6 septembre 2013

Bousculons l’incurable fatuité humaine



Les Voies du Monde

Cultiver des idées préconçues, avoir une haute estime de soi, se quereller avec autrui, adopter un comportement singulier, parler de manière hautaine en dénigrant les autres, voilà ce que font les gens arrogants, rancuniers et envieux.

Toujours parler de bienveillance, vertu, loyauté et bonne foi. Chercher à devenir humble et frugal, à se rabaisser et à être courtois, voilà le comportement des érudits rompus à la culture de soi et désireux de changer le monde.

Parler aux autres de leurs grands mérites et leur témoigner des marques de haute estime, assister aux cérémonies entre gouvernants et ministres, intercéder entre le peuple et les dirigeants, voilà ce que font les politiciens et les serviteurs de l’État.

Partir à la découverte des étangs et des lacs, rechercher des lieux sauvages, ne s’occuper que de pêche et de bien-être, tout ceci démontre l’intention de ne rien faire. Voilà ce que font ceux qui fuient la société et recherchent l’oisiveté.

Pratiquer des exercices respiratoires, suivre les enseignements secrets, vivre dans les arbres et apprendre les mouvements des oiseaux, voilà ce que font ceux qui entraînent leur corps pour acquérir la longévité.

Cependant, toutes ces activités n’ont aucun effet sur notre propre nature.

Les gens du Tao ont du caractère sans pour autant avoir d’idées préconçues. Ils n’ont besoin ni de vertu ni de bienveillance pour s’améliorer, ni d’actions prestigieuses ni de renommée pour diriger; ils savourent le plaisir de vivre sans besoin de mer ou de rivière et atteignent un grand âge sans techniques respiratoires.

Conclusion : L’homme ordinaire considère que pouvoir, bienveillance et vertu, mérite, position privilégiée et techniques d’épanouissement sont avantageux pour son développement. L’homme du Tao les considère plus comme des obstacles que des aides.

Source :

Tchouang Tseu 2, La musique de la vie  
Tsai Chih Chung
Coll. Philo-Bédé – Carthame Éditions; 1995

L’auteur de ces formidables bandes dessinées, Tsai Chih Chung, est originaire de Taiwan. Ce bédéiste est reconnu comme le pionnier de la traduction en bandes dessinées des grands classiques de la littérature et de la philosophie taoïstes.

Extraits de l’intro : Bien que Tchouang Tseu soit presque aussi connu que Lao Tseu, les informations historiques concernant ce grand sage du Taoïsme sont imprécises. Selon l’historien Sima Qian, il serait originaire de Meng dans la province de Henan. Il s’établit à Qi Yuan, dans l’état de Song, où il occupait le poste d’un petit fonctionnaire.  Il y écrivit son ouvrage, le Nanhua Zhenjing, composé de 33 chapitres. Tchouang Tseu aurait vécu de 369 à 286 av. J.-C. et serait contemporain de Mencius, le plus confucianiste après Confucius lui-même. Refusant de servir un prince ou un gouvernant, il vécût une vie humble (non misérable, mais pauvre, comme il le décrit lui-même). Il n’accordait aucune valeur ni au confort personnel ni à la renommée officielle. Le développement de la pensée philosophique et religieuse, notamment du Zen, s’en est largement inspiré. Selon Tchouang Tseu, l’homme atteint l’illumination lorsqu’il s’aperçoit que la vie est faite de mouvements et de transformations incessantes, quand il parvient à se libérer de ses aspirations personnelles, des traditions de toutes sortes et de sa participation à des situations qui l’empêchent de vivre en harmonie avec le Tao qui embrasse l’Univers.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire