30 juin 2010

Espoir!

À chaque fois que je publie quelque chose de déprimant, j'ai envie de riposter avec quelque chose d'inspirant. Réalités parallèles de ce monde de dualité ou de multiplicité.

Dieu merci, il y a encore des êtres – «humains» ceux-là – capables d’amour, de bonté et de bienveillance. Capables aussi de créer de la joie et de la beauté.

Un exemple :
Le domaine équestre ÉquiLibre dans les Pyrénées
Partager la joie de vivre de 70 chevaux pieds nus, libres sur plus de mille hectares au cœur des Pyrénées.
Une équitation nouvelle, sans fers et sans mors, en harmonie avec l´amour du cheval. Nous nous appliquons à démystifier la pratique de l'équitation, présentée trop souvent comme difficile.


Photo : ÉquiLibre
Nous encourageons les cavaliers néophytes à débuter leur carrière équestre par la randonnée. Bien sûr la préparation sérieuse de nos montures, la connaissance parfaite de la montagne et le sens du contact font en sorte que l'aventure garde toute sa saveur et son émotion. Le plaisir de randonner rencontre le savoir-faire professionnel. 
À visiter, au moins sur Internet : http://www.equi-libre.fr/ - beaucoup de vidéos extrêmement touchantes et des paysages époustouflants. 

C’est le paradis des chevaux sur terre, à mon avis!

Note: Lorsque j'ai visité les Pyrénées, je ne connaissais pas ce paradis.
Dites-moi, Citoyen planétaire, si vous habitez en France, avez-vous déjà eu l'immense privilège de visiter ce domaine?

Sonnet pour un cheval


Photo : ÉquiLibre

Quelques pas, un saut et il s’élève au Firmament
Merveilleux être de lumière divine
Fils élu de cette Nature Sublime
Alchimie organique des quatre éléments
Cheval tu es le Feu qui fait brûler le vent
Le souffle d’Air de la Beauté Parfaite
L’animal de la Terre au profil d’Athlète
qui comme l’Eau, coule au gré du Temps
Pégase de la Nuit je suis Bellaphoron
Pur Sang inaccessible et Roi comme le Lion
Cheval tu tiens dans ton cœur le monde
Étalon de légende, passion céleste de Chine
Puissant comme Perceval, Hercule ou bien Odin
Tu es l’Universel, tu propages le Bien

-- Winston Perez, 2009

***
Soulful eyes


Photo web

Pink and white nose puffing in my ear.
A huge yet delicate creature, graceful as a deer.


These are just some of the reasons I love horses. Love hardly describes this all-consuming passion. I can remember my heart beating faster the first time I saw a horse in a picture book, then the adrenaline rush when I petted a horse for the first time. At 3, I ran away from my family to get to the horses at a resort where we were vacationing.

Only fellow horse lovers truly understand our common affliction. We cannot live without regular interaction with horses. It is so much more than an expensive hobby. I call it cheap therapy.

God knows, I didn't ask for this mania (handed down through the generations of women on my Mom's Irish side), but as long as I feed it by always having a horse in my life, there truly is no greater joy.

-- Jennifer Goldstone

Source:
Horse tales, Readers tell about horses who changed their world

29 juin 2010

Bédé souvenir

Note 1er juillet : désolée pour qui aurait aimé revoir/relire ce billet, mais je préfère le modifier simplement pour ne pas donner plus d'énergie qu'il ne faut à ce scénario navrant qui éveille plus d'acrimonie que de compassion. De toute façon, l’événement a été suffisamment médiatisé pour que chacun puisse se faire une opinion. Je veux utiliser mes pixels à plus inspirant.
 
Je laisse néanmoins quelques réflexions pertinentes.

«Depuis qu’il y eu deux hommes sur la terre, cela a été un écœurant spectacle de les regarder agir; cela n’a pas changé depuis et ne changera vraisemblablement jamais.»
«Le plus surprenant dans ce scénario qui se déroule dans un Olympe quelconque et qui a pour personnages de petits dieux qui s’ennuient, c’est que l’actualité y est présente dans ce qu’elle a de plus horrible : la bombe atomique qui a réduit à néant Hiroshima et que les Français viennent d’expérimenter à Bikini. Les petits dieux jouent à la bombe atomique et se bousculent pour mieux voir « le spectacle d’annihilation». - 1946 (Alexandra David-Néel; biographie de Jean Chalon)
 
Toujours les mêmes combats pour la suprématie depuis que le «vivant» a envahi la planète. D’abord chez les animaux, puis au sein des tribus, clans, régions, pays, royaumes, états et continents – voilà l’histoire de notre petite planète. Seuls les décors et l’artillerie ont changé – on ne tue plus avec des flèches, on tue avec des canons, révolvers, tasers, gaz toxiques et autres.
Nous n’avons pas évolué.
Nous vivons dans un monde de brutalité que le vernis socioculturel ou religieux, quel qu’en soit l’épaisseur, n’éliminera jamais.

