26 juin 2015

Derrière les drapeaux

Les bannières et les drapeaux sont des symboles identitaires nationaux mais aussi des outils de propagande idéologique – ou comme on dit, cela sert afficher ses couleurs, ses valeurs, ses croyances, sa confession, son groupe d’appartenance, etc.

«Je suis convaincu que si nous voulons être du bon côté de la révolution mondiale, nous devons en tant que nation entreprendre une révolution radicale des valeurs. Nous devons rapidement commencer à passer d'une société “orientée vers les choses” à une société “orientée vers la personne”. Quand les machines et les ordinateurs, les motifs de profits et les droits de propriété sont considérés comme plus importants que les individus, les triplés géants du racisme, du matérialisme et du militarisme sont impossibles à battre.»
~ Martin Luther King

270 millions d'armes en circulation aux États-Unis – une approximation bien sûr. Environ 100 000 personnes sont tuées par arme à feu à chaque année – accidentellement ou volontairement – pas étonnant puisque les armes sont aussi faciles à acheter qu’une boîte de Cracker Jack. 

Tant qu’à retourner en arrière, allons visiter Mark Twain en ce «Bloody Friday» 2015.

Mark Twain (1835-1910); Color tinting by R. Kent Rasmussen (c) 2013

Nous ne sommes que des échos. Nous n'avons pas de pensées propres, aucune opinion propre, nous ne sommes que du compost constitué d'hérédités pourries, morales et physiques.
~ Mark Twain's Notebook

L'homme fut créé tel un animal sanguinaire et je crois qu'il aura toujours soif de sang et qu’il s’organisera pour en avoir. Je pense qu'il est de loin le pire animal qui existe; et le seul qui soit indomptable.
~ Mark Twain, cité par Clara Clemens in My Father Mark Twain 

Je suppose que vous croyez encore qu’il y a de la dignité dans la vie humaine, et que l'homme n'est pas une farce – la pire farce jamais conçue -- un poisson d’avril inventé par un créateur malveillant qui n’avait rien de mieux à faire que de perdre son temps. ... Pour moi, l'homme n'est pas la personne digne de respect qu'il était auparavant; et j'ai donc cessé d’être fier de lui, et je ne peux plus joyeusement écrire sur lui ni faire son éloge. Et je n'ai pas l'intention d'essayer.
~ Mark Twain, lettre à William Dean Howells, 2 avril 1899

Certains hommes vénèrent le rang, certains vénèrent les héros, certains vénèrent le pouvoir, certains vénèrent Dieu, et ils se disputent au sujet de ces idéaux et n’arrivent pas à s’entendre – mais tous vénèrent l’argent.
~ Mark Twain

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Faut-il rappeler que dans les États sudistes, les Blancs avaient des permis pour chasser les Noirs comme du gibier.
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SLAVE / SLAVERY

Notre Guerre de Sécession est une tache dans notre histoire, mais pas aussi grande que l'achat et la vente des âmes des Negroes.
~ Mark Twain, cité par Clara Clemens dans New York Herald Tribune, 19 novembre 1941

La peau de chaque être humain contient un esclave.
~ Mark Twain's Notebook, 1904

The blunting effects of slavery upon the slaveholder's moral perceptions are known and conceded the world over; and a privileged class, an aristocracy, is but a band of slaveholders under another name.
~ Mark Twain, A Connecticut Yankee in King Arthur's Court


Man is the only Slave. And he is the only animal who enslaves. He has always been a slave in one form or another, and has always held other slaves in bondage under him in one way or another. In our day he is always some man's slave for wages, and does that man's work; and this slave has other slaves under him for minor wages, and they do his work. The higher animals are the only ones who exclusively do their own work and provide their own living.
~ Mark Twain, The Lowest Animal 


Un équivalent :
Je sais bien qu'on ne peut se passer de dominer ou d'être servi. Chaque homme a besoin d'esclaves comme d'air pur. Commander c'est respirer [...].Et même les plus déshérités arrivent à respirer. Le dernier dans l'échelle sociale a encore son conjoint, ou son enfant. S'il est célibataire, un chien. L'essentiel, en somme, est de pouvoir se fâcher sans que l'autre ait le droit de répondre.
~ Albert Camus (1913-1960); La chute

"It is a peculiar sensation, this double-consciousness, this sense of always looking at one's self through the eyes of others, of measuring one's soul by the tape of a world that looks on in amused contempt and pity. One ever feels his two-ness, -- an American, a Negro; two souls, two thoughts, two unreconciled strivings; two warring ideals in one dark body, whose dogged strength alone keeps it from being torn asunder."
~ W.E.B. Du Bois

Vaut la peine de lire sa biographie:
https://en.wikipedia.org/wiki/W._E._B._Du_Bois



CIVILISATION

Je viens de lire le quotidien. Je le fais à chaque matin – sachant très bien que je vais y trouver les habituelles dépravations, bassesses, hypocrisies et cruautés qui font la civilisation; de sorte que je passerai le reste de la journée à supplier pour que la race humaine soit damnée. Mes prières ne semblent pas exaucées, mais je ne désespère pas.
~ Mark Twain, lettre à William Dean Howells, 1899

Chaque civilisation porte les semences de sa propre destruction, et ce cycle apparaît dans toutes les civilisations. Une République naît, s’épanouit, se délabre dans la ploutocratie, puis, un cordonnier s’en empare à l’aide de mercenaires et de millionnaires qui feront de lui un souverain. Les gens créent leurs oppresseurs, et les oppresseurs remplissent la fonction pour laquelle ils ont été créés.
~ Mark Twain, Eruption

Je pense que notre civilisation est une pauvre chose de très mauvaise qualité, bourrée de cruauté, de vanité, d’arrogance, de petitesse et d’hypocrisie.
~ Mark Twain, Biography

La civilisation consiste largement à camoufler la nature humaine. Lorsqu’un barbare apprend à la camoufler on le considère illuminé.
~ Mark Twain, Remenber

Les civilisations ne sont pas des réalités, ce sont des rêves; des rêves de l’esprit, non pas du cœur, et ainsi, elles sont fictives et périssables; elles n’ont jamais influencé le cœur et n’engendrent donc aucun progrès valable. En réalité, le cerveau humain n’est pas plus évolué qu’il ne l’était en Égypte il y a 10 000 ans.
~ Mark Twain, lettre à Carl Thalbitzer, 1902

Il y a plusieurs choses cocasses dans ce monde; parmi elles, la notion que l’homme blanc est moins sauvage que les autres sauvages.
~ Mark Twain, Following the Equator

