29 janvier 2016

«NOUI» n’est pas une réponse


Tableau : SagittariusGallery 

À propos de Grumpy Cat (le vrai, qui a inspiré dessinateurs et cartoonistes)
http://www.grumpycats.com/about-grumpy-cat/

Lifting de novlangue politique

Non : remplacé par NOUI (Non/Oui) au pipeline par exemple  

Austérité : remplacé par «redressement des comptes publics»

Équilibré : qualificatif trompeur de parité hommes/femmes (les nominations doivent être «équilibrées»)

Confiance (je fais toute confiance à) : expression utilisée quand un ministre ne la mérite plus

Compliqué : synonyme de tabou; une question «compliquée» est une question que l'on ne doit pas trancher et, si possible, ne pas évoquer dans les médias

Fragile, fragilisé : qualificatif pour éviter d’appeler les choses par leur nom, par exemple pour ne pas employer le mot «pauvre» (autre : «personnes fragilisées face à l’écrit» pour analphabète) 

Gestion de crise : remplacé par «remédiation»

Con : remplacé par «personne en cessation d’intelligence»

TransCanada et Énergie Est sont des entreprises philanthropiques qui ne veulent rien d’autre  que créer de l’emploi local, améliorer notre qualité de vie, sauver le pays en vendant les ressources de nos amis albertains à l’étranger en vertu de la croissance économique. Voyons, où est le problème? Il ne faut pas couper le cordon ombilical A MARI USQUE AD MARE où circule le sang brun indispensable à la vie!

Réponse de Jean-René Dufort à Rick Mercer (Terre Neuve)
http://ici.radio-canada.ca/audio-video/media-7417642/oleoduc-energie-est-jean-rene-dufort-repond-a-rick-mercer

PAS DRÔLE : Le pipeline Énergie Est traverserait quelque 830 cours d'eau au Québec
S'il se concrétise, l'oléoduc Énergie Est enjambera 828 cours d'eau sur le territoire québécois, indique un document de TransCanada obtenu par Radio-Canada. Ce document contient aussi la liste des tronçons de l'oléoduc dans chaque municipalité traversée au Québec et leur longueur, pour un total de 688 km. 
   Des chercheurs de l'École Polytechnique évaluaient en décembre que le sol des berges le long de plusieurs rivières est trop instable pour soutenir un pipeline. Ainsi, des glissements de terrain pourraient provoquer des inondations, polluant dans la foulée les cours d'eau avoisinants. Parmi les rivières à risque, on compte notamment la rivière des Outaouais, la rivière des Mille-Îles, la rivière Saint-Maurice, la rivière Sainte-Anne et la rivière Jacques-Cartier. Article intégral :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/environnement/2016/01/28/001-trace-energie-est-rivieres-cours-eau-quebec-municipalite-longueur-troncon-petrole.shtml

Pour les nuls qui ne comprennent pas la légitimité du pipeline
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/National/2014/11/18/001-fuite-strategie-communication-transcanada-pipeline.shtml#!

En guerre contre l’imprévisible

Shiva (le dieu de la destruction) en a plein les bras! 

Ça fait penser à la lutte contre les terroristes. Qui peut prévoir où ils se positionneront?



The God & The Fly

Production : Sergeu Selvvanoy, Alexander Boyarsky, Melnitsa Animatio Studio
Crédits : Konstantin Bronzit, Yury ilin, Valentin Vasenkov, Vladimir Golounin, Olec Belvaey, Alexey Shulga, Vladimiar Chernish.
Produced with the financial support of the Russian Federation's ministry of culture.

27 janvier 2016

La fascination pour les armes

Un corps, un trou dans la nuque. Ses yeux étaient ouverts, fixant l’asphalte sans expression. Qu’est-ce que la vie si elle peut disparaître complètement dans un délai aussi court? Le mouvement, la chaleur, l'énergie, tout s’était évanoui en un instant, pour ne jamais revenir.

Il suffit d’une balle tirée par un individu qui croit avoir un droit constitutionnel de tuer autrui.

Oui, les armes à feu peuvent servir à tirer sur des boîtes de conserves et des ballons, mais leur principale fonction est de tuer – des animaux et des humains. 

«Les armes à feu, un gage de sécurité» – oui, t’es sûr que tu peux te faire tuer n’importe où et n’importe quand! Rassurant.

Aux États-Unis, on peut acheter des armes à feu dans les foires sans les enregistrer. Les acheteurs ne sont même pas tenus de prouver qu’ils sont sains d’esprit et sans antécédents criminels. Ce qui signifie que n’importe quel déséquilibré peut avoir un revolver dans sa poche ou son sac, et tirer sur un voisin ou un inconnu s’il a l’impression que sa vie est menacée ou s’il n’aime pas leur tête.

Les gens se réveillent ou réfléchissent uniquement quand ils réalisent que les accidents domestiques ce n’est pas juste pour les autres, qu’ils peuvent se produire dans leurs propres cours.

À voir tandis que le débat fait rage : Culture des armes, documentaires en ligne sur le site de Télé Québec 

 

1. États-Unis, le pays qui arme ses enfants
De plus en plus de jeunes Américains reçoivent en cadeau un pistolet ou une carabine, alors que chaque jour, en moyenne neuf enfants meurent sous les balles. Dans cette Amérique qui croit se protéger en s'armant, des associations se mobilisent devant le puissant lobby des armes et demandent un meilleur contrôle de la vente d'armes à feu, en vain. L'élection présidentielle de 2016 saura-t-elle changer la donne et faire cesser le massacre de milliers de petits innocents?
Disponible jusqu'au 17 février 2016

http://zonevideo.telequebec.tv/media/25059/etats-unis-le-pays-qui-arme-ses-enfants/etats-unis-le-pays-qui-arme-ses-enfants  

NOTÉ : 

Les États-Unis sont le pays le mieux armé au monde avec 350 millions de carabines, pistolets et fusils d’assaut en circulation chez les particuliers. Les Américains possèdent en moyenne une arme par habitant, enfants compris. Chaque année 30 000 Américains, dont  18 000 jeunes, meurent sous les balles. Il y a bien sûr les fusillades qui font la une des médias mais aussi beaucoup d’accidents domestiques.

«À toutes les trente minutes aux États-Unis, un enfant se blesse avec une arme à feu. Les armes sont la deuxième cause de décès chez les jeunes dans notre pays. C’est la première cause de mortalité chez les jeunes afro-américains. C’est absolument scandaleux.» ~ Leah Gunn Barrett, directrice exécutive de l’association «New Yorkers Against Gun Violence» 

- Les accidents par armes à feu conduisent à l’hôpital plus de 7 000 enfants par année. (28/01/2009)
- Un enfant de 2 ans tire accidentellement sur sa mère et la tue dans un Walmart de l’Idaho. (30/12/2014)
- Cette semaine aux États-Unis 3 enfants sont morts après s’être emparé d’une arme à feu. (22/01/2015)
- Mort de Braylon Robinson. Un enfant de 3 ans tue son petit frère d’un an avec une arme à feu. (13/04/2015)
- Selon la police d’Alabama un garçon de 2 ans aurait mortellement blessé son père avec une arme à feu. (20/08/2015)
- Tennessee. Un garçon de 11 ans abat sa voisine de 8 ans à la suite d’une dispute à propos d’un chiot. Il est inculpé de meurtre. (06/10/2015)

«Aux États-Unis, 9 enfants se font accidentellement tirer dessus à chaque jour, des centaines de jeunes se suicident à chaque année. Les tueries dans les écoles sont de plus en plus fréquentes. Une grande majorité de ces tragédies, car c’est bien de cela qu’il s’agit, qu’elles soient accidentelles ou préméditées, sont dues aux armes des parents. Ce sont les parents qui introduisent ces armes chez eux, pensant qu’ils seront ainsi plus en sécurité. ... L’arme a 42 fois plus de chances de se retourner contre quelqu’un de la maison que contre un voleur.» ~ Daniel Gross (président du lobby anti-armes Brady Campaign)

Malgré les drames, la population américaine reste convaincue que la possession d’armes à feu est un gage de sécurité. Ils croient aux histoires véhiculées pas la NRA.

Les associations anti-armes sont souvent créées par des parents dont les enfants ont été tués par balle. À des fins éducatives, une association newyorkaise a créé un faux magasin d’armes. L’annonce dans la vitrine disait : «Première fois que vous achetez une arme à feu?»  
   Le faux vendeur proposait aux intéressés différents modèles en leur disant : «Celui-ci, est l’un des plus faciles à utiliser, un modèle populaire, un revolver de calibre 22. C’est le même pistolet qu’un gamin de 5 ans a trouvé dans la chambre de ses parents avant de tirer sur son petit frère de neuf mois.» Ou «Celui-ci est un 9mm semi-automatique très facile à utiliser et on peut l’emporter partout. Comme cette mère au super marché qui a laissé son sac ouvert et qui s’est fait tirer dessus par son fils de 2 ans.» Puis il ajoutait : «Pourtant ils pensaient protéger leur bébé de 9 mois, et elle, son fils de 2 ans.» 
   Chaque arme portait une étiquette résumant l’histoire du meurtre. Les gens, stupéfaits, affirmaient pour la plupart qu’ils allaient réfléchir davantage ou carrément s’abstenir. Ils ne voyaient plus les armes comme un moyen de protection. «On sait que c’est dans nos droits, mais j’ai changé d’avis. Je ne me sentirais pas en sécurité avec une arme», affirmait une jeune femme.


Chaque arme a une histoire. Ne la laissons pas se répéter.

La Sainte-Trinité américaine : Dieu, la Constitution, les armes à feu.

2. Faut en parler – Culture des armes
Mordus de compétitions de cowboys ou de tir à la cible, collectionneurs, survivalistes, armuriers ou encore chasseurs, ils sont fascinés par des objets que plusieurs d'entre nous craignent : les armes à feu. Ce documentaire leur donne la parole en plus de nous faire entrer dans des univers surprenants.
Disponible jusqu'au 01 avril 2017

http://zonevideo.telequebec.tv/media/25272/culture-des-armes/faut-en-parler

Cet autre documentaire porte sur les détenteurs d’armes canadiens pour qui le registre représente une potentielle menace à leurs activités. Ils craignent que des mesures répressives entravent la possession d’armes à utilisation restreinte, et que les armes militaires, actuellement classées armes de chasse, changent de catégorie. 
   Selon les données de la Gendarmerie royale du Canada, près de 470 000 Canadiens détiennent actuellement les permis nécessaires pour posséder des armes à autorisation restreinte. Ce nombre était de 266 000, il y a 6 ans. Les provinces qui ont connu les augmentations les plus significatives sont la Saskatchewan, l'Alberta et le Manitoba, avec des hausses respectives de 101 %, 92 % et 86 %. Au Québec, cette hausse représente 44 % pour la même période.

Si la tendance se maintient, grâce à la propagande de l’ACAF (Association canadienne des armes à feu), nous aurons une société à l’image de nos voisins américains dans peu de temps... Aucun refuge contre la folie des hommes. 

Volet interactif
http://fautenparler.telequebec.tv/emissions/culture-des-armes

24 janvier 2016

Le monde change par l’exemple

Funérailles nationales et yodle fiscal 

Mes petites cellules grises dansent la claquette quand je lis pareilles nouvelles.
Je ne comprends pas. 

Ah, l’art de tromper le bon peuple; ma foi, nous sommes d’une naïveté désespérante.



1. Funérailles nationales

«Le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a fait savoir au Journal de Montréal qu'à la suite d'une consultation auprès de la famille de René Angélil, celle-ci a accepté la tenue de funérailles nationales.» Qui paie la facture? Pour des funérailles nationales, le gouvernement du Québec (c’est-à-dire les contribuables) assume les frais de l'église, il ne faudrait pas oublier les frais de sécurité policière... 
   En période de liposuccion budgétaire drastique, où le gouvernement gratte prétendument les fonds de tiroirs, ce sont les «petits» qui doivent se serrer la ceinture – en services sociaux, soins de santé, éducation, etc. C’est franchement scandaleux. On aurait pu donner l’argent des funérailles à la Fondation du docteur Gilles Julien par exemple. Il a créé des centres de pédiatrie sociale en milieux pauvres, et mériterait quant à lui 100 000 hommages pour sa générosité et tout le bien qu’il fait http://fondationdrjulien.org/.

À propos de la fabrication des «stars» :
http://artdanstout.blogspot.ca/2016/01/je-me-fiche-de.html

2. Yodle fiscal (1)

En faisant de Pierre Karl Péladeau le chef du Parti Québécois, on pourrait croire que la cohorte péquiste voulait se planter. PK Péladeau a fait ses classes de yodle fiscal au paradis : «Alors que Pierre Karl Péladeau était l'une de ses têtes dirigeantes, Quebecor World a créé une dizaine de sociétés et succursales dans des États reconnus pour leurs régimes fiscaux avantageux. Des pays comme la Suisse et le Luxembourg, où l'entreprise n'avait pourtant pas d'imprimerie. À quoi ces entités ont-elles servi?» (La Presse) 

http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201601/22/01-4942631-peladeau-somme-dexpliquer-la-strategie-fiscale-de-quebecor-world.php

---
(1) 25/01/2016 – Lexique d’appoint pour les nuls en paradis fiscal (peut-être eux-mêmes en enfer fiscal...)
 
En tout cas, évitement ou évasion, il y a une fuite quelque part.
 
Évasion : se soustraire à l’emprise de quelque chose (Larousse)
 
Évitement fiscal : au Canada, fait de parvenir par des moyens légaux à différer, réduire ou éluder complètement le paiement de ses impôts. (Larousse)
 
Site Droits et Finances.fr :
 
Évasion fiscale
Au sens strict du terme, l'évasion fiscale désigne l'action consistant à éviter ou réduire l'impôt en assujettissant le patrimoine ou les bénéfices dans un pays différent de celui auxquels ils devraient être soumis. L'évasion fiscale concerne aussi bien des entreprises que des particuliers. Dans un sens plus large, l'évasion fiscale consiste à utiliser légalement différents moyens pour diminuer une charge fiscale. L'évasion fiscale se distingue de la fraude fiscale qui est une technique illégale.
 
