13 décembre 2016

À bas les calèches

Tradition n’est pas synonyme de bon sens... Beaucoup de grandes villes dans le monde ont banni la stupide tradition des tours de calèches au milieu des automobiles. Montréal peut se permettre d'évoluer ... au-delà des compétitions de sapins.

En mai 2016, le maire Coderre avait tenté en vain de bannir les calèches (1). Les cochers ont eu gain de cause... L’avocat Audi Gozlan a invoqué la défense des droits de la personne et le droit au libre commerce. Dommage que la Loi pour le bien-être et la protection des animaux, adoptée en décembre 2015, n’ait pas été invoquée par l'avocat de la Ville. Celle-ci condamne les mauvais traitements et les menaces à la santé et à la sécurité des animaux, et leurs propriétaires doivent s'assurer qu'ils reçoivent des soins correspondant à leurs besoins biologiques.

Plus stupide encore : en juillet 2016 un cocher a commencé à utiliser une calèche électrique (sans cheval s’entend). Une idée brillante que l’administration de la ville, qui par ailleurs se prétend innovatrice, a désapprouvée.


Calèche électrique
Jacques Prud'homme, un cocher de Montréal, a voulu mettre en circulation dans les rues du Vieux-Montréal une calèche électrique sans chevaux, mais il s'est vu refuser son projet en raison de la non-conformité de son véhicule. 
   «Ce n’est pas une calèche», déclara la Ville. Après avoir été averti verbalement par des inspecteurs de l'arrondissement de Ville-Marie, le cocher Jacques Prud'homme a dû retirer sa calèche des postes d’attente pour les véhicules hippomobiles.
   Il ne peut pas non plus «circuler sur la voie publique étant donné qu’il n’a pas fait la démonstration qu’il détenait les autorisations et certificats d'homologation requis à cet effet», a expliqué Anik de Repentigny, porte-parole de l'arrondissement de Ville-Marie.
(ICI Radio-Canada Première, TVA nouvelles, 21 juillet 2016)

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Ça fait pas pitié à voir! Vraiment sans cœur ni tête ces cochers! Dans les bancs de neige, les bouchons de circulation, le smog et le vacarme des menaçantes déneigeuses. La calèche n'est même pas gréée de roues adéquates. On se penserait au moyen-âge. Ah mais, ça fait partie des traditions de Nowel, voyons.

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Denis Coderre veut investir 500 000 $ dans les calèches
Daphné Cameron
La Presse, 13 décembre 2016

Après avoir tenté sans succès de les bannir des rues du Vieux-Montréal l'été dernier, voilà que le maire Denis Coderre veut investir 500 000 $ pour remettre l'industrie des calèches en selle. L'opposition officielle éprouve cependant «un grand malaise» à subventionner des balades de touristes qui coûtent 85 $ de l'heure.

Les élus de l'arrondissement de Ville-Marie (dont M. Coderre est aussi le maire) devront approuver, ce soir, le financement de différentes mesures visant à améliorer l'industrie l'an prochain, comme l'aménagement de postes d'attente, le micropuçage des bêtes, la formation et le port de l'uniforme chez les cochers. 
   «Considérant qu'il y a 24 permis de calèche à Montréal, ça fait 20 000 $ par calèche!», s'insurge la nouvelle chef de Projet Montréal, Valérie Plante, qui siège également au conseil d'arrondissement de Ville-Marie. 
   «Le maire dit que les Montréalais sont attachés aux chevaux, mais je crois qu'il est déconnecté de la réalité. Il y a des besoins beaucoup plus criants à Montréal, comme les transports en commun», ajoute-t-elle. 
   «Je comprends mal le plan du maire, qui avait décidé de tirer la plogue sur l'industrie de la calèche en effectuant un moratoire, et six mois plus tard, il décide d'y investir massivement.» 
   Selon des documents destinés aux élus de l'arrondissement de Ville-Marie, 96 900 $ seront utilisés pour aménager des postes d'attente qui permettront d'augmenter le bien-être des chevaux, la propreté des lieux et la qualité du service. Les documents, rendus publics hier, mentionnent aussi que «de nouvelles infrastructures temporaires» pour soutenir le fonctionnement dans un nouveau cadre «garantissant le bien-être des chevaux» sont prévues dès 2017. 
   Selon Valérie Plante, le maire Coderre agit une fois de plus en totale improvisation. «Pour l'instant, il y a deux joueurs dans cette industrie-là. Avant d'investir autant de fonds publics, il faut faire des vérifications», ajoute-t-elle.

«Repartir à zéro»
En mai dernier, le maire Coderre a annoncé qu'il imposait un moratoire d'un an sur la présence des calèches à Montréal, le temps de revoir les règles en vigueur. Il n'avait pas officiellement annoncé la disparition permanente des calèches, mais plutôt son intention de «repartir à zéro», choqué par un accident entre une calèche sans cocher et une voiture. Le maire Coderre avait cependant longuement insisté sur l'idée de construire un centre d'interprétation du cheval ou une écurie dans le Vieux-Montréal en 2017 plutôt que sur le retour en force de la calèche. 
   Les propriétaires ont finalement réussi à annuler le moratoire l'été dernier en obtenant une décision favorable devant les tribunaux. 
   «Il n'a jamais été question d'abolir les calèches. Il y avait une intention de prendre une pause d'une année pour nous permettre de réfléchir à une politique du cheval», dit aujourd'hui l'attaché de presse du maire, Marc-André Gosselin. «Ce qui se passe est dans la même veine. Une somme d'argent a été réservée pour mettre en oeuvre ces changements et améliorer la condition des chevaux. Les abris ne sont que la première action en ce sens», a-t-il ajouté. 
   L'arrondissement de Ville-Marie affirme que ses équipes travaillent encore à élaborer cette politique du cheval pour l'été prochain.

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(1) Des faits sur cette tradition barbare qui n’a plus de raison d’être en 2016 dans la circulation et la pollution du Vieux-Montréal.

Ces fameuses calèches «patrimoniales»  
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2016/05/ces-fameuses-caleches-patrimoniales.html

Suite :
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2016/05/ces-fameuses-caleches-suite.html

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