La seule distinction notoire entre l’homme moyen civilisé et le sauvage moyen est que l’un porte des guêtres et l’autre se peint.
~ Mark Twain’s Notebook

Peu importe qu’il soit blanc, noir, jaune ou indien. Il suffit qu’il soit homme, il ne peut rien être de pire.
~ Mark Twain

GUERRE

Les hommes d’État inventeront des mensonges bon marché et blâmeront la nation assiégée; et chacun apaisera sa conscience avec ces faussetés, les étudiera diligemment et refusera d'examiner toute contestation. Ainsi l’on se convaincra bientôt que la guerre est justifiable, et l’on remerciera Dieu de pouvoir dormir en paix grâce à ce grotesque processus d’aveuglement.
~ Mark Twain, Chronicle of Young Satan 

L'homme est le seul animal qui donne dans l’atrocité des atrocités : la Guerre. Il est le seul qui rassemble ses frères pour aller calmement exterminer ses pairs de sang froid. Il est le seul animal qui, pour un salaire minable, marche et tue des étrangers de sa propre espèce qui ne lui ont fait aucun mal et avec lesquels il n'est pas en conflit. Et pendant les intervalles entre les guerres, il lave ses mains souillées de sang en travaillant pour la «Confrérie universelle de l’homme».
~ Mark Twain, What Is Man?

Source des citations de Mark Twain : http://www.twainquotes.com/

«Je crois que le patriotisme est une bonne chose ici,
mais pas pour les gens des pays étrangers.»
Cartooniste : Jim Unger (1937-2012)

25 juin 2015

Les poisons de la paix

Les récents drames, si violents et haineux, n’empoisonnent pas seulement l’entourage des victimes, mais l’humanité toute entière. Quand on songe au colonialisme, on se dit qu’aucune nation de ce monde ne peut se permettre de donner des leçons de savoir-vivre...

La tradition bouddhique considère qu’il y a trois poisons qui sapent notre paix : l’ignorance ou l'égarement, l’avidité ou la convoitise, la haine ou la colère. Certaines écoles de pensée ajoutent la jalousie et l'orgueil. Ces voleurs nous dérobent notre sensibilité, notre bonté, notre humanisme, et ruinent des amitiés, des familles et des collectivités. 
   Néanmoins, il existe des contrepoisons : la bienveillance, la compassion, l’altruisme, l'équanimité (paix de l’esprit). Nous savons par expérience que nous filons beaucoup mieux quand nous pratiquons ces qualités, et que la bonté et la beauté rendent heureux.  Mais, la culture de la haine et de la violence est plus populaire. Elle se transmet de génération en génération, et maintenant, grâce à Internet, elle s’autocopie à haute vitesse.

Malgré tout, je continue de croire à l’éducation.
«L’éducatrice et conférencière Jane Elliott est fermement résolue à déplanter le racisme en exposant les préjugés et le sectarisme pour ce qu'ils sont, c’est-à-dire un système de classement irrationnel fondé sur des facteurs purement arbitraires. Et si vous pensez que cela ne s'applique pas à vous... vous risquez un brutal réveil. Dans ses ateliers, elle explore le racisme, le sexisme, l’âgisme, l'homophobie et l'ethnocentrisme, et la responsabilité qui incombe à tous et chacun de les dévoiler et de les éliminer, en nous et dans notre environnement.» Voyez Sommes-nous racistes? (vidéos à l’appui) :  
http://artdanstout.blogspot.fr/2013/07/sommes-nous-racistes.html
(Réf. : http://www.janeelliott.com/ )

J’ai déniché sur Medium* une analyse caustique au sujet de Charleston, du drapeau confédéré et des armes, dans le langage cru de certains pro-armes. Au fond, l’article expose le problème de la violence résultant de l’attitude «je suis plus important que toi», répandue dans beaucoup de groupes suprémacistes. Le racisme institutionnel, légal, cautionne l’injustice, l’esclavage et les actes barbares. Point.
   L’auteur, né d’une mère mexicaine-américaine, a grandi dans le Sud. «Je ne connais pas la politique actuelle du KKK concernant les métis, mais j’ai l’air d’un blanc; de sorte que je suis très bien servi chez Starbucks», dit-il.

Si vous avez besoin de traduction, essayez ce site gratuit : http://www.freetranslation.com/

«La NRA s’oppose à toute réglementation, mais nous suggérons fortement l’achat de vestes pare-balles pour les enfants.» Comme les actes de barbarisme se multiplient un peu partout dans le monde, peut-être devrions-nous tous porter des gilets pare-balles dès que nous mettons le nez dehors...

Guns Are The Original American Impotence Cure
By John DeVore

Friends, are you feeling oppressed? And by “friends,” I mean “white people,” and by “white people,” I mean “people who are not oppressed?” Are you paranoid that your birthright entitles you to absolutely nothing?

Then ask your local gun shop owner if a gun is right for you.