***
Quand les rois préparaient la guerre ils se visitaient toujours avant, histoire de tester les alliances possibles...

***
Pour des photos : Reuters / The Globe and Mail
 
***
«Les villes et le spectacle d’agitation qu’elles offrent sont affligeants et fatigants. À quoi bon tout le tourment que prennent les hommes? Ils semblent un tas de fous recherchant les moyens de se torturer eux-mêmes. Je souris devant les peintures naïves de l’Enfer que l’on voit dans les temples des diverses religions. Comme elles sont enfantines, en dessous de la réalité! Sans passer en aucun «autre monde» on voit bien mieux en fait de torture tout autour de soi! »
(Alexandra David-Néel, Correspondance)


***

Quand on est jeune, on croit dur comme fer qu'on peut changer le monde. Après l'université, on rentre dans le système - il faut bien gagner son droit de vivre. À la retraite, on regarde tout ça et l'on se dit "plus ça change, plus c'est pareil".

***
Je pensais à toute la pollution inutile occasionnée. Je regardais les oiseaux dans les rues, eux aussi empoisonnés par les gaz toxiques, les fleurs et les parterres saccagés.
On n’a pas envie d’haïr, on a juste envie de pleurer.


Forgiveness is the fragrance the violet sheds on the heel that has crushed it.
Le pardon c’est le parfum que la violette répand sur le talon qui l’a écrasée.
(Mark Twain)

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«L’industrie lourde est peut-être l’une des principales causes de la guerre. Lorsque l’industrie et l’économie marchent main dans la main avec la politique, elles doivent inévitablement semer la division pour préserver leur stature économique. Tous les pays, grands et petits, agissent de la sorte. Les petits [pays] sont armés par les grandes nations – certains discrètement, clandestinement, d’autres ouvertement. Le besoin d’afficher son arrogance ou de se montrer supérieur aux autres serait-il la cause de toute cette souffrance et de cet énorme gaspillage d’argent en armements?

C’est notre terre, non pas la vôtre ni la mienne. Nous sommes appelés à y vivre, à nous aider les uns et les autres, non pas à nous détruire les uns et les autres… Si vous blessez les autres, si vous tuez les autres, en vertu de la colère ou du massacre organisé qu’on appelle guerre, vous, qui constituez le reste de l’humanité, non pas des individus séparés du reste de l’humanité, vous vous détruisez vous-mêmes.

Je peux sembler très cynique, mais le cynique est en fait un réaliste. Le cynisme vous aidera à poser un regard lucide sur ce qui se passe dans le monde. L’instinct biologique est très puissant, et c’est probablement la peur de l’extinction, non pas l’amour ou la compassion, qui sauvera l’humanité.»

(Krishnamurti, conférence datant de 1983)

Note : Pas certaine que même l’instinct biologique puisse sauver l’humanité.
À quand la sixième extinction, le kali yuga?

26 juin 2010

Vous apprenez



Après un certain temps, on apprend la subtile différence
entre tenir une main et enchaîner une âme.

Et on apprend qu’aimer ne signifie pas se soumettre,
et que fréquenter quelqu'un n'est pas synonyme de sécurité.

Et on commence à apprendre que les baisers ne sont pas des engagements
et que les cadeaux ne sont pas des promesses.

Et on commence à accepter ses échecs la tête haute et les yeux ouverts,
avec la sagesse de l'adulte et non la tristesse de l’enfant.

Et on apprend à construire aujourd’hui,
parce que demain est trop incertain pour faire des plans,
et que le futur a une façon de tomber au beau milieu de son envol. 

Après un certain temps on apprend que même la lumière du soleil
brûle si on en abuse.

Alors, cultivez votre propre jardin et décorez votre âme,
plutôt que d’attendre qu'on vous apporte des fleurs.

Et on apprend qu'on peut supporter beaucoup...
qu'on dispose d’une grande force
et qu'on est vraiment quelqu'un.

On apprend, on apprend...
À chaque au revoir, on apprend.
 
Véronica A. Shoffstall

25 juin 2010

Ouvrir son coeur

Ce poème de J. Krishnamurti a été largement diffusé sur Internet. J’aime ses effluves de baume calmant et j’ai eu envie de le publier, un peu pour compenser la lourdeur des événements actuels.


La Lune amoureuse du Soleil

Viens avec moi t'asseoir près de la mer,
Ouvre ton cœur, sois libre.
Je te parlerai d'une paix intime
Comme celle des profondeurs calmes,
D'une liberté intime
Comme celle de l'espace
D'un bonheur
Comme celui des vagues qui dansent.
Vois, la lune trace un chemin de silence sur la mer sombre.
Ainsi, devant moi, l'intelligence ouvre un sentier lumineux.
La douleur gémissante se cache sous la moquerie d'un sourire,
Le poids d'un amour périssable alourdit le cœur,
La raison est déçue et la pensée s'altère.
Ah, viens t'asseoir près de moi,
Ouvre ton cœur, sois libre.
Comme la lumière que la course immuable du soleil ramène,
L'intelligence en toi viendra.
Les lourdes terreurs d'une attente angoissée
S'en iront de toi, comme les vagues reculent sous l'assaut des vents.
Viens t'asseoir près de moi,
Tu sauras quelle intelligence naît d'un amour vrai.
Comme le vent chasse les nuées aveugles,
La pensée claire chassera tes préjugés stupides.
La lune est amoureuse du soleil
Et le rire des étoiles emplit l'espace.
Oui, viens t'asseoir prés de moi,
Ouvre ton cœur, sois libre.