Fraude fiscale
Juridiquement, la fraude fiscale se définit comme la soustraction illégale à la législation fiscale de tout ou partie de la matière imposable d'un contribuable. En d'autres termes, le fraudeur paie peu ou pas d'impôt en ayant recours à des moyens illégaux
   Cette notion ne doit pas être confondue avec l'évasion fiscale, qui est une pratique consistant à contourner ou diminuer l'impôt en profitant des possibilités offertes par les règles fiscales ou leurs lacunes (niches fiscales, acquisition d'une autre nationalité, etc.).
 
Blanchiment de fraude fiscale
La fraude fiscale peut faire l'objet d'un blanchiment lorsque les sommes soustraites sont réintégrées dans le circuit légal. Exemple fréquent : lorsque le contribuable dépose frauduleusement des sommes sur un compte bancaire en Suisse, puis contracte un emprunt d'un montant similaire auprès de cette banque ou d'une de ses filiales. Cette dernière se rembourse alors à partir des sommes figurant sur le compte bancaire tandis que le contribuable utilise cet emprunt pour investir légalement.
 
Wikipedia :
 
L'expression évasion fiscale est ambiguë. Son sens général est l'évitement de l'impôt en déplaçant tout ou partie d'un patrimoine ou d'une activité vers un autre pays (l'expression paradis fiscal étant alors fréquemment présente à proximité), sans que le citoyen concerné s'expatrie lui-même (ce serait alors une expatriation fiscale). 
   Il faut la rapprocher de la notion de «fraude fiscale», bien que selon le pays d'origine et la méthode utilisée, l'évasion fiscale puisse être légale, contrairement à la fraude qui est par définition illégale; l'évasion fiscale est alors synonyme d'évitement licite de l'impôt (y compris en restant dans son pays, par exemple par l'exploitation de niches fiscales), de l'optimisation fiscale ou, en droit américain, de tax avoidance.

~~~
Les vrais terroristes : le .01 %
Paul Buchheit (COMMONDREAMS)
11 janvier 2016

http://www.commondreams.org/views/2016/01/11/real-terrorists-01/

Résumé :

La fortune des quelque 16 000 individus richissimes, soit l’équivalent d'une foule de spectateurs lors d’une joute de basket-ball professionnel, totalise les revenus de 256 000 000 d’Américains. La fortune des ultras-riches totalisait 2,6 billions de dollars en 2013-2014. Mais, comme la fortune des 536 individus les plus riches est passée de 30 % à 38 % en trois ans, la fortune totale des 16 000 totalise maintenant 9 billions de dollars.

Le visage de la terreur : l’évitement fiscal aux dépens de 2,5 millions d’enfants américains itinérants

Être riche n’est pas méprisable si les détenteurs de cette richesse acceptent leurs responsabilités envers la société qui rend possible leurs grandes fortunes. Mais, au lieu de payer leurs impôts, les Américains les plus riches ont créé un «industrieux système d’évitement» pour mettre leurs richesses à l'abri de l’imposition, à renfort d’avocats payés à gros prix, de spécialistes en planification successorale, de lobbyistes et d’activistes anti impôts qui conçoivent  et exploitent des manœuvres d’évitement fiscal, inaccessibles aux contribuables plus modestes.» Plus de la moitié des profits des grandes sociétés américaines se retrouvent dans des paradis fiscaux à l'étranger. 
   Les sociétés du .01 % empilent des centaines de milliards de dollars à l'étranger tandis que 2 500 000 enfants sont sans-abri à l’année longue; tandis que près des deux tiers des familles américaines n'ont pas assez d'argent pour remplacer une fournaise hors d’état de fonctionner.
   Voilà la véritable terreur : affronter la vie sans abri, sans chauffage ni moyens de subsistance, sans un semblant de sécurité, pas même pour une seule journée dans le futur. Voilà la terreur causée en grande partie par les 16 000 individus qui croient qu’il n’est pas nécessaire de payer de l’impôt sur les bénéfices que notre société inégalitaire perverse leur permet d’amasser.