Guns are the original American impotence cure. We the people love a phallus. Obelisks, and missiles, and flagpoles with Confederate flags, fluttering. A gun can make a small man feel big. One squeeze of a trigger and bang! Blood rushes into bloodless flesh. The spiritually limp become tumescent. Those who are terrified of a world that offers nothing but change are immediately engorged with cheap courage. 
     A gun means you can kill shadows before they have a chance to disappear with the dawn. 
     For a modest sum your average American can purchase power they probably feel they have been denied. With a gun, people can’t help but listen to you. You’re respected, which is great, especially when you feel you deserve respect without ever having done anything to earn that respect. 
     Guns can help show woodland animals who’s the boss, and, as an added bonus, you can fill a garage freezer with meat that none of your friends or family really ever want. Most deer are assholes and get what’s coming to them. 
     Thanks to guns, you can protect what’s yours. Which is America. White people basically invented America. That’s why they shoot so many people. Just as a reminder. I forget which Native American Chief who, upon witnessing the muskets of the white man in action, famously said “Goddammit.” 
     I’m a white person. My birth mother is Mexican-American. I don’t know the KKK’s current policy concerning half-breeds, but I look white, and that’s why I get such excellent service at Starbucks. 
     I have shot a gun before at a range in Texas. It’s quite a rush. You feel very powerful. I went during my dad’s first chemo treatments. I was angry and scared and I imagined blowing away his tumors. But cancer is bulletproof. 
     For those brief, fleeing moments of ka-pow, I was a discount God with the power of life and death in my soft, milky-smooth hands. 
     Shooting a gun is sort of like jerking off a Transformer’s boner. Then, afterwards, you realize “this isn’t a toy, it’s a tool designed for one purpose: to kill.” 
     Yes, a gun is just a tool. An inanimate object. A thing. But if you banned acoustic guitars, no one would be able to perform “Wonderwall” at the bar’s open mic. I suppose you could perform a version with a tambourine. So we’d have to ban that too. Or just ban the song “Wonderwall.” 
     I grew up in the South. I love the South. Biscuits and gravy, Flannery O’Connor, Stax Records. Martin Luther King. Oftentimes, the South gets blamed for the sins of the entire country. But the South loves its guns, because for many the guns make them feel like they still have a shot at resurrecting an aristocratic civilization where everyone knew their place. Especially the slaves. 
     When you see someone proudly displaying the Confederate flag, what you’re seeing is some sentimental slob pining for a simpler time, when white people were in charge. Things were different then. Nowadays, white people are in charge. 
     My childhood was filled with lawn jockeys, and school visits to Civil War battlefields and talks with Civil War reenactors, who were the first cosplayers. I didn’t know what these symbols meant, and my mom sure as hell wasn’t going to tell me. Hate is easier to teach than love because hate gives instant purpose, without any effort, and love is nothing but constant bravery in the face of utter uncertainty. 
     Equality is no fun. That’s why warlords really seem to enjoy their lives, short as they usually are. 
     In retrospect, maybe Grant and Sherman were too subtle. I went to college in Richmond, Virginia. I hear there’s some great farm-to-table eats and kayaking there now. But it will forever be the defeated capitol of another country. To this day, you can find the ghost of Jefferson Davis drinking in a bar, muttering about what he could have done to save the cause. In Richmond, there’s an avenue that features nothing but grand statues of Robert E. Lee, J.E.B. Stuart, “Stonewall’ Jackson, and more. It’s called Monument Avenue, but I like to call it the Avenue of Second Place Trophies. 
     The South will rise again, wheeze, then sit back down. 
     So I get it. Guns are the Viagra that keeps the memory of stolen glory stiff and greasy. 
     Meanwhile, prescriptions for guns are written every hour of every day. 12 out of 10 NRA spokesman agree that guns are good for racists with low-self-esteem. People love to hate on the NRA. But I don’t. Those old coots are consistent in a comforting way.
     The NRA is just the PR firm of an industry. “Guns don’t kill people, people kill people” is the “smoking does not cause cancer” of firearm manufacturers. Their whole comedy bit is making the absurd argument that the second Amendment is in danger. They’re not Constitutional rights advocates. They are against gun regulation because gun regulation is bad for business. 
     Liberals take the second Amendment bait every time. Every. Time. 
     The NRA do not bestow the right to gun ownership. The NRA, simply, profits from that right. I mean, do you think illegal guns are harvested in illegal fields in South America? No.
     The “right to bear arms” isn’t in danger. The second amendment isn’t going anywhere. It’s nearly impossible to amend the Constitution. The Founding Fathers saw to that. Last time we did it was over 40 years ago. There is no way two-thirds of the current state legislatures would vote to overturn an Amendment that basically gives America permission to kill itself. The Founding Fathers were a delightfully morbid bunch. 
     Never let it be said that America is not goth. America is goth as fuck. 
     Now, there are some people who disagree with me. If you find yourself in a polite discussion with such a person, you might find yourself asking “are they going to shoot me?” More often than not, people who are really passionate about their guns talk about their guns with an emotionally unbalanced fury that makes you think they’re going to shoot you. This is a good way to win an argument. This is a good way to win all arguments. Guns! What can’t they do? 
     Bring back the lives of the innocent, for one. Return grandmothers and sons and friends back into the arms of their loved ones. 
     Lower crime is another. If you mention this to, say, someone with different political views, they may say “Chicago.” All you have to say is “New York,” and then have a mature conversation about how failed government policies, and economic inequality all conspire to create certain criminal trends. Then agree that while crime has actually come down to historic lows, there is still a lot of work we can do as a society and go enjoy a banana split, because they’re delicious. 
     Guns are only guaranteed to save your life if you’re the star of a movie like “Die Hard,” which is not, you may be surprised to learn, based on a true story. “Live by the sword, die by the sword” is the rare Bible quote that is backed up by modern statistics. 
     Guns should be regulated. Remember when the car industry fought tooth and nail against seat belts? Shut up, you don’t remember that. If you do, then you’re pretty technically adept for your age. Who hates seatbelts? Guns should be safer, and they should be in the hands of people who can verify they’re not fucking insane. 
     I mean, the government knows everything about us anyway. If you’re afraid of the government, I don’t know, treading on you because you’re a cartoon snake, then A) you should be against the militarization of law enforcement and B) you’ve probably already got an impressive arsenal. 
     Here’s a lesson in capitalism: guns can be regulated effectively, and America will still buy enough to make every other country cringe and think “let’s never, ever invade those wackos.” 
     You have a right to own a gun. It will make you feel safe in a world of constant, anxiety-inducing change. If you’re freebasing self-pity, a gun will make you dangerous. But make no mistake: America loves guns because Americans love to feel like they’re fully in charge of their destiny. 
     But please see a doctor if you experience an erection for more than four hours. Preferably, a psychiatrist.

* https://medium.com/matter/guns-are-the-original-american-impotence-cure-52e07592185a

Le Festival de Jazz de Montréal bat son plein. Alors voici Strange Fruit par Billie Holiday, en hommage aux jazzmen Afro-Américains dont les blancs se sont approprié la musique sans considération ni remords. 



Southern trees bear strange fruit
Blood on the leaves and blood at the root
Black bodies swinging in the southern breeze
Strange fruit hanging from the poplar trees

Pastoral scene of the gallant south
The bulging eyes and the twisted mouth
Scent of magnolias, sweet and fresh
Then the sudden smell of burning flesh

Here is fruit for the crows to pluck
For the rain to gather, for the wind to suck
For the sun to rot, for the trees to drop
Here is a strange and bitter crop

Une interprétation par Nina Simone, accompagnée de photos horribles et révoltantes témoignant de cette cruauté raciste qui perdure :
https://www.youtube.com/watch?v=tqbXOO3OiOs

18 juin 2015

Le vendeur d’armes peut-il se soucier des «fourmis»?

Un chef d’état-major à la Défense peut-il se préoccuper des inconduites sexuelles de ses recrues vu leur «bioligical wiring»? Comme le but de l’entraînement est d’apprendre à combattre, l’éthique sexuelle doit être le cadet de ses soucis. Néanmoins, on s’attendrait à une éthique exemplaire de la part des soldats. On comprend que ce sont des humains imparfaits comme tout le monde, mais s’ils sont incapables de se comporter dignement (c’est un minimum), eh bien qu’ils changent de profession. 
    Mon commentaire vaut pour les prêtres pédophiles. 
    Le prêtre Paul-André Harvey, de la région du Saguenay fait face à une quarantaine d’accusations – agressions sexuelles contre des mineures âgées de 6 à 14 ans, commises entre 1963-1985; 39 victimes ont témoigné. «C’était un abuseur d’enfants avec le pouvoir de la soutane», dit une victime. (ICI Radio-Canada, Grands titres)

Mais là n’est pas mon propos, quoique...