J. Krishnamurti
(1930 - Étoile de Juillet)

19 juin 2010

Le lys des marais


Le lys n’érige aucune barrière
Sa texture lustrée et princière
Invite les insectes à frôler sa robe
Pour atterrir en son lobe

Le lys s’ouvre tel un espace vide
À la sécheresse du chemin aride
À la pourriture du marécage
Nulle tempête n’érode son habillage

Le lys se sait immortel
Car à l’hiver accidentel
Succède un printemps débridé
D’eau et de soleil inondé

Le lys obéit au cycle fatal
Du renaître végétal
Narcisse s’admire et se reproduit
Naïf prisonnier du jeu introduit

Voilà le va-et-vient machinal
De notre monde phénoménal
Où tout se crée inconsciemment
Sous l’effet de l’envoûtement

Mestengo © 2002

15 juin 2010

Quête de vérité 1

Jurez-vous de dire la vérité, rien que la vérité?

Les vérités sont fonction de perceptions basées sur le vécu émotionnel et culturel de chacun. Lorsqu’on entretient une croyance, elle devient une vérité par l’émotion. C’est ce qui explique que chacun croit détenir la vérité suprême. Les vérités découlent d’opinions, d’attitudes, de croyances devenues des absolus dans la pensée d’un individu http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/05/nos-dogmes.html  Une chose peut être vraie pour quelqu’un et fausse pour un autre. Qui a tort, qui a raison? http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/04/on-ne-sait-jamais-qui-raison-ou-qui.html  Les deux personnes ont raison car leur perception est en rapport avec leur expérience et leur intelligence des choses. Celui qui considère que seule sa vérité est bonne fait preuve d’une intelligence limitée. Chaque individu, pour les besoins de son expérience, cherche les vérités qui le confortent dans ce qu’il veut croire. Par conséquent, l’on trouve autant de vérités qu’il y a d’individus sur terre. Si quelqu’un ne comprend pas notre vérité, c’est qu’il est profondément pris dans la sienne.

Notre culture propose beaucoup de programmes et de croyances relativement à ce qui serait bon et valable pour nous – être immensément riche, ou célèbre ou très spirituel par exemple. Toutes ces choses peuvent être bonnes si elles proviennent d’un désir de l’âme. Mais elles peuvent aussi nous barrer le chemin si elles servent uniquement à créer une image correspondant au désir de l’ego ou de la personnalité. Si la société ne projetait aucune image de ce qui est bon ou valable, que ferions-nous de notre vie? Notre société a mis l’emphase sur la productivité plutôt que sur la paix, la joie, la compassion et l'amour.

Image : La politique, Tarot zen 
Le mensonge
Le mensonge révèle l’intention d’escroquer, de leurrer sciemment et un manque de sincérité. La dissimulation et la tromperie n’ont qu’une seule et unique cause : la peur. Le «petit moi» a peur de perdre quelque chose ou quelqu’un, peur d’un manque quelconque, peur d’être jugé ou de perdre la face. Le «petit moi menteur» veut tout posséder et contrôler à son avantage, sans respecter autrui ni réfléchir aux conséquences de ses actes.

Il existe donc toute une panoplie de mensonges, du bienveillant au crapuleux. Le mensonge «de protection» sert à nous rendre les choses plus faciles – il déborde de bonnes intentions. Le mensonge «manipulateur» sert nos plans – nous manipulons la vérité à notre profit pour obtenir ce que nous voulons. Le mensonge «impersonnel» nous fait frauder le fisc et nos associés – «tout le monde le fait!» Le mensonge «de surenchère» fortifie notre ego – on veut impressionner la galerie, prouver qu’on peut faire mieux que les autres. Et puis, il y tous les mensonges de rattrapage, de conspiration et de camouflage, les mensonges muets.

Si vous ne voulez pas qu’on le sache, ne le faites pas!
(Proverbe zen)

Or combien de fois n’avons-nous pas entendu : «fais-le, mais ne te fais pas prendre» ou «ce qu’on ignore ne fait pas de mal». Certains pensent même qu’en certains cas, mentir est bénéfique. Mais le moindre petit mensonge fait son chemin et nous laisse généralement dans un état de confusion, d’incertitude, de doute et de ressentiment. Au fond, la personne qui ment sous-entend qu’elle mérite un statut spécial – elle trouve tout à fait normal de mentir pour servir ses plans, son égoïsme. Les gens qui la démasqueront éventuellement deviendront alors méfiants et sa crédibilité sera à jamais suspecte. Comment savoir si un menteur notoire dit la vérité? Il est dit qu’on peut mentir très longtemps à une seule personne, moins longtemps à plusieurs, mais qu’on ne peut pas mentir à tout le monde tout le temps sans être découvert.

Dans son livre Creative Living, Clark Mustakas écrit : «Être honnête au sein d’une relation est parfois terriblement pénible et difficile. Pourtant, dès qu’on s’écarte de la vérité, certaines fibres de notre ego semblent se détacher, et la personne commence à éprouver de la déception et de l’amertume. Le mensonge est une façon de manipuler l’autre en l’empêchant de découvrir nos vrais sentiments et nos vraies pensées.»

Il y a diverses manières de faire face aux situations complexes de la vie avec intégrité. Le Dr Roger Gould (Transformations) dit à ce propos : «La vérité, quelle qu’elle soit, doit être notre objectif. Tout mensonge entraîne des jugements erronés, puis des mauvaises décisions, qui peuvent avoir des conséquences imprévisibles sur nos vies. Qui plus est, tout mensonge de protection génère une crevasse psychique d’où surgiront des angoisses inexpliquées. Les mensonges qui sont sensés nous protéger de la souffrance nous en infligent une supplémentaire. Nous multiplions les mensonges pour nous protéger des corrections naturelles de la vie quotidienne. Plus nous sommes sur la défensive, plus notre processus de pensée en souffre et plus nous aliénons notre esprit car toute nouvelle information est susceptible de contredire les mensonges que nous nous racontons. Ainsi, plus nous mentons, plus nous nous séparons des autres.»