~~~
«Les financiers, les banquiers et les actionnaires doivent se transformer en de véritables personnes et se demander exactement ce qu'ils veulent de la vie – en prenant conscience que cette question pratique et difficile pourrait mener à beaucoup de styles de vie plus agréables que ceux qu'ils poursuivent maintenant. Simplement et littéralement, ils doivent retrouver leur «bon sens.» ~ Alan Watts

~~~
À l’opposé de l’avidité, le contentement

Une retraitée démunie fait don d'un héritage de 932 000 dollars
Agence France-Presse, Belgrade, Serbie



Une Serbe de 86 ans vivant dans des conditions précaires a récemment hérité de plus de 900 000 dollars CAN, mais a aussitôt décidé de les offrir à plusieurs personnes qui l'aident à vivre au quotidien. 
   Marija Zlatic, qui habite une région montagneuse près de Boljevac, a été informée d'avoir hérité 940 000 dollars australiens (932 000 $ CAN) de son mari décédé en 2011 en Australie, a rapporté le quotidien serbe Vecernje Novosti. 
   De quoi rêver alors qu'elle vit avec une retraite de 100 $ CAN par mois. Mais Marija a préféré poursuivre sa vie dans des conditions modestes dans sa maison délabrée depuis longtemps et donner l'argent aux quelques personnes qui l'ont aidée depuis des années. 
   Ces personnes, qui habitent un village voisin se trouvant à deux heures de marche du hameau de Marija, lui apportent régulièrement des vivres et du bois de chauffage. 
   «Je n'ai pas besoin d'argent, alors je l'ai donné. Eux, ils en ont besoin. Ma retraite (mensuelle) de 8000 dinars (100 $ CAN) me suffit largement», a déclaré Mme Zlatic. 
   Avec son mari Momcilo, qui était menuisier, elle avait quitté son village en 1956 pour s'installer en Australie, mais elle était rentrée moins de deux ans plus tard pour s'occuper de sa mère malade et n'était plus jamais repartie. 
   Elle était en contact de temps en temps avec son mari qui avait, croit-on, plusieurs fermes de bovins, a raconté au journal une des personnes proches de Mme Zlatic.

(Via lapresse.ca)

22 janvier 2016

Si on la cherchait, on la trouverait

Il y a une fatalité unique qui est la mort et en dehors de quoi il n'y a plus de fatalité. Dans l'espace de temps qui va de la naissance à la mort, rien n'est fixé : on peut tout changer et même arrêter la guerre et même maintenir la paix, si on le veut assez, beaucoup et longtemps. (Albert Camus, 1913-1960) 


Image : Pawel Kuczynski (1)

À la guerre. Les gens qui évaluent le degré de danger particulier à chaque front. «C'est le mien qui était le plus exposé.» Ils font encore des hiérarchies dans l'avilissement universel. C'est comme ça qu'ils en sortent. (Albert Camus)

Novembre 39
Avec quoi on fait la guerre :
1) avec ce que tout le monde connaît
2) avec le désespoir de ceux qui ne veulent pas la faire
3) avec l'amour-propre de ceux que rien ne force à partir et qui partent pour ne pas être seuls
4) avec la faim de ceux qui s'engagent parce qu'ils n'ont plus de situation
5) avec beaucoup de sentiments nobles tels que 
    a) la solidarité dans la souffrance 
    b) le Mépris qui ne veut pas s'exprimer 
    c) l'absence de haine.
Tout cela est bassement utilisé et tout cela conduit à la mort.
(Albert Camus)


Image : Pawel Kuczynski

On se demandait où était la guerre – ce qui, en elle, était ignoble. Et on s'aperçoit qu'on sait où elle est, qu'on l'a en soi – qu'elle est, pour la plupart, cette gêne, cette obligation de choisir qui les fait partir avec le remords de n'avoir pas été assez courageux pour s'abstenir ou qui les fait s'abstenir avec le regret de ne pas partager la mort des autres. (Albert Camus)

Source : Carnets Albert Camus Tome I (Mai 1935 – février 1942)
Lien : http://classiques.uqac.ca/classiques/camus_albert/camus_albert.html

---
(1) Pawel Kuczynski est un illustrateur diplômé de l'Académie des beaux-arts de Poznan; il a reçu plus d’une centaine de prix et distinctions pour ses satires qui incitent à la réflexion sur les enjeux socioéconomiques et politiques de notre monde.
http://pawelkuczynski.com/index.php

20 janvier 2016

Patriarcat et génocides


«Peu m’importe qu’il soit blanc, noir, jaune ou rouge. Il suffit qu’il soit un homme, il ne peut rien être de pire.» ~ Mark Twain 

On a l’impression que le monde est plus horrifiant qu’il ne l’a jamais été. C’est sans doute à cause de l’explosion démographique (plus on est de fous, plus il y a de folie) et aussi parce qu’on voit tout  en temps réel. En réalité, rien n’a changé depuis les débuts de l’histoire de l’humanité. J’ai ressemblé quelques pièces d’un vaste puzzle (des milliards de morceaux) qui semble impossible à résoudre.

L’antagonisme se retrouve dans toute la chaîne évolutive, entre espèces et à l’intérieur de chacune d’elles. La terre étant un plan d’existence basé sur la dualité, il va de soi que nous sommes confrontés aux paires d’opposés – féminin/masculin, fort/faible, beau/laid, riche/pauvre, bien-portant/malade, intelligent/idiot, bon/mauvais, supérieur/inférieur, etc. Notre façon individuelle de nous en accommoder peut faire toute la différence... La hiérarchisation fait partie du jeu. Chez l’humain, l’attribution arbitraire de valeurs sert à déterminer des prérogatives et à dominer. En outre, le pattern du bouc émissaire (souffre-douleur) renforce la hiérarchie et permet aux dominants de défouler leur agressivité; on voit cela quotidiennement. La compétition et les luttes internationales pour la suprématie sont toujours féroces et barbares.

Chez les humains les hiérarchies s’ébauchent sur des superstitions, des croyances, des idéologies et des principes spirituels, religieux, matériels, politiques et socioculturels. Le patriarcat est une structure hiérarchique qui englobe tous les règnes, auxquels on attribue une valeur supérieure décroissante. Plusieurs religions prétendent que c’est «Dieu» qui en a décidé ainsi, lui qui, bien entendu, est au-dessus de tout :
1. Hommes au-dessus des femmes
2. Femmes au-dessus des enfants
3. Humains (globalement) au-dessus des animaux
4. Animaux au-dessus de la nature
5. Nature en dessous de tout

Nous voici donc en face d’une pyramide d’autorités auxquelles chaque catégorie d’inférieurs doit se soumettre. Cet état de chose perdure parce que ce sont les hommes qui, encore aujourd’hui, désignent le rang qu’occuperont les «autres». Puisque l’homme se prend pour le roi de la création (après «Dieu»), cela lui assure le droit de vie ou de mort sur tout ce qui est «en dessous» de lui : femmes, enfants, animaux et nature.

C’est la principale cause de toutes les horreurs qui se déroulent en ce moment même sur la planète!

«L’éducation est la clé pour vaincre le terrorisme», dit Frédéric Carrier, un Québécois qui a perdu quatre membres de sa famille dans l’attentat de Ouagadougou, au Burkina Faso. «Je ne veux pas faire de politique, mais je pense que cette guerre-là, au terrorisme, que ce soit ISIS ou Al-Qaïda, il y a plusieurs moyens de les combattre. Militariser oui, je suis heureux que la coalition fasse ce qu'il faut, mais un des moyens, une des armes les plus fortes, c'était l'éducation. C'était tous des professeurs et c'est ça qu'ils allaient faire là-bas. La journée où ces jeunes-là vont arrêter de se faire endoctriner aussi jeunes et qu’ils auront une connaissance du monde, une connaissance du monde extérieur, ils diront ‘arrêtez de me conditionner, c’est fou ce que vous dites, ce n’est pas ça le bien, le mal, la morale’.» (Interview ICI Radio-Canada)
   Lors d’un autre entretien (dont j’ai perdu la trace) il disait "ce n’est pas une solution à court terme évidemment, mais à long terme elle aura son son effet". Il suggérait une éducation sans affiliation religieuse, catholique ou autre. (Non textuel)

Je suis d’accord, l’éducation est la seule arme efficace contre le terrorisme et toutes les autres formes de persécution. Enseigner le discernement et développer l’esprit critique chez les jeunes est un must, ici comme partout ailleurs.

Les hommes au-dessus des femmes et des enfants

Toutes les religions traditionnelles et les sectes de moindre envergure perpétuent une forme quelconque de misogynie, particulièrement virulente chez les intégristes. Elle est également présente dans les idéologies politiques non religieuses.