J'aimerais bien connaître le génie qui a créé ce poster...

On a beau savoir que l’industrie des armes contrôle une immense part de l’économie mondiale, en voir la réelle ampleur dans les coulisses donne quand même froid dans le dos.

Vendeurs de Guerre (THE LAB)
Comment un pays en guerre permanente tire profit de ses combats en vendant des technologies, des armes et un «savoir-faire» testés sur le terrain? Cette enquête minutieuse démontre comment Israël excelle en la matière. 20% de leurs exportations sont désormais militaires. 
   Réalisateur : Yotam Feldman 
   France - Israël (2013) 
   The Factory productions

Résumé accompagnant la vidéo sur Youtube : 
   Il est très rare de pouvoir approcher de près la guerre, les recherches de pointe en armement et en sécurité.
   Les hauts militaires israéliens que suit le réalisateur Yotam Feldman sont pourtant sans complexe. Ils ont du monde une vision parfois sophistiquée, ils lisent les philosophes et se reconnaissent dans les valeurs du progrès social. La plupart ont fait leur carrière en Cisjordanie, territoire occupé par Israël, qui leur a servi de laboratoire. Ils exportent à présent dans le monde entier un savoir-faire hors du commun. 
   Armement, sécurité, nouvelles théories militaires, ils ont inventé les drones ou le fusil à tirer dans les coins. Pour cela, les plus grandes armées du monde viennent les consulter et font d’Israël l’une des plus grandes puissances exportatrices d’armes. Avec “Vendeurs de guerre”, nous pénétrons dans un monde très fermé, terrifiant et passionnant à la fois.

https://www.youtube.com/watch?v=FdWP5HMBDes

Terrifiant, oui, mais je dirais déprimant au lieu de passionnant...

Quand une guerre se termine, une autre commence ailleurs. Il n’y a pas d’ennemis? Eh bien, on en créera, c’est payant. Quand l’économie d’un pays dépend de la vente d’armement et de la guerre, on peut légitimement douter des prétendus accords de paix. Évidemment Israël n’est pas le seul pays à fonctionner ainsi, il s’agit d’une maladie psychologique universelle contagieuse, qui existe depuis toujours, mais elle a pris des proportions «virales» incontrôlables en raison des nouvelles technologies.
   Le fabricant du fusil Corner Shot (un M-16 modifié à tête orientable pour tirer aux encoignures des buildings) raconte qu’après sa démobilisation, il avait envie de réaliser un projet créatif; il est très fier de la popularité de son arme et de sa réussite financière. Désolant d’employer sa créativité à des fins aussi sinistres, mais... suivons l’argent. 
   «Notre objectif est de tuer l’ennemi. Soit dit entre nous, la plupart de ces gens sont destinés à mourir, alors, aidons-les» ou «la guerre est un match de football, c’est mathématique», disent les philosophes, anthropologues et mathématiciens qui développent des stratégies militaires. 
   «Nous transformons le sang en argent», déclare Shimon Naveh, un développeur de tactiques de combat.

Photo tirée du documentaire (un instructeur, je crois)

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On le sait, les psychopathes n’éprouvent aucune empathie ou compassion, ni remords. Selon la logique des «supérieurs», les inférieurs (ou les ennemis) sont perçus comme des fourmis, alors pourquoi se priver de les exterminer?
Voyez :
http://artdanstout.blogspot.fr/2015/02/le-psychopathe-da-cote.html 
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2014/11/detecter-les-psychopathes-snakes-in.html

Hier encore, une fusillade à Charleston, Caroline du Sud (US). Une énième déplorable conséquence des tensions découlant du racisme perpétué par les suprémacistes blancs. Le permis de possession d’armes pour tous a des revers – le jeune tueur avait reçu une arme en cadeau de la part de son oncle père. En fait, on devrait faire passer des tests de QI et de QE (Quotient Émotionnel) aux demandeurs de permis. Peut-être que ça éliminerait une couple de désaxés. Une arme ne sert à rien d’autre qu’à tuer – que ce soit pour attaquer ou se défendre ne change rien. Et plus il y en aura en circulation, plus il y aura de tueries.

Alors voici quelques réflexions pertinentes sur les armes et la guerre. Les articles sont extraits du site L’Almanach : http://www.lalmanach.info/

«J’œuvrerai toujours pour le bannissement des armes»

Il y a des morts sans armes, mais il n’y a pas d’armes sans morts.

Les arguments en faveur de la fabrication, de la distribution et de l’usage des armes rejoignent ceux pour la participation violente aux conflits. Si ces derniers ne sont pas acceptés (c’est-à-dire si la participation aux conflits est refusée), les arguments en faveur de l’usage des armes ne tiennent pas non plus. Faire usage de la violence dans un conflit impliquant plus d’une dizaine de personnes et faire usage des armes sont synonymes. Renoncer à faire usage de la violence dans un tel conflit implique de renoncer à faire usage des armes. 
   Un argument complémentaire pour la fabrication et la distribution des armes est que celles-ci exercent un effet dissuasif. Cela relève de l’illusion selon laquelle le conflit peut être prévenu par la menace (qui n’est que l’aspect que prend, en temps de paix, l’illusion selon laquelle le conflit peut être stoppé par la violence). Qu’il s’agisse de force militaire à grande échelle (avions, missiles, têtes nucléaires...), d’armes de troupes (fusils, grenades…), d’armes à usage policier (pistolets, matraques…), d’armes personnelles à vocation «d’auto-défense» (armes de poing, couteaux…), la présence des armes est un facteur suffisant pour provoquer leur usage. C’est presque une tautologie. Il y a toujours conflit s’il y a des armes. Les armes n’ont jamais servi à éviter des conflits parce que les conflits leur préexistent. Les armes sont ressenties comme une nécessité précisément lorsque les situations sont vues comme conflictuelles, et sont introduites par ceux qui en font commerce avec l’intention d’aggraver les choses. Lorsque les armes font leur apparition, il est déjà trop tard pour éviter le conflit, à moins de viser la disparition des armes parallèlement à l’apaisement de la situation par des voies diplomatiques et par des arrangements individuels et ponctuels.
   Ceci est tout aussi valable pour les armes de «dissuasion» nucléaire. Elles n’ont pas empêché l’explosion de conflits ni l’engagement des nations nucléaires dans ces conflits. Elles ont créé une menace durable avec la quartmondisation de nations nucléaires (comme la Russie), et l’accès au nucléaire de nations belliqueuses. Elles ont autant de chance d’être la cause de catastrophes humaines et environnementales majeures que de prévenir des conflits armés. Elles peuvent, ponctuellement, avoir ou avoir eu un effet dissuasif, si on considère cet effet à l’exclusion de toutes les autres solutions possibles. 
   Un argument possible pour la possession d’armes à titre individuel ou collectif est que «si les armes sont hors-la-loi, seuls les hors-la-loi auront des armes». Il est vrai que si les armes sont prohibées, un marché noir et des fabrications artisanales se développeront. Mais cet argument va de pair avec ce qu’on considère que la situation présente implique l’usage des armes et de la violence. Si on commence par exclure, à titre unilatéral, d’en faire usage, toutes sortes de solutions alternatives apparaissent.