Si vous dites la vérité, vous n’avez pas besoin de vous rappeler de quoi que ce soit. (Mark Twain)

Le choix est simple : on ment ou on dit la vérité. Dire la vérité, c’est assumer les conséquences de nos gestes, de nos paroles et de nos choix, même si nous les devons à notre inconscience. Être franc, c’est faire confiance à l’autre et le respecter. Le besoin de croire est humain et tout à fait justifié car il n’y a pas de confiance sans vérité et pas d’amour sans confiance. Nous confondons souvent vérité avec «désobligeance», alors que même une vérité désagréable peut s’exprimer avec gentillesse.

La franchise est le sentier direct vers la liberté car si nous n’avons rien à cacher, si nous n’avons pas honte de ce que nous avons fait, personne ne peut nous manipuler. Dire la vérité, c’est se permettre d’être soi-même! Si nous avons fait des erreurs, nous pouvons en parler avec les personnes concernées, et si nous sommes sincères, elles devraient comprendre. Si ce n’est pas le cas, on accepte de payer la facture de nos bévues.

Notre époque tend à exposer le mensonge au grand jour de plus en plus. Plusieurs associations d’affaires, relations de couple et autres, éclatent parce que notre véritable identité (cette partie branchée sur des circuits de conscience supérieurs) se fait graduellement plus de place en nous. Cette identité est amour et vérité. Autant nous préparer immédiatement à voir nos vieilles habitudes égoïstes se désintégrer.

Vérité et fidélité
Que les relations entre gouvernants et gouvernés ressemblent ironiquement aux relations de couple, oh-là-là!

Perdre un partenaire qui manque de transparence, malgré les blessures que cela suppose, est mille fois mieux que de vivre dans le doute à perpétuité.

Selon un rapport statistique, 99% des hommes - c’est quand même quelque chose - trompent et mentent dans leurs relations de couple. Il y a une catégorie de polygames chroniques pour qui la fidélité est sans importance. Ces derniers entretiennent simultanément des relations multiples tout en se gardant une «régulière» pour les périodes de «creux». Et puis, il y a une autre catégorie d’hommes qui, eux, passent d’une relation monogame à une autre – jamais deux en même temps, mais une par derrière l’autre! Ces hommes qui trompent et mentent ne s’engagent pas, n’éprouvent jamais de culpabilité et manipulent sans vergogne. Ils sous-estiment les conséquences de ce qu’ils font vivre à leurs partenaires, à savoir, les blessures d’estime de soi, les sentiments d’impuissance, d’humiliation, de trahison et d’injustice. Ils sont la plupart du temps incapables de dire qu’ils n’aiment plus et d’être intègres en quittant définitivement leur partenaire (par crainte de perdre les avantages que la relation leur fournit). Pourtant, il existe des façons honorables de mettre fin à une relation.

D’un autre côté, il y a encore des hommes honnêtes, capables d’offrir une relation basée sur la confiance et le respect mutuels.

Pour se lier, il faut être délié. Il faut aussi s’engager. Les relations les plus durables comportent généralement un projet commun et une volonté d’être fidèle à l’intérieur d’une liberté basée sur la confiance mutuelle.

Néanmoins, même si l’on signe des pactes de fidélité ou de loyauté dans le béton, avec des partenaires ou des associés, rien ne garantit que chacun les respectera. Il y a toujours une part de risque.

Parfois quand on gagne on perd.
Parfois quand on perd on gagne.

Quête de vérité 2

Fascinante cette bédé – il y a toujours un petit conte taoïste qui convient au débat du jour.
Source : Tchouang Tseu 2, La musique de la vie; auteur – TSAI CHI CHUNG ; Philo Bédé, Carthame Éditions

Les péchés de Bo Le

Avec ses sabots, le cheval supporte le gel et la neige, avec son pelage, il supporte le froid et le vent. Il se nourrit d’herbe, il aime galoper et saute très haut. Voici la vraie nature du cheval. Même si on lui offrait un palais à larges terrasses, le cheval y serait indifférent.

Mais depuis l’arrivée de Bo Le, tout a changé pour les chevaux. «Je suis un excellent entraîneur », disait-il.

Il les marquait, taillait leur crinière, rognait leurs sabots, les harnachait, les entravait et les bridait. Soumis à de tels traitements, deux à trois chevaux sur dix mouraient.

Pour tester leur endurance, il les privait d’eau et de nourriture. Il les faisait trotter et galoper en utilisant les rênes, le fouet et les éperons. Ajouté à la vie en enclos, ceci en faisait mourir un sur deux.

Conclusion 
Agissez sans motifs personnels et le peuple changera de lui-même. Ne tracassez pas le peuple et il vivra en ordre par lui-même. Le sage, invoquant la bienveillance, la vertu et le dépassement provoque l’apparition de l’hypocrisie et de la fourberie.