Les rabbins affirmaient que les femmes étaient incapables de recevoir une instruction religieuse profonde. La tradition islamique intégriste glorifie le meurtre des femmes et accorde à la violence conjugale un statut d’acte sacré. En Inde, les épouses sont brûlées au vitriol lorsque leurs parents sont incapables d’assumer la dot mensuelle due à l’époux; il arrive aussi qu’on les assassine pour sauver l’honneur de la famille.

Certains écrivains du Nouveau Testament (Paul en l’occurrence) et plusieurs autres «saints» étaient macho à divers degrés. Les dommages causés par leur propre peur et méfiance à l’égard des femmes sont incalculables dans notre monde d’aujourd’hui. Deux exemples de grave mépris judéo-chrétien : 
   - Augustin (354-430) : «Ève, maudite à travers la maternité plutôt que d’en être bénie, fut identifiée à une forme inférieure de la matière qui attirait l’homme vers le bas de l’échelle spirituelle. Dans les excréments et l’urine de l’accouchement, tout ce qui est vil, bas, corruptible et matériel s’incarne dans la femme, la malédiction des menstruations la rapproche des bêtes.» 
   - Thomas d’Aquin (1224-1274), parlant de ce que les femmes allaient subir en donnant naissance à leur progéniture : «Si elles se fatiguent ou meurent, cela n’a pas d’importance. Laissez-les mourir en couche, c’est pour cela qu’elles existent.»

Si ce n’étaient pas les femmes qui donnent naissance, il y a longtemps qu’elles auraient disparu de la terre; peut-être que des clones de laboratoire les remplaceront dans un avenir prochain.

Cet autre exemple de misogynie religieuse se passe de commentaire : 
   L’Inquisition catholique est à l’origine d’une publication que l’on peut à bon droit qualifier d’ouvrage le plus sanguinaire de l’histoire humaine. L’encyclique Malleus Maleficarum (Le Marteau des Sorcières) était destinée à l’endoctrinement des chrétiens sur les dangers des libres penseuses, en instruisant le clergé sur la manière d’identifier ces femmes, de les torturer et de les détruire. L’Église appelait sorcières toutes les femmes érudites et mystiques, les prêtresses, les bohémiennes, les amoureuses de la nature, les herboristes, ainsi que toutes celles qui montraient un intérêt suspect pour le monde naturel. Les sages-femmes étaient également poursuivies et mises à mort pour l’utilisation hérétique de leurs connaissances à des fins de soulagement des douleurs de l’enfantement. Après tout, ces souffrances, arguait le Vatican, n’étaient que le juste châtiment d’Ève, qui en consommant le fruit de la connaissance du bien et du mal avait perpétré le péché originel. 
   En trois cents ans de chasse aux sorcières, cinq millions de femmes furent ainsi brûlées sur le bûcher par l’Église. Le monde actuel porte encore les stigmates de cette guerre sans merci. Autrefois célébrées comme un chaînon indispensable de l’éducation spirituelle, les femmes ont été définitivement bannies de tous les cultes du monde. On ne trouve pas plus de femmes rabbins que de femmes prêtres ou imams. (Da Vinci Code)

Les femmes ont subi et subissent des indignités invraisemblables au nom de la prétendue supériorité masculine. Les femmes et les filles sont du «raw material». De la marchandise. En temps de guerre ou de guérilla elles font partie du butin. Le viol collectif des femmes est valorisé et utilisé comme arme tactique. Dans plusieurs cultures, les femmes ont encore relativement le même statut que les animaux.

Les lois et coutumes favorisent les hommes au détriment des femmes. En Occident, on a longtemps refusé aux femmes le droit à l’éducation et le droit de vote. Actuellement, certains pays refusent aux femmes le droit de propriété et de divorce tandis que l’homme en jouit; et l’adultère, permis à l’homme, entraîne pour la femme des sentences telles que le bannissement, la lapidation, la mort. Saviez-vous que dans la majorité des cultures de confession islamique radicale, et même modérée, les femmes ont le statut de mineures (donc d’irresponsables) jusqu’à leur mort? Et puis, le proverbe suivant en dit long sur l’estime qu’on porte aux femmes en Asie : «Dans la vie, la chose la plus triste, c’est de naître femme.» Et d’une façon c’est vrai étant donné la façon dont les hommes traitent les femmes. 
   «Partout dans le monde, des millions de femmes de toute race sont séquestrées, exclues, chassées, persécutées, mutilées, violées, battues, torturées et exécutées du fait qu'elles sont de sexe féminin. Crime «d'honneur», crime de guerre, crime conjugal, crime de la misogynie et du patriarcat, matricide, infanticide des filles, fratricide, etc. Les violences contre les femmes et les filles, dont la violence ultime, le meurtre, sont universelles. Pourquoi? À cause de la haine d'individus envers l'autre sexe, comme certains groupes ethniques sont victimes de la haine d'individus envers d'autres groupes (pas de tous les individus de l'autre sexe, évidemment, ni de tous les individus d'autres ethnies). Dans les deux cas, on agit au nom de motifs religieux, moraux, sociaux, culturels et politiques. Au nom de la Tradition. Une tradition qu'on préserve jalousement parce qu'elle donne à la domination sa légitimité. Partout dans le monde et au sein de nombreuses ethnies, des femmes et des filles sont persécutées parce qu'elles sont des femmes et des filles, comme les Juifs l'ont été parce qu'ils sont juifs, comme les Croates l'ont été parce qu'ils sont croates, comme des gens de couleur l'ont été parce qu'ils sont de peau noire, jaune ou rouge.» (Micheline Carrier, Sisyphe 2002)

«Tous les mâles sont construits avec les mêmes réseaux neuronaux qui ont poussé Gengis khãn à conquérir un empire deux fois plus grand que celui de Rome, avec les mêmes circuits qui ont motivé chaque descendant de Gengis à accumuler des centaines de femmes et encore plus de concubines, avec les mêmes instincts qui ont incité les sultans turcs à se faire envoyer par bateau des femmes ravissantes des quatre coins de leur royaume pour quelques nuits de gloire physique.» (Howard Bloom, Le Principe de Lucifer, Une expédition Scientifique dans les forces de l’Histoire! Le jardin des Livres)


Photo Noorullah Shirzada, AFP. On a juste envie de les prendre dans nos bras et de les bercer... Ça arrache le cœur.

Trafic d’enfants en hausse – En Europe et en Asie centrale, l'exploitation sexuelle intervient dans les deux tiers des cas, alors que dans le reste de l'Asie, le travail forcé est très largement majoritaire. Certaines formes de trafic, comme celui des enfants pour le combat armé ou pour la petite délinquance ou la mendicité forcée, peuvent représenter un problème significatif en certains endroits. (AFP)

Selon les données récentes de l’ONU au sujet du trafic des femmes et des enfants : 
   «Plus les filles sont jeunes, plus le prix demandé est élevé. Les enfants âgés de 1 à 9 ans – qui peuvent aussi être des garçons – sont vendus pour l'équivalent de 215 $CA. L'EI demande 160 $ pour une adolescente. Le prix diminue à 105 $ dès qu'une femme a atteint 20 ans, et les femmes de plus de 40 ans sont vendues pour 50 $. Des Irakiens mineurs sont de plus en plus souvent utilisés par le groupe islamiste pour commettre des attentats suicides, jouer le rôle d'informateurs ou servir de boucliers humains chargés de protéger des installations des bombardements L'État islamique est responsable de ‘violences sexuelles systématiques’ et notamment ‘d'enlèvement et d'asservissement sexuel d'enfants’. Les enfants des minorités ont été capturés dans beaucoup d'endroits, vendus sur des marchés avec sur eux des étiquettes portant des prix, ils ont été vendus comme esclaves.»

Les hommes ont du chemin à faire avant d’acquérir le statut d’humain.

Les génocides

Le siècle que l'on vient de quitter restera comme le siècle des génocides. Jamais dans l'Histoire de l'Humanité, ils ne furent si nombreux et ne firent tant de victimes. [...] 