• Quelles sont les différences entre les pays quant à l’usage de la violence et des armes (Rwanda, États-Unis, France par exemple)? Quelles en sont les conséquences sur la vie sociale?
• Traverser une guerre. Imaginez quatre cas : une personne décidée à se battre, qui possède ou ne possède pas d’arme; une personne décidée à ne pas se battre, qui possède ou ne possède pas d’arme.
• Quel est le rôle des marchands d’armes dans les conflits ethniques et les conflits civils?

http://www.lalmanach.info/?page_id=1030

«Renoncer à la guerre»

Ignorer les provocations et refuser de participer aux conflits. 

Les «va-t-en-guerristes», c’est-à-dire ceux et celles qui prônent l’entrée en guerre de leur pays, où défendent le bien-fondé des actions militaires, s’appuient toujours sur les mêmes douze arguments :

1. L’argument de l’effort investi : «Il faut aller jusqu’au bout de la guerre ou tout l’effort de guerre mené jusqu’à présent aura été vain».

2. L’argument de la crédibilité : «Il faut mettre les menaces à exécution, sous peine de perdre toute crédibilité».

3. L’argument de l’Armageddon : «Il faut gagner cette guerre, sinon de terribles choses vont se passer (le pays va passer aux mains des ennemis; la région va être entraînée dans la guerre, etc.)».

4. L’argument du blitzkrieg : «Il faut frapper fort et sans hésitation pour que la guerre soit vite finie».

5. L’argument de la légitimité : «Il y a des guerres justes» et/ou «notre cause est légitime».

6. L’argument de l’horreur : «On ne peut pas laisser faire ça».

7. L’argument de l’entêtement de l’ennemi : «L’ennemi est prêt à tout : au lieu de capituler, il répond à nos bombardements par plus de violence, de déportations, de terrorisme, de massacres».

8. L’argument de la trahison : «Qui n’est pas avec nous est contre nous» et/ou «Les X approuvent l’ennemi; donc toutes celles et ceux qui ne nous suivent pas dans la guerre sont des X».

9. L’argument des leçons de l’histoire : «Et si l’Amérique n’était pas intervenue pendant la seconde guerre mondiale?»

10. L’argument du consentement par non-assistance : «Ne pas réagir aux actes indignes de l’ennemi n’est pas nécessairement les approuver, mais en pratique cela revient au même. Les pacifistes sont coupables de non-assistance à personne en danger».

11. L’argument de la lâcheté et du courage : «Les pacifistes sont des lâches».

12. L’argument de la bêtise pacifiste : Enfin, «les pacifistes ne comprennent rien au monde : la loi du plus fort règne partout. Ils pensent que les guerres ne peuvent pas être gagnées par la violence, mais l’Amérique a bien gagné la dernière guerre, et le pacifisme ne fait rien pour le Tibet».

Mais ces douze arguments ne tiennent pas. Ce sont eux qui entretiennent les guerres, quelles qu’elles soient. Dans un texte antérieur je leur ai développé des contre-arguments (cf. ANNEXE 1 *). J’invite celles et ceux qui pensent que la guerre n’est pas une solution à les lire et les utiliser; et j’invite toutes celles et ceux qui croient que la guerre (ou en tout cas certaines guerres) peuvent se justifier à les examiner et à les attaquer.

Quelle est votre position par rapport à ces 12 arguments?

http://www.lalmanach.info/?page_id=1028

* ANNEXE 1 Faire (ou ne pas faire) la guerre
12 arguments va-t-en-guerristes, et ce qu’ils valent.
http://www.lalmanach.info/?page_id=954

17 juin 2015

Payer pour avoir le droit de polluer plus

«Nous sommes dans les noeuds de la violence et nous y étouffons. Que ce soit à l'intérieur des nations ou dans le monde, la méfiance, le ressentiment, la cupidité, la course à la puissance sont en train de fabriquer un univers sombre et désespéré où chaque homme se trouve obligé de vivre dans le présent, le mot seul d'«avenir» lui figurant toutes les angoisses, livré à des puissances abstraites, décharné et abruti par une vie précipitée, séparé des vérités naturelles, des loisirs sages et du simple bonheur.»
~ Albert Camus (La crise de l'homme)

Photo : iphilo.fr

Dans son ouvrage, Ce que l’argent ne saurait acheter, le philosophe américain Michael Sandel réfléchit sur notre société hyper mercantile. L’entreprise qui achète le droit de polluer, se dédouane-t-elle d'une faute morale envers l'environnement? Peut-on vendre un enfant à l'encan au plus offrant ou faire le commerce d'organes humains? Selon lui, la vie, l'eau et l'air ne devraient jamais être des valeurs marchandes.

“When money governs access to education, political voice, and influence, inequality matters a great deal.” (Michael Sandel) 

Si tous les membres de la secte «Économie marchande» et les politiciens lisaient cet ouvrage, peut-être que la manière de gouverner pourrait s’améliorer. Camus disait aussi : «Quand nous serons tous coupables, ce sera la démocratie.»

