le Canada assurant une conservation collaborative pour les oiseaux migrateurs d’Amérique du Nord. En 1936, 20 ans après la signature de cette entente, les États-Unis et le Mexique ont convenu d’une entente similaire, faisant ainsi dans toute l’Amérique du Nord un seul et même effort pour la protection de nos espèces «partagées».

Bénéfices liés à la conservation des oiseaux :
• La conservation des oiseaux nécessite la conservation des habitats, et la présence d’habitats naturels sains est aussi bénéfique pour l’être humain.
• Les oiseaux migrateurs contribuent à des services environnementaux essentiels, comme la pollinisation, la dispersion des graines et le contrôle des populations d’insectes et de rongeurs.
• Il est estimé que les oiseaux consomment jusqu’à 98 % de certaines espèces d’insectes nuisibles, réduisant dès lors les besoins en pesticides pour l’agriculture.

Rapport complet www.stateofthebirds.org (en anglais seulement).
Centenaire du Migratory Bird Treaty http://ec.gc.ca/Conservation-des-oiseaux
D’autres façons de contribuer à la conservation des oiseaux : www.stateofthebirds.org/change

Conservation de la nature Canada est le chef de file en matière de conservation des terres privées au pays. L’organisme oeuvre à la protection de nos plus importants milieux naturels et des espèces qu’ils abritent. Depuis1962, CNC et ses partenaires ont permis la conservation de 2,8 millions d’acres (plus de 1,1 million d’hectares) de terres, d’un océan à l’autre...

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Malheureusement, avec un président climatosceptique comme Trump, le Migratory Bird Treaty risque de tomber à l’eau.

Visitez le magnifique site de l’ornithologue Laura Erickson. Des photos d’une grande beauté et une mine d’or d’informations.  http://blog.lauraerickson.com/isitez

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