   Pour la définition «officielle» du terme de génocide, il faut se reporter à la Convention 260.a des Nations Unies sur la prévention et la répression, en date du 9 décembre 1948, s'inspirant des travaux du chercheur polonais Raphaël Lemkin. S'entendent comme génocides des actes commis dans l'intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux :
- Meurtre des membres du groupe
- Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale des membres du groupe
- Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle
- Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe
- Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe

Plus récemment est apparu le terme d'épuration ethnique. Ces nuances sémantiques recouvrent une réalité atroce : du point de vue du droit pénal international, le génocide est un crime spécifique contre l'Humanité.

L'histoire du XXème siècle a été écrite avec le sang des victimes des guerres et des génocides. [...]

Un phénomène bureaucratique – Face à ces massacres, on est souvent pétrifié d'effroi. On traite leurs auteurs de fous, de malades, on met cela sur le compte d'une explosion irrationnelle : il ne peut y avoir d'explications logiques car cela dépasse l'entendement. On a peur de perdre nous aussi notre humanité, alors on se désolidarise de ces «hommes». Ou bien encore, on avance des explications racistes : «les Allemands, ils ont ça dans leurs gènes, les Africains ce sont des sauvages...» 
   Mais à y regarder de plus près, comme l'ont fait un certain nombre de chercheurs, le génocide apparaît comme «un acte criminel prémédité, systématiquement organisé et mis en œuvre, avec pour objectif l'élimination de communautés civiles choisies selon des critères de race, de nationalité ou de religion.» Par ailleurs, il faut se garder d'analyser chaque génocide comme un cas spécifique n'ayant aucun point commun avec les autres. Il existe des constantes qui permettent de dresser une sorte de «schéma type» du génocide. 
   Ainsi, les génocides et massacres à caractère génocidaire ont tous été organisés par des Gouvernements officiels, jamais en période de vacance du pouvoir ou d'anarchie. Leur idéologie de la haine a été systématiquement propagée par l'appareil bureaucratique que tous les États modernes possèdent. En outre, la passivité de l'opinion mondiale (le cas du Rwanda est, à cet égard, frappant) a toujours facilité la mise en œuvre des politiques meurtrières de ces régimes. 
   Un climat de guerre, d'insécurité a, par ailleurs, toujours servi de toile de fond à ces tueries, comme si l'angoisse des populations était instrumentalisée. Au demeurant, les victimes étaient à chaque fois au cœur de la société concernée : un ennemi lointain ne pourrait pas servir de la même manière de catalyseur à ces peurs collectives. Un voisin, qui appartient à une autre classe, une autre religion ou à une autre ethnie, est plus inquiétant... Cet ennemi de l'intérieur a toujours été qualifié «d'ennemi du peuple», car perçu comme une menace pour l'identité nationale. Dans chaque cas, les massacres ont été précédés par une période de souffrance, de famine et de terreur, de sorte que la mort puisse être ressentie par les victimes en quelque sorte comme une délivrance, un acte «généreux». 
   Enfin, dans tous les cas, le génocide a été préparé et conduit dans un contexte de crise économique, politique et morale profonde, où la capacité de distinguer le Bien du Mal était presque totalement annihilée. 
   [...] Rien ne nous permet de dire qu'il n'y en aura plus, au contraire. Ici ou là, des ferments nauséabonds font craindre le pire. [...] Bien qu'imparfaite, ô combien, la démocratie est un rempart efficace contre les tentations génocidaires. Raison supplémentaire pour la défendre, mieux même, d'œuvrer à son développement à travers le monde mais aussi chez nous.

~ Régis Coromina [Inspiré d'articles de Ryszard Kapuscinski (Le Monde Diplomatique – Mars 2001) et Ben Kierman (Le Débat – Mars 1999)]


Sans squelette, ni cerveau, dépourvue de poumons et de sang, la méduse est un être mou sans queue ni tête, sans droite ni gauche, rangé au début de la classification zoologique, juste après les éponges. ~ Jacqueline Goy, ichtyologue passionnée des méduses.

Intéressant :
http://www.futura-sciences.com/magazines/nature/infos/dossiers/d/zoologie-dame-meduses-81/page/4/

16 janvier 2016

E.O. Wilson : prise de conscience ou...


Edward Osborne Wilson, né en 1929 à Birmingham, Alabama, est biologiste, entomologiste, myrmécologue de notoriété mondiale, fondateur de la sociobiologie, concepteur de la biodiversité développée au début du XXIe siècle, champ scientifique dans lequel, depuis, il met ses expertises à contribution.

Florilège de citations :

La civilisation sur terre : une civilisation Star Wars avec des émotions de l'âge de pierre.

L'éducation des femmes est le meilleur moyen de sauvegarder l'environnement.

La nature détient la clé de notre satisfaction esthétique, intellectuelle, cognitive et même spirituelle.

À présent, lorsque vous détruisez une forêt, une forêt ancienne en particulier, vous ne faites pas que supprimer des grands arbres et quelques oiseaux qui volent dans les feuillages. Vous mettez en grand danger un nombre important d'espèces sur une surface d'un mile carré autour de vous. Le nombre de ces espèces peut aller jusqu'à des dizaines de milliers. La plupart d'entre elles sont encore inconnues de la science, et nous ne connaissons pas encore le rôle probablement primordial qu'elles jouaient dans la préservation de cet écosystème, comme dans le cas des champignons, des microorganismes et de nombreux insectes. ... Abandonnons immédiatement la notion selon laquelle il suffit de conserver une petite portion de la nature originelle, quelque part, et que l'on peut faire ce que l'on veut du reste de la planète. C'est une notion fausse et extrêmement dangereuse. 

Capitalisme sauvage – colonialisme, exploitation, esclavage, surproduction, surconsommation, gaspillage, destruction irréversible : Working Ants



Le monde dépend des champignons, parce qu'ils sont des joueurs importants dans le recyclage des matériaux et de l'énergie partout dans le monde.

Si nous éradiquions totalement les insectes de cette planète, toute la vie (incluant l’humanité) disparaîtrait de la terre avec eux. Dans un délai de quelques mois.

Nous n'avons pas besoin de détruire les 4 à 6 pour cent restants des forêts pluviales tropicales de la surface de la terre, avec la plupart des espèces animales et végétales qui y vivent.

Nous devrions préserver tous les rebuts inestimables de la biodiversité, apprendre à les utiliser et tenter de comprendre ce qu’ils signifient pour l'humanité.

Détruire la forêt tropicale pour le gain économique c’est comme mettre le feu à un tableau de la Renaissance pour cuire un repas.

J'avais un message en tête, j'espère qu’il n’est pas trop intrusif, c’était de convaincre les Américains, et surtout les gens du Sud, de l'importance cruciale de la terre, de notre environnement naturel et de nos espèces sauvages en train de disparaître.

Les entrepreneurs qui sont prêts à partager, à freiner la croissance de leur entreprise, à créer une meilleure atmosphère selon les principes démocratiques d'équité et de coopération, et à offrir un meilleur produit, sont ceux qui gagneront à la fin.

Les ravages du capitalisme sauvage : The Hard Side of Life



L'idéologie politique peut corrompre l'esprit, et la science.

À moins que les humains deviennent plus honnêtes et pleinement conscients d'eux-mêmes, je ne vois pas de solution aux problèmes que la religion organisée et le tribalisme créent.

La science et la religion sont les deux plus puissantes forces du monde. Faire en sorte qu’elles s’opposent... est improductif.

La foi aveugle, même exprimée avec la plus grande passion, ne suffira pas. La science, pour sa part, testera sans relâche toutes les hypothèses concernant la condition humaine.

Nous devons reconnaître que les conflits religieux ne sont pas la conséquence des différences entre les gens. Il s'agit de conflits autour des histoires de la création.

Religions et rituels : Sunset of Religion