14 juin 2010

IMAX


Un beau matin, j’enlèverai mes fripes
et je sortirai de mon cinéma en temps réel

Tandis que les vedettes du prochain film amateur
s’introduiront dans leur décor,
je m’assoirai au parterre d’IMAX
pour visionner l’énième copie
d’une mascarade à la trame usée

Qui sera le plus fortuné ou le plus indigent?
Qui sera le plus brillant ou le plus idiot?
Qui jouera la victime ou le bourreau?
Qui sera Saddam ou Mère Térésa?

Qui remportera la palme d’or du scénario
le plus navrant ou le plus astucieux?

La salle retentira de clameurs,
d’applaudissements et de vivats …
à nous les Oscars!

Et puis … black-out

Les dernières «stars d’une vie»
se dépouillent de leurs artifices
et cheminent vers les loggias en se disant :
nous ferons mieux à la prochaine saison!

Les spectateurs du balcon
remettent leurs costumes d’acteurs
et regagnent le super écran vivant

Stars et figurants brillent le temps d’un éclair
au firmament de la Metro Goldwyn Mayer astrale

Un rôle de plus, un rôle de moins, autant en emporte le vent …
“Frankly, my Dear, I don’t give a damn!”

Mestengo © 2003

12 juin 2010

Noces noires

Les grandes nations courtisent l'Alberta

Par 4 chemins, samedi 12 juin 2010
Jacques Laguirand
À écouter : http://www.radio-canada.ca/emissions/par_4_chemins/2009-2010/index.asp

Première heure : L'après-pétrole a commencé

L'or noir s'épuise. Dans deux ou trois décennies, les réserves auront diminué de façon spectaculaire, selon les pessimistes. Au contraire, rétorquent les optimistes, il en reste beaucoup. Au fond, peu importe, car le pétrole doit mourir.

L'après-pétrole a commencé, de Serge Enderlin, Éditions du Seuil

***
Les sables bitumineux  

Source: Wikipédia 
Un sable bitumineux (ou bitumeux) est un mélange de bitume brut, qui est une forme semi-solide de pétrole brut, de sable, d'argile minérale et de l'eau. En d’autres mots, c’est un sable enrobé d’une couche d’eau sur laquelle se dépose la pellicule de bitume. Plus la pellicule de bitume est épaisse, meilleurs sont les sables bitumineux en termes de quantité de pétrole extractible. Après extraction et transformation des sables bitumineux, on obtient le bitume, qui est un mélange d’hydrocarbures sous forme solide, ou liquide dense, épais et visqueux. Les gisements de sable bitumineux représentent une importante source de pétrole brut de synthèse, ou non conventionnelle. Les principales réserves se situent en Alberta (Canada) et dans le bassin du fleuve de l'Orénoque, au Venezuela. De plus petits gisements de sables bitumineux existent dans d'autres endroits du monde.

Impact environnemental
L'extraction minière des sables bitumineux a un impact important sur les écosystèmes. En Alberta, cette forme d'extraction détruit complètement, dès l'ouverture de la mine à ciel ouvert, la forêt boréale, et a des conséquences directes sur l’air. Des centaines de km2 de territoires sont dévastés. La forêt boréale canadienne couvre 5 millions de km2 dont les trois quarts restent totalement vierges. Le développement de l'extraction des sables bitumineux pourrait toutefois affecter une zone bien plus large. L'exploitation sylvicole et minière fragmente la forêt à grande vitesse. La vie de la forêt boréale provient du sol, qui est composé d’ingrédients biologiques essentiels. En rasant la forêt boréale et en détruisant le sol, il y a destruction de ces ingrédients biologiques essentiels à la vie de la forêt boréale. L'industrie minière considère que la forêt boréale reprendra sa place sur les terrains restaurés après la période d'extraction, mais aucun terrain n'est considéré «restauré» quelque trente ans après l'ouverture de la première mine dans la région du Fort McMurray en Alberta.

De plus, l’extraction des sables bitumineux dégage des agents polluants, tel que le méthane. Aussi, la forêt boréale est composée de tourbières, qui sont des réservoirs naturels de dioxyde de carbone. En détruisant la forêt, on détruit ces tourbières, ce qui engendre une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Or l'extraction d'un seul baril de pétrole des sables bitumineux de l'Alberta génère plus de 190 kg de gaz à effet de serre (GES). L’exploitation des sables bitumineux génère des gaz très nocifs, tel que l’anhydride sulfureux, qui est responsable, même à des quantités très faibles, de l’acidification des lacs et des forêts. En 2003, l’Alberta a été nommée la capitale de la pollution atmosphérique du Canada avec une génération de plus d’un milliard de kilogrammes d’émissions de gaz à effet de serre. En produisant un baril de pétrole extrait des sables bitumineux, on génère trois fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que la production d’un baril de pétrole classique. Aujourd’hui, la compagnie d’exploitation des sables bitumineux Suncor rejette 600 tonnes de gaz naturel à l’heure.

La croissance prévue de la production du pétrole synthétique albertain menace aussi les engagements internationaux du Canada. En ratifiant le Protocole de Kyoto, le Canada s'est engagé à réduire, d'ici 2012, ses émissions de GES de 6 pourcent par rapport à l'année de référence (1990). Au lieu de la diminution des GES, une augmentation de 145 mégatonnes des émissions de GES sera observée, dont le quart proviendrait de l’exploitation des sables bitumineux. En 2002, ses émissions étaient supérieures de 24 pourcent à l'année de référence.