Ce que l'argent ne saurait acheter
Les limites morales du marché

Michael J. Sandel
Traduit par Christian Cler
Sciences humaines (H.C.)
Seuil (02/10/2014)

Résumé des éditeurs : 
   Nous savons bien que l’argent ne saurait tout acheter. Et pourtant, la marchandisation des biens et des valeurs progresse sans cesse. Mais c’est en Amérique que cela se passe, pensons-nous. Là-bas, les écoles en sont à payer les enfants s’ils ont de bonnes notes; les entreprises paient les travailleurs qui font des efforts pour améliorer leur santé… Serions-nous à l’abri de ces dérives?
   Nous sommes en réalité déjà contaminés. Il est mal de vendre le droit de faire du tort aux autres. Pourquoi alors acceptons-nous l’une des mesures phares sur le changement climatique, à savoir le marché des droits à polluer, qui permet à certains d’aller au-delà de leur permis d’émission en payant ceux qui se restreignent davantage?
   Nous ne confondons pas l’amour vénal et l’amour tout court. Pourquoi alors acceptons-nous que l’INSEE inclue dans la richesse nationale le temps que les parents passent à s’occuper des enfants au tarif de la baby-sitter?
   Nous n’avons pas encore réfléchi à ce que devrait être la place du marché dans une société démocratique et juste. Ce livre, déjà un best-seller mondial, nous y aide puissamment.

Michael J. Sandel est l’un des plus importants philosophes américains. Il est professeur de philosophie politique à l’université Harvard. Il est l’auteur de Le Libéralisme et les limites de la justice (Seuil, 1999), une des critiques les plus incisives de la Théorie de la justice de John Rawls (Seuil, 1987).

La préface de Jean-Pierre Dupuy 

   «Voulons-nous d’une société où tout soit à vendre? Ou y a-t-il certains biens moraux et civiques auxquels les marchés ne font pas honneur et que l’argent ne saurait acheter?» 
   S’appuyant sur une multitude de cas concrets, Michael Sandel montre comment les marchés sont devenus une composante omniprésente de notre vie : qu’il soit question de voies rapides payantes des autoroutes, des marchés noirs chinois de tickets de rendez-vous médicaux, d’achats de bébés, de rachats par des spéculateurs d’assurances sur la vie prises par les malades atteints du SIDA..., il est évident qu’une seule et même tendance est à l’œuvre. 
   S’opposant aux économistes pour qui l’argent ne serait qu’un instrument de transaction moralement neutre et aussi avantageux pour le vendeur que pour l’acheteur, Sandel prouve qu’il affecte au contraire, et parfois corrompt, tout ce qu’il touche. 
   Si le marché n’est pas un mal en soi, la marchandisation effrénée de certains biens auparavant non soumis à ses lois est d’autant plus dommageable que nous nous abstenons le plus souvent de nous demander quelles valeurs devraient être sauvegardées et pourquoi : s’il est acceptable ou non que les élèves soient rémunérés pour apprendre à lire, que les pays riches puissent acheter les «droits de pollution» des pays pauvres, que des chasses payantes au rhinocéros noir ou au morse soient organisées pour préserver ces espèces de l’extinction, etc.

Professeur de sciences politiques à l’université d’Harvard, Michael J. Sandel a récemment été classé par le Nouvel Observateur parmi les «25 penseurs qui comptent», il s’est fait remarquer dès 1982 en commentant les thèses de Rawls dans Le Libéralisme et les limites de la justice (Seuil, 1999). Plus de 15 000 étudiants ont suivi son cours intitulé «Justice», premier de ceux de Harvard à avoir été mis en ligne sur Internet et diffusé à la télévision.

Extraits d’un article de Jean-Pierre Dupuy : 
   - «Le temps, c’est de l’argent» : on ne croit pas si bien dire. Sur les autoroutes californiennes, aux heures de pointe, il faut être au moins deux dans sa voiture pour pouvoir emprunter la file de gauche. Il arrive que 90 % des automobiles ne véhiculent que leur seul conducteur. On est bloqué pare-chocs contre pare-chocs, la voie rapide est vide, la tentation de tricher est trop forte. Il serait risqué de placer une poupée gonflable sur le siège du passager. Pour remplir la même fonction, certains ont déjà recours aux services de prostituées sur le retour. La boucle est bouclée. 
   - On ne s’étonne pas que le moyen le plus apprécié par les économistes soit celui qui fait d’eux des correcteurs à la marge du marché. Le prix d’une ressource ne reflète-t-il pas suffisamment sa raréfaction croissante ou les dommages que son utilisation cause à la nature? On la taxe, incitant ainsi les consommateurs à tenir compte dans leurs calculs de ce que les économistes appellent ses «externalités» – c’est-à-dire les coûts pour la collectivité non pris en compte par le marché. [...] Avec le protocole de Tokyo sur le changement climatique en particulier, les économistes ont trouvé dans le marché une méthode encore plus éloignée de tout ce qui pourrait ressembler à une mesure vexatoire. Chaque agent pollueur est tenu de rester dans les limites d’un plafonnement décidé à priori mais il peut acheter le droit de dépasser ces limites en payant un autre agent qui, lui, restera en deçà de celles qui lui ont été affectées.
   - C’est précisément l’avantage que les économistes attribuent au marché qui pose problème : il ne ferait pas de morale. En réalité, il recouvre ce qui est un mal et devrait être perçu comme tel – la destruction de l’environnement – par un bien – le droit de polluer – que l’on peut acheter.

http://iphilo.fr/2015/04/27/michael-sandel-ce-que-largent-ne-saurait-acheter-jean-pierre-dupuy/

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L’automne dernier, j’ai écouté les classes interactives de Sandel sur Youtube (en anglais). Des débats moraux extrêmement difficiles à résoudre. Il faut essayer soi-même de répondre aux questions pour le réaliser. Captivant, dérangeant et révélateur – que de préjugés derrière notre raisonnement moral vis-à-vis de nos valeurs sociales, collectives et individuelles. Beaucoup de déni et d’ignorance... et de conditionnement socioculturel bien enraciné.

«Une fois que le familier devient étrange, rien n’est jamais pareil ensuite. La connaissance de soi est similaire à la perte de l'innocence. Même si vous êtes extrêmement troublé, vous ne pouvez pas désapprendre ou ignorer. La philosophie nous éloigne des conventions, des hypothèses et des croyances établies. Voilà les risques encourus.» (Michel Sandel)  


Justice with Michael Sandel
Harvard University


Justice: What's The Right Thing To Do?

PART ONE: THE MORAL SIDE OF MURDER 
   If you had to choose between killing one person to save the lives of five others and  doing nothing even though you knew that five people would die right before your eyes if you did nothing — what would you do? What would be the right thing to do? That’s the hypothetical scenario Professor Michael Sandel uses to launch his course on moral reasoning. After the majority of students votes for killing the one person in order to save the lives of five others, Sandel presents three similar moral conundrums — each one artfully designed to make the decision more difficult. As students stand up to defend their conflicting choices, it becomes clear that the assumptions behind our moral reasoning are often contradictory, and the question of what is right and what is wrong is not always black and white.