Les croyances religieuses ont évolué par la sélection de groupes, par la compétition entre tribus, et l'illogisme de la religion n'est pas une faiblesse, c’est sa force essentielle.

Dans une interview accordée à New Scientist publiée le 21 janvier 2015, E.O. Wilson disait : «La religion nous entraîne vers le bas et elle doit être éliminée pour l'amour du progrès humain.  Je dirais que dans l'intérêt du progrès humain, la meilleure chose à faire serait de diminuer jusqu’à éliminer les confessions religieuses.»
   Concernant Dieu, Wilson ne s’associe pas à l'étiquette athée, mais plutôt à agnostique. Il expliquait que sa foi suivait une trajectoire loin des croyances traditionnelles : «Je me suis écarté de l'église, non pas en tant qu’agnostique ou athée, je ne suis simplement plus ni batiste ni chrétien.» Selon Wilson la croyance en Dieu et aux rituels religieux sont des produits de l'évolution. Dans son livre The Creation, Wilson suggère que les scientifiques devraient ‘tendre la main de l'amitié’ aux dirigeants religieux et construire une alliance avec eux, indiquant que ‘la science et la religion sont les deux forces les plus puissantes sur terre et qu'elles doivent s’unir pour sauver la création’.

Les vidéos sont tirées du magistral documentaire BARAKA qui n’a pas pris une ride depuis 1992. D’autres extraits sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=4cW97MV8dVk

Mes commentaires sur le film : http://situationplanetaire.blogspot.ca/2010/10/twit-face.html

11 janvier 2016

Lois absurdes

Il fut un temps où la tentative de suicide était passible de la peine de mort (post-mortem s’il y avait lieu). !!! L’avantage était qu’en bout de ligne (ou de corde) la personne avait atteint son but. 


Avec une troisième chimio et un peu de chance, elle aura peut-être trois mois supplémentaires de belles expériences de vie...

Non mais, allons-nous cesser de tergiverser?

Le dossier de l'aide médicale à mourir risque de stagner : le gouvernement fédéral demande à la Cour suprême du Canada d’accorder à Ottawa une période de six mois pour mettre sur pied une législation pancanadienne. 
   En février 2015, les juges avaient rendu une décision unanime, invalidant notamment l'article 14 et l'alinéa 241 b) du Code criminel (est coupable d'un acte criminel et passible d'un emprisonnement maximal de quatorze ans quiconque, selon le cas, aide ou encourage quelqu'un à se donner la mort, que le suicide s'ensuive ou non) qui interdisent à un médecin d'aider quelqu'un (dans des circonstances précises) de s'enlever la vie. Ils avaient accordé 12 mois au gouvernement fédéral pour offrir une réponse législative respectant le droit, pour les adultes consentants aux prises avec des souffrances physiques ou mentales intolérables, de demander l'aide de leur médecin pour mettre fin à leurs jours. 
   Si le sursis de six mois est accordé, les malheureux patients devront encore attendre.

Certains médecins continuent à diaboliser l’aide médicale à mourir. En revanche, ils permettent aux patients de se suicider par refus de traitements, médicaments et nourriture – beaucoup de souffrance et une agonie pouvant durer jusqu’à deux semaines et plus. Sadique, non? Pourquoi agissent-ils de la sorte? Parce qu’ainsi le malade assume l’entière responsabilité morale de son acte. Les médecins peuvent s’en laver les mains au Purell tout en les regardant agoniser.
   Le respect de l’autonomie de la personne, en droit, a justifié la dépénalisation du suicide (ou tentative de). Cette décision des législateurs ne préjuge pas de la moralité du geste, elle implique seulement que, pour autant qu’elle soit seule en cause, toute personne doit pouvoir juger en toute conscience si elle peut mettre fin à ses jours; et la société doit respecter sa décision. Sans la dépénalisation de l’aide médicale à mourir les patients incapables de se suicider en raison de leur incapacité physique restent indéfiniment prisonniers de leurs corps, cloués à leurs grabats. On appelle ça vivre...

«Vivre est un droit, non pas une obligation.» ~ Ramon Sampedro
(Du film Mer intérieure, basé sur un fait vécu; il s’agit d’un plaidoyer en faveur du libre arbitre face au droit de mourir quand on ne peut ou ne veut plus vivre; et d'avoir de l'aide, médicale ou autre -- amis, famille...)

Le pire argument invoqué contre l’aide médicale à mourir est cette peur irrationnelle des dérapages. Le personnel médical se mettra-t-il soudain à assassiner tous les handicapés mentaux/physiques, les séniors et les malades incurables – sans leur consentement ou celui de leur famille? Une sorte d’eugénisme nazi? Je ne dis pas que la possibilité n’existe pas, il y a des médecins malveillants et l’on sait que les humains sont capables des pires ignominies. Cependant, selon ce que j’ai vu dans les foyers d’accueil pour personnes en grave perte d’autonomie, l’expérience nazie consiste à utiliser les hébergés comme cobayes (sans leur consentement) pour tester des traitements et des médicaments (tranquillisants, anxiolytiques, antidouleurs...) et étudier la démence et la maladie d’Alzheimer. Je me croyais parfois au milieu d’un zoo ou d’un laboratoire de vivisection – à la différence que les chimpanzés étaient des humains. Et il est faux de dire qu’on réussit à éliminer complètement les souffrances physiques, encore moins les souffrances psychologiques; j’en ai été témoin. Aucun médicament ne soulage un malade de 90+ affligé d’arthrose et de démence. L’efficience en soins palliatifs tient à l’administration graduelle de bonnes doses de morphine jusqu’à la dose létale (la phase 4 qu'un patient en CHSLD a pu signer en toute conscience mais qui en général ne sera pas respectée, même avec un mandat d'inaptitude et un testament biologique bétonnés).

Ceux qui sont contre l’aide médicale à mourir n’ont qu’à s’en abstenir, c'est simple. Pourquoi priver la majorité de ce droit – près de 80 % de la population est en faveur. La question demeure : à qui appartient ce corps – à Dieu, à l’Église, à l’État, au système médical, etc.?

«Je parie qu’un jour il y aura des manoirs [pour retraités] où chacun pourra choisir à la carte sa façon de crever. Il faut inventer un monde où les gens seront impatients de devenir vieux.» (Film Trois fois 20 ans de Julie Gavras – une manière d’aborder le cap du 60+ avec humour; très drôle en passant)

Il existe des centres de prévention du suicide. Parfait. Mais, il devrait également y avoir des centres d’aide à l’euthanasie volontaire comme dans le film Soleil vert (1). Ce qui pourrait résoudre nombre de problèmes éthiques et moraux – il est évident que seules les personnes vraiment désireuses de se suicider s’y présenteraient. Ce qui ne signifie pas que tout le monde s’y précipiterait, loin de là. Car comme le disait Guy Bedos, «Le suicide, c’est l’ultime expression de la liberté. De savoir que l’on peut choisir sa mort, ça aide à vivre.»

À lire (interview) :
Le plaidoyer de Denys Arcand pour l’aide médicale à mourir 
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2015/12/11/002-aide-medicale-mourir-euthanasie-denys-arcand-invasions-barbabres.shtml

Extrait : 
   Q. : On m'a déjà dit que la mort est une expérience enrichissante pour nos proches. Vous croyez à ça, vous? 
   D.A. : Non, pas du tout. Cela étant dit, les lois qui s'en viennent ne sont pas coercitives. Si vous voulez mourir et vous rendre à votre dernier souffle, libre à vous. Et si moi j'ai une autre idée, vous ne pouvez pas m'en empêcher. 
   J'ai assisté à plusieurs morts, étant un peu vieux. Et non, ça ne m'a rien appris, sinon que dans bien des cas, les gens mouraient dans des souffrances épouvantables et que je ne voyais pas de raison de prolonger ces souffrances comme la médecine voulait le faire, c'est
tout.
   Et ce n'est pas enrichissant de voir souffrir son grand-père comme un chien dans un lit pendant des mois et des mois sous prétexte que ça va faire quoi? Enrichir qui, moi? Non, ça ne m'enrichit pas. J'espérerais mettre fin à ses douleurs et la loi ne me le permettait pas. Donc je n'ai rien appris du tout.

 
Si vous vous avez accès à la zone, voici l’interview d’Alain Crevier avec Denys Arcand à Second regard (à l’origine de l’article) :