L’extraction du bitume des sables bitumineux a des conséquences directes sur l’eau et l’air. Une grande quantité d’eau est requise pour le procédé à l’eau chaude, soit de 2 à 5 barils d’eau douce pour produire un seul baril de pétrole. Il faut donc puiser cette eau dans les grands cours d’eau, ce qui va entraîner un assèchement des sols et une baisse de la nappe phréatique. L’eau usée, qui est un mélange très toxique, est rejetée dans les bassins situés près de la rivière Athabaska. La pêche, étant la source de subsistance de la communauté, est donc impossible à pratiquer, puisque l’eau de la rivière est trop polluée. Aussi, cette eau à des conséquences néfastes pour les animaux. Il faut donc empêcher les animaux de s’approcher de la rivière. Aussi, l’eau usée peut être utilisée pour la réhabilitation du territoire, qui a été perturbé. Cependant, cette eau est très polluée, puisqu’elle contient plus de 250 ingrédients différents toxiques, tel que le méthane, le xylène, le benzène, le mercure, l’arsenic et d’autres hydrocarbures. Avec le temps, il y a une bioaccumulation de ces produits chimiques, mais la concentration n’est pas connue. La toxicité s’amplifie donc, puisque la plupart des produits chimiques ne disparaissent pas et ne se dégradent pas biologiquement.

Enfin, le chauffage des sables bitumineux, en but d’extraire le bitume, nécessite beaucoup de gaz naturel, ce qui va augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Il y a 10 ans, 16 millions de tonnes de gaz à effet de serre étaient rejetés lors du chauffage des sables bitumineux et dans 10 ans, ce sera 65 millions de tonnes de gaz à effet de serre, qui proviendront de la même source. De plus, une odeur désagréable rend les gens malades et cette pollution de l’air est entraînée vers les provinces de l’Est du pays, causant ainsi des pluies acides.

La parution de mars 2009 du National Geographic contient un reportage de 24 pages qui dénonce la pollution liée à l'exploitation des sables bitumineux en Alberta.

***
Comme des vautours...

Janvier 2007 - L'entente canado-américaine sur les sables bitumineux qui quintuplerait la production pétrolière albertaine pour satisfaire les besoins du marché américain prévoit également de simplifier le processus d'approbation environnementale pour les nouveaux projets énergétiques.

Quelles seront les conséquences d'une telle augmentation de la production de pétrole tiré des sables bitumineux sur l'environnement?

Cette hausse nécessitera la construction de nouvelles raffineries et de nouveaux oléoducs, pour transporter le brut albertain jusqu'en Californie et dans le sud du Texas. Et avec une production actuelle de un million de barils par jour, le pétrole des sables bitumineux est déjà la principale source d'augmentation des gaz à effet de serre au Canada. (Desautels, Radio-Canada)

***
Février 2007 - Selon le magazine Time, le Canada possède un immense trésor : les gisements de sables bitumineux de l’Alberta, deuxièmes en importance au monde après les réserves de l’Arabie saoudite. Pour mettre la main sur ce trésor, il faut pourtant payer un prix exorbitant sur le plan environnemental. En effet, l’extraction du pétrole des sables bitumineux consomme beaucoup plus d’énergie que l’exploitation des puits de pétrole traditionnels et émet une grande quantité de gaz à effet de serre (GES).

***
Parmi les impacts

http://lcn.canoe.ca/lcn/infos/national/archives/2008/08/20080819-210147.html?22082f5bb90f4120a1c9547d00ba0fa8

(Avec PC) 12 juin 2010 – Un poisson mutant a été capturé en aval de la région des sables bitumineux, dans le lac Athabasca, en Alberta.

Ce laquaiche aux yeux d’or, qui pèse 2,5 kilogrammes, a deux bouches.

Il a été découvert par deux garçons, qui ont ensuite montré le spécimen au responsable de la conservation de la ressource pour Parcs Canada, au parc national de Wood Buffalo.

Les informations au sujet du poisson mutant seront envoyées à un organisme constitué de spécialistes du gouvernement et de l’industrie surveillant la santé des rivières et des lacs.

Un rapport devrait être envoyé au Programme de surveillance aquatique régionale (RAMP) de l’Alberta, qui a été établi afin d’identifier et de faire face aux éventuels impacts de l’exploitation des sables bitumineux.

11 juin 2010

L'échelle des voleurs


Assieds-toi, mon âme,
Sur le dernier barreau de l’échelle
Ciel/purgatoire/enfer/karma,
Damnation et bonheur éternels

Assieds-toi, mon âme,
Sur le dernier barreau de l’échelle
Des voleurs d’âmes
Qu’on refile à la contrebande du désir

Assieds-toi, mon âme,
Contemple ce bazar
Et libère l’Esprit du joug de la matière
Désormais, tu y es sans y être

File, mon âme, mon étoile,
Balance-toi au bout des bras de l’Univers
Vole, danse, célèbre ta course
Immobile au cœur du temps

Ne t’arrête, mon âme,
Que pour le ruisseau, la montagne,
La fleur, l’oiseau et l’enfant
Que l’amour a réunis

Plus besoin, mon âme,
De pleurer la vie ni de chanter la mort
Tu peux sourire paisiblement
Car je te libère de la servitude

Mestengo © 2003

Un vrai déclin

Et pas seulement de civilisation!