PART TWO: THE CASE FOR CANNIBALISM 
   Sandel introduces the principles of utilitarian philosopher, Jeremy Bentham, with a famous nineteenth century legal case involving a shipwrecked crew of four. After nineteen days lost at sea, the captain decides to kill the weakest amongst them, the young cabin boy, so that the rest can feed on his blood and body to survive. The case sets up a classroom debate about the moral validity of utilitarianism — and its doctrine that the right thing to do is whatever produces "the greatest good for the greatest number."

15 juin 2015

Le discours politique

- Austérité (ou génocide économique si l’on coupe aux mauvais endroits)
- Protection contre d’éventuelles catastrophes économiques ou géophysiques, et guerres (le fédéral nous suggère même de nous gréer de kits de survie)
- Traque internet de tous les citoyens
- La biométrie au secours de l’éligibilité à l’emploi : collecte des empreintes digitales des fonctionnaires fédéraux, enquêtes de crédit et vérification des antécédents (les menaces pourraient venir de l’intérieur!) 
- La Caisse de dépôts et de placement Desjardins est maintenant actionnaire majoritaire avec Goldman Sachs dans la société Sterling Backcheck (le business de l’avenir)

Diable! Sécurité = surveillance, c’est pourtant facile à piger... 

Parler pour ne rien dire
Raymond Devos

Mesdames et messieurs..., je vous signale tout de suite que je vais parler pour ne rien dire.
Oh! je sais! Vous pensez :
«S’il n’a rien à dire... il ferait mieux de se taire!»
Évidemment! Mais c’est trop facile!... C’est trop facile!
Vous voudriez que je fasse comme tous ceux qui n’ont rien à dire et qui le gardent pour eux?
Eh bien non! mesdames et messieurs, moi, lorsque je n’ai rien à dire, je veux qu’on le sache! Je veux en faire profiter les autres!
Et si, vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n’avez rien à dire, eh bien, on en parle, on en discute!
Je ne suis pas ennemi du colloque.
Mais, me direz-vous, si on parle pour ne rien dire, de quoi allons-nous parler?
Eh bien, de rien! De rien!
Car rien... ce n’est pas rien!
La preuve, c’est qu’on peut le soustraire.
Exemple : rien moins rien = moins que rien!
Si l’on peut trouver moins que rien, c’est que rien vaut déjà quelque chose!
On peut acheter quelque chose avec rien!
En le multipliant!
Une fois rien... c’est rien!
Deux fois rien... ce n’est pas beaucoup!
Mais trois fois rien!... Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose... et pour pas cher!
Maintenant, si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien :
Rien multiplié par rien = rien.
Trois multiplié par trois = neuf.
Cela fait : rien de neuf!
Oui... Ce n’est pas la peine d’en parler!
Bon! Parlons d’autre chose! Parlons de la situation, tenez!
Sans préciser laquelle!
Si vous le permettez, je vais faire brièvement l’historique de la situation, quelle qu’elle soit!
Il y a quelque mois, souvenez-vous, la situation, pour n’être pas pire que celle d’aujourd’hui, n’en était pas meilleure non plus!
Déjà, nous allions vers la catastrophe et nous le savions...
Nous en étions conscients!
Car il ne faudrait pas croire que les responsables d’hier étaient plus ignorants de la situation que ne le sont ceux d’aujourd’hui!
Oui! La catastrophe, nous le pensions, était pour demain! C’est-à-dire qu’en fait elle devait être pour aujourd’hui! Si mes calculs sont justes!
Or, que voyons-nous aujourd’hui?
Qu’elle est toujours pour demain!
Alors, je vous pose la question, mesdames et messieurs :
Est-ce en remettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour même que nous l’éviterons? D’ailleurs, je vous signale entre parenthèses que si le gouvernement actuel n’est pas capable d’assurer la catastrophe, il est possible que l’opposition s’en empare!

(Deuxième période 1969-1976, p.272)

Raymond Devos
Matière à rire
L’intégrale de : Ça n’a pas de sens, Sens dessus dessous et À plus d’un titre 
Plon, 1991 et 2006


Autres :

L’épouvantail à moineaux (tweets et autres)
http://situationplanetaire.blogspot.fr/2015/02/lepouvantail-moineaux-tweets-et-autres.html

L’art de duper :
http://artdanstout.blogspot.ca/2015/06/lart-de-duper.html

L’art de persuader :
http://artdanstout.blogspot.ca/2015/06/lart-de-persuader.html

6 juin 2015

Rappels et une victoire!

RAPPELS

Extraits des "Horreurs de la «belle saison»" (2014)

On dirait que les humains ont de plus en plus besoin de s’étourdir de vacarme. Et l’on a tout le loisir de mesurer les ravages de cette particularité psychologique en été. Il y a une trentaine d'années, Montréal était loin d’être aussi polluée et bruyante – correction : elle était plus polluée dans les années 50/60 en raison des multiples usines installées en plein cœur de la ville. 
   Les humains sont en train de devenir fous-raide, de plus en plus hystériques, et la maladie se transmet d’une génération à l’autre. Ensuite on se demande pourquoi les enfants montrent des signes de maladie mentale en très bas-âge… 
   Pourquoi polluer autant pour se divertir?
   Nos municipalités (et gouvernements) non seulement approuvent, mais ils promeuvent des activités de divertissement dont la pollution sonore et atmosphérique dépasse largement les limites acceptables – au nom de la sempiternelle «croissance économique».

COURSES AUTOMOBILES

Formule 1; Grand Prix du Canada (Île Sainte-Hélène) 

Pollution à tous les niveaux, le smog se répand jusqu’aux banlieues environnantes; étrangement, nos Miss Météo ne parlent pas de smog ces jours-là. On a un peu réduit le bruit des moteurs, mais certains amateurs s’en plaignent – "ça fait partie du plaisir!", disent-ils… Et, le maire Coderre en remet pour les dix prochaines années! 

FEUX D’ARTIFICE 

Célébrations de la Saint-Jean
L'International des Feux Loto-Québec (Île Notre-Dame)

Faut-il perpétuer des traditions totalement à contre-courant de l’amélioration de notre qualité de vie? J’avoue que ça ne me dérange pas du tout qu’il pleuve à la Saint-Jean, même que je suis plutôt heureuse, car les pétards mouillés n’explosent pas. Petites, moyennes et grandes villes organisent leurs propres feux partout en province. On a l’impression d’être soudainement en guerre. D’horribles pétarades pour quelques minutes de Hooooo! / Haaaaa! ahuris. C’est comme attraper le sida pour 5 minutes de fun sans protection… 

En explosant, la bombe libère des millions de particules de poussières très fines et du gaz qui peuvent se rabattre sur les spectateurs en raison du vent où se maintenir dans l’atmosphère quelques jours puis se déposer dans l’environnement (forêts, champs, mer…). Ces particules issues de l’explosion d’un feu d’artifice, seraient 5 fois plus polluantes que celles du smog, estime une étude menée par la ville de Montréal.

SPECTACLES/CONCERTS EN PLEIN AIR

Comme le Piknic Électronik tous les dimanches du 18 mai au 21 septembre 2014 : «dansez sur de l’électro…», et les Week-ends du monde du 5 au 13 juillet 2014
(On retrouve ce genre de festivals pop partout en province pendant l’été.)

Les décibels attaquent! On a littéralement envie de les tuer, mais il n’existe pas de décibelicides sur le marché... Dommage.

Article intégral :
http://situationplanetaire.blogspot.fr/2014/06/les-horreurs-de-la-belle-saison.html

Le bruit, le métal, le jeu, le divertissement, l’argent : plus importants que tout

Si les pilotes sont assez stupides pour risquer leurs vies en roulant à toute vitesse dans un vacarme d’enfer, qu’ils aillent s’emboutir dans des régions inhabitées, genre désert. Comme ça nous aurons la PAIX. 
   Mon œil que les promoteurs se préoccupent de la sécurité des petits animaux, les humains (mis à part les pilotes!) ne comptent même pas! Et puis, c’est quoi cette huile mêlée au poivre de Cayenne – du poison-pétrole?

Un Grand Prix à Montréal sans marmottes?
Par Louis-Philippe Ouimet
Vendredi 5 juin 2015

Est-ce que les marmottes sortiront de leurs trous lors du Grand Prix du Canada? Les organisateurs de l'événement espèrent que non, tant pour la sécurité de ces petits animaux que pour la sécurité des pilotes qui fileront à toute allure pendant la course. Depuis deux semaines déjà, on s'assure de garder les marmottes bien au loin. 
   Les voitures de Formule 1 rouleront à plus de 300 kilomètres à l'heure pendant la grande course qui aura lieu dimanche sur l'île Notre-Dame, à Montréal. Un accident impliquant une marmotte pourrait être catastrophique, explique le pilote Bertrand Godin. 
   «Ça peut avoir des conséquences graves pour le pilote, pour les spectateurs et pour les commissaires sur le bord de la piste. Une marmotte, c'est quand même lourd et ça peut faire de terribles dommages à l'aileron avant et faire perdre le contrôle à un pilote.» ~ Le pilote Bertrand Godin

Deux semaines avant la course, on tentait déjà, à l'aide d'un répulsif, d'éloigner les marmottes. Au total, près de 50 kilos d'un produit en poudre seront répartis sur la piste, principalement dans les différents trous situés près des murets en ciment. «C'est un mélange de poivre de Cayenne, d'huile aussi. C'est bon pour 30 jours», souligne Jean-Pierre Marquez, un employé de l'entreprise La Faune que nous avons rencontré en plein travail.

Deux fois plutôt qu'une

Les employés de l'entreprise La Faune se sont rendus deux fois sur le circuit Gilles-Villeneuve. Le répulsif à base de poivre est la meilleure solution, puisqu'il n'est pas question d'installer des grillages en bas des murets. «Le problème des grillages, c'est que les feuilles vont venir boucher les trous et il va y avoir des accumulations d'eau en cas de grande pluie», précise M. Marquez.

Moins de marmottes sur l'île Notre-Dame?

Lors de notre visite, nous n'avons pas croisé de marmottes, mais nous avons trouvé plusieurs terriers à quelques mètres seulement de la piste. Les organisateurs du Grand Prix se méfient du caractère aventurier de la marmotte, qui sort parfois de son terrier. Mais ces animaux se font de plus en plus rares sur l'île Notre-Dame, selon les préposés à l'entretien des jardins. «Il n'y en a pas autant qu'avant», note Suzanne St-Jacques. 
   Ajouté aux répulsifs, le bruit assourdissant des bolides devrait décourager les marmottes les plus courageuses de se montrer le bout du nez.

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2015/06/05/001-marmotte-grand-prix-formule-1-grand-securite.shtml

Compte pour beaucoup l'affection des bêtes. Elle a des lueurs et des dévouements dont nous sommes incapables.
~ Pierre Aguétant; 1890-1940 (Le Coeur secret)

VICTOIRE!

Au moins UNE bonne nouvelle dont je me réjouis au plus haut point.


Québec dépose un projet de loi pour protéger les animaux

Vendredi 5 juin 2015

Le gouvernement du Québec dépose un projet de loi destiné à améliorer le sort des animaux dans la province. De bien meuble qu'il était auparavant, l'animal deviendra, si cette nouvelle législation est adoptée, «un être doué de sensibilité ayant des impératifs biologiques».

C'est ce qu'a annoncé le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, Pierre Paradis, vendredi, en précisant que le projet de loi 54 modifie en premier lieu le statut juridique de l'animal. 
   La loi comprendra l'interdiction de causer de la détresse à un animal, de tenir des combats d'animaux et de posséder des équipements de combat. De plus, il faudra un permis pour exploiter une animalerie et pour élever des renards roux et des visons d'Amérique, ainsi que pour être propriétaire de 15 équidés ou plus, c'est-à-dire un âne, un cheval, un mulet ou un poney. 
   Les amendes pour une première infraction pourront atteindre 250 000 $. Dans les cas d'une deuxième ou troisième infraction, cette amende salée sera doublée, voire triplée. Des peines d'emprisonnement allant jusqu'à 18 mois pourront être imposées aux contrevenants dans les cas de récidive. (...)

Plus d'espèces animales englobées par le projet de loi

La loi visera un plus grand nombre d'espèces animales et couvre tant les animaux domestiques que les animaux d'élevage. 
   Pierre Paradis souligne que des pays européens tels que la France, l'Allemagne et l'Autriche sont largement en avance pour considérer les animaux comme des êtres dotés de sensibilité. «Ils ont commencé en Europe à la fin des années 1980 et au début des années 1990, explique Pierre Paradis. Ils ont progressé, alors que nous restions en arrière.»

Article intégral :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2015/06/05/003-animal-loi-protection-maltraitance-amende-prison.shtml

Ce sont les faibles qui sont cruels. On ne peut espérer de gentillesse que de la part des forts. ~ Leo Rosten (1908-1997)

Rosten a également dit, avec son fabuleux sens de l’ironie :
«Quelqu'un qui déteste les bébés et les chiens ne saurait être entièrement mauvais!»

Vous aimerez peut-être «Un avenir sans animaux?» :
http://artdanstout.blogspot.ca/2015/05/un-avenir-sans-animaux.html