~~~

«Si nous mourons vieux, nous mourons comme l’arbre sans feuilles et sans oiseaux.» ~ Jacques Jaujard (1895-1967)

~~~

En conclusion : le gros bon sens d’Hector Berlioz (1803-1869)

L'inutile torture

Les choses et les hommes changent cependant, il est vrai, mais si lentement que ce n’est pas dans le court espace de temps embrassé par une existence humaine que ce changement peut être perceptible. Il me faudrait vivre deux cents ans pour en ressentir le bienfait. 
   J’ai perdu ma sœur aînée, Nanci. Elle est morte d’un cancer au sein, après six mois d’horribles souffrances qui lui arrachaient nuit et jour des cris déchirants. Mon autre sœur, ma chère Adèle, qui s’était rendue à Grenoble pour la soigner et qui ne l’a pas quittée jusqu’à sa dernière heure, a failli succomber aux fatigues et aux cruelles impressions que lui a causées cette lente agonie. 
   Et pas un médecin n’a osé avoir l’humanité de mettre fin à ce martyre, en faisant respirer à ma sœur un flacon de chloroforme. On fait cela pour éviter à un patient la douleur d’une opération chirurgicale qui dure un quart de minute, et on s’abstient d’y recourir pour le délivrer d’une torture de six mois. Quand il est prouvé, certain, que nul remède, rien, pas même le temps, ne peut guérir un mal affreux; quand la mort est évidemment le bien suprême, la délivrance, la joie, le bonheur!... 
   Mais les lois sont là qui le défendent, et les idées religieuses qui s’y opposent non moins formellement. 
   Et ma sœur, sans doute, n’eût pas consenti à se délivrer ainsi si on le lui eût proposé. «Il faut que la volonté de Dieu soit faite.» Comme si tout ce qui arrive n’arrivait pas par la volonté de Dieu... et comme si la délivrance de la patiente, par une mort douce et prompte, n’eût pas été aussi bien le résultat de la volonté de Dieu que son exécrable et inutile torture... 
   Quels non-sens que ces questions de fatalité, de divinité, de libre arbitre, etc. !! c’est l’absurde infini; l’entendement humain y tournoie et ne peut que s’y perdre. 
   En tout cas, la plus horrible chose de ce monde, pour nous, êtres vivants et sensibles, c’est la souffrance inexorable, ce sont les douleurs sans compensation possible arrivées à ce degré d’intensité; et il faut être ou barbare ou stupide, ou l’un et l’autre à la fois, pour ne pas employer le moyen sûr et doux dont on dispose aujourd’hui pour y mettre un terme. Les sauvages sont plus intelligents et plus humains.

(Mémoires de Hector Berlioz; chap. LIX)

Commentaire : 150 ans plus tard, on n’est pas plus avancé!

Dans la veine : libellé Euthanasie
  

Sol Roth au Foyer (mourir en Imax) Soylent Green  

(1) Le film Soylent Green s’inspire du roman Make Room! Make Room! de Harry Harrison; il est sorti en 1973. En 2016, ce n’est plus de la science fiction en bien des villes surpeuplées du globe où le ciel est brun :
   L'action se déroule en l'an 2022 à New York qui est devenue une mégapole de 44 millions d'habitants. Il règne en permanence une température élevée, soit plus de 30 °C. L'eau est rare. La faune et la flore ont quasiment disparu. La nourriture issue de l'agriculture également. La plupart des habitants n'ont pas les moyens d'acheter des aliments naturels, les prix étant exorbitants. Ils en sont réduits à manger des produits de synthèse, fournis par la multinationale agroalimentaire «Soylent Corporation», des tablettes de forme carrée, jaunes ou rouges. Un nouvel aliment vient d'être lancé, le soylent green *, beaucoup plus nutritif, prétendument à base de plancton. Dispendieux, il est disponible uniquement le mardi : ce jour-là, les émeutes de citoyens affamés ne sont pas rares et sont sévèrement réprimées. Sol Roth, un vieil érudit qui vit dans un appartement minable, peste contre l'état du monde et a la nostalgie du passé tandis que son ami et colocataire Robert Thorn, un enquêteur policier, se contente des seules choses qu'il a connues, à savoir la nourriture synthétique et la canicule perpétuelle. Un jour, Roth décide alors d'aller au Foyer, endroit où l'on se fait euthanasier. Thorn arrive trop tard pour l'en empêcher mais réussit à assister aux dernières minutes de son ami : sur un immense écran, il voit défiler, en écoutant un extrait du 1er mouvement de la Sixième symphonie de Beethoven (la Pastorale), les images de ce qu'était la Terre autrefois, des paysages magnifiques, la vie sauvage, la beauté de la nature. https://fr.wikipedia.org/wiki/Soleil_vert  

* Appelé «Soylent steak» dans le livre de Harrison, et fabriqué à partir des cadavres des humains euthanasiés. Monsanto serait bien capable de nous concocter ça...