«Nous voulons du pain, du vin, et des jeux!»
Pendant qu'on dépense des sommes colossales – je ne trouve pas d’adjectif adéquat – pour les G8/G20, le Grand Prix, le Mondial de soccer, et quoi encore, l'hécatombe se répand.

À partir des baleines et des dauphins jusqu’aux sardines, à partir des étoiles de mer jusqu’aux récifs coralliens, à partir des organismes microscopiques jusqu’à tous les poissons de la mer, le cartel a entamé une tuerie, et il tuera jusqu’à ce qu’on l’arrête. Êtes-vous le bon homme pour faire le travail, Monsieur le Président?
(J. Speer-Williams, Infoguerilla) 

De quel droit mettez-vous des oiseaux dans des cages?
De quel droit ôtez-vous ces chanteurs aux bocages?
Aux sources, à l'aurore, à la nuée, aux vents?
De quel droit ôtez-vous la vie aux vivants?
(Victor Hugo; 1802-1885)

On n'a pas deux cœurs, l'un pour l'homme, l'autre pour l'animal…
On a du cœur ou on n'en a pas.
(Alphonse de Lamartine; 1790-1869)

10 juin 2010

BP Spills Coffee



Meilleure parodie sur le sujet jusqu'à maintenant.

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Nous sommes loin de tout savoir sur ce qui se passe dans le Golfe.
Pour avoir l'heure juste voyez le site dont Zacharie Richard est porte-parole http://www.gulfaidacadiana.org/  :
Breaking news:
Conférence de Zachary Richard sur la marée noire dans le Golfe du Mexique
Zachary Richard crée une fondation pour venir en aide aux pêcheurs louisianais

Gulf Aid Acadiana is a community response to the aftermath of the Deepwater Horizon oil drilling catastrophe. Our mission is to assist in the restoration of the ecological, economic and social well being of coastal Louisiana. In the short term we will concentrate on assisting impacted fishermen and their families. In the long term, our mission is to assist in the restoration of the ecological vitality of Louisiana’s coastal wetlands, which are essential to our environmental, economic and cultural health.

Though our priority is the Acadiana Gulf coast from Barataria Bay west, our view is pan-Gulf. We will evaluate needs as they arise and collaborate with other agencies’ efforts to contribute to community and coastal restoration along the greater Gulf coast. Moreover, Gulf Aid Acadiana is industry neutral.

À la suite de la catastrophe Deepwater Horizon, nous venons de créer la fondation Gulf Aid Acadiana dans l’espoir de venir en aide aux communautés sinistrées. Notre mission est de restaurer l’environnement écologique, économique et social du littoral louisianais. À court terme nous allons aider les pêcheurs et leurs familles. Notre mission à long terme est la restauration de la vitalité des « wetlands » et de tous les êtres, gens et animaux, qui en dépendent.

Notre priorité sera la région d’Acadiana, c’est à dire de la Baie Terrebonne vers l’ouest. Cependant notre mission nous permettra de travailler au bien-être des communautés et à la restauration de l’environnement naturel tout au long du littoral.

L’agenda

N’oubliez pas que, le jour de votre mort, votre agenda sera plein

Nous sommes nombreux à vivre comme si le secret d’une existence réussie consistait à abattre le plus de besogne possible. Couchés et levés tôt, nous nous interdisons toute distraction, et nous négligeons les êtres que nous aimons. Certains – j’en ai connu – poussent si loin l’aveuglement que leurs conjoints finissent par faire leur valise…

Je sais ce qu’il en coûte d’être un bourreau de travail, je suis passé par là. Souvent, nous essayons de nous persuader que notre obsession pour les «dossiers à traiter» est temporaire : lorsque nous serons au bout de la pile, nous pourrons nous détendre, être enfin heureux. Mais précisément, on n’en voit jamais le bout! À mesure que ces dossiers sont réglés, d’autres viennent aussitôt les remplacer dans la corbeille des «affaires courantes».

Par définition, cette corbeille ne doit jamais être vide. Il y aura toujours des coups de fil à passer, des rendez-vous à prendre et des projets à suivre. Après tout, un agenda bien rempli est synonyme de succès : cela prouve que vous êtes demandé!

Toutefois, qui que vous soyez et quelle que soit votre profession, n’oubliez jamais que rien n’est plus important dans la vie que votre bonheur et celui de vos proches. Si vous ne pensez qu’à boucler toujours plus de travail, vous ne connaîtrez jamais le bien-être! Pratiquement tous nos prétendus «coups de feu» sont des pétards mouillés. Ils peuvent bien attendre. Au fond, il y a très peu de dossiers qui tombent dans la catégorie «très urgent». Si vous restez bien concentré sur votre travail, il sera fini en temps voulu.

Le plus souvent possible, j’essaie de me rappeler que le but de la vie n’est pas de «charger le mulet» mais de savourer chaque instant et de vivre une existence pleine d’amour. Il me devient plus facile alors de contrôler ma tendance au surmenage. N’oubliez jamais une chose : à votre mort, il y aura encore des tas de rendez-vous sur votre agenda et des tonnes de travaux à finir. Et vous voulez que je vous dise? Quelqu’un d’autre s’en chargera à votre place. Alors prenez le temps de vivre!

Source : RICHARD CARLSON, «Ne vous noyez pas dans un verre d’eau», Cent conseils pour vous simplifier la vie!; J’AI LU – Bien-être

9 juin 2010

On déménage

Sur la planète "X"... 


- C’est à mi-chemin dans la galaxie. Juste une petite planète. Mais nous l'aimons. Nous avons vaincu la maladie et la faim il y a des siècles. Pas de guerres, pas de crimes, pas d’accidents de circulation.
- Et la population?
- 286 trillions.

6 juin 2010

Pierre Rabhi

"De ses propres mains, Pierre Rabhi a transmis la Vie au sable du désert... Cet homme très simplement saint, d'un esprit net et clair, dont la beauté poétique du langage révèle une ardente passion, a fécondé des terres poussiéreuses avec sa sueur, par un travail qui rétablit la chaîne de vie que nous interrompons continuellement."
Yehudi Menuhin

Des songes heureux pour ensemencer les siècles...

Sachez que la Création ne nous appartient pas, mais que nous sommes ses enfants.

Gardez-vous de toute arrogance car les arbres et toutes les créatures sont également enfants de la Création.

Vivez avec légèreté sans jamais outrager l’eau, le souffle ou la lumière.

Et si vous prélevez de la vie pour votre vie, ayez de la gratitude.

Lorsque vous immolez un animal, sachez que c’est la vie qui se donne à la vie et que rien ne soit dilapidé de ce don.

Sachez établir la mesure de toute chose.

Ne faites point de bruit inutile, ne tuez pas sans nécessité ou par divertissement.

Sachez que les arbres et le vent se délectent de la mélodie qu’ensemble ils enfantent, et l’oiseau, porté par le souffle, est un messager du ciel autant que la terre.

Soyez très éveillés lorsque le soleil illumine vos sentiers et lorsque la nuit vous rassemble, ayez confiance en elle, car si vous n’avez ni haine ni ennemi, elle vous conduira sans dommage, sur ses pirogues de silence, jusqu’aux rives de l’aurore.

Que le temps et l’âge ne vous accablent pas, car ils vous préparent à d’autres naissances, et dans vos jours amoindris, si votre vie fut juste, il naîtra de nouveaux songes heureux, pour ensemencer les siècles.

Pierre Rabhi
Extrait du Recours à la Terre, Terre du ciel, 1995

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Solutions locales pour un désordre global
Un film de Coline Serreau

Derrière sa caméra, Coline Serreau observe les hommes. Solutions locales pour un désordre global, est le fruit d’un tour du monde à la rencontre de citoyens engagés.

«J’ai consacré trois ans au tournage de ce film. Il présente une somme de ce qui est nouveau dans les pensées et la vision du monde contemporain. Il montre ce qui n’est jamais dit, ou si peu, par les grands médias. Car, même s’ils commencent bien à s’y mettre, c’est de manière « soft ». Mon film l’est un peu moins ! A première vue, cela semble partir un peu dans tous les sens, mais en fait, pris dans son ensemble, ce film décrit ce qui se fait de différent pour la planète aux quatre coins du monde. Je montre des exemples très concrets de formes alternatives d’agriculture, je laisse parler les gens pour qu’ils expriment leurs réflexions ; qu’elles soient philosophiques, économiques, féministes ou autre. En fait, ce film met en avant et en images la pensée d’une autre société.» http://www.femininbio.com/ 

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Pierre Rabhi est à l’honneur dans le film de Coline Serreau "Solutions locales pour un désordre global". Dans son nouveau livre publié par Actes Sud, le fondateur du mouvement "Colibris" (dont l’objectif est de donner à chacun les moyens d’agir pour changer de modèle de consommation) signe un plaidoyer pour l’émergence de nouveaux modèles de société fondés sur la sobriété heureuse, l’autonomie, la coopération et la compassion.

"J’avais alors vingt ans, et la modernité m’est apparue comme une immense imposture."
Pierre Rabhi

Pierre Rabhi a vingt ans à la fin des années cinquante, lorsqu’il décide de se soustraire, par un retour à la terre, à la civilisation hors sol qu’ont largement commencé à dessiner sous ses yeux ce que l’on nommera plus tard les Trente Glorieuses. Après avoir dans son enfance assisté en accéléré, dans le Sud algérien, au vertigineux basculement d’une pauvreté séculaire, mais laissant sa part à la vie, à une misère désespérante, il voit en France, aux champs comme à l’usine, l’homme s’aliéner au travail, à l’argent, invité à accepter une forme d’anéantissement personnel à seule fin que tourne la machine économique, point de dogme intangible. L’économie? Ce n’est plus depuis longtemps qu’une pseudo-économie qui, au lieu de gérer et répartir les ressources communes à l’humanité en déployant une vision à long terme, s’est contentée, dans sa recherche de croissance illimitée, d’élever la prédation au rang de science.

Le lien filial et viscéral avec la nature est rompu; elle n’est plus qu’un gisement de ressources à exploiter - et à épuiser. Au fil des expériences de vie qui émaillent ce récit s’est imposée à Pierre Rabhi une évidence : face à la société de surabondance sans joie et non sans misère matérielle dans laquelle les pays dits développés sont enlisés, “la sobriété heureuse” représente une alternative réaliste. Force de libération physique et morale, elle est un acte politique de légitime résistance à cette formidable machine à détruire la planète et à aliéner la personne humaine. Ainsi pourrons-nous remettre l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations, et redonner, enfin, au monde légèreté et saveur.

Référence : Vers la sobriété heureuse de Pierre RABHI - Éditeur : Actes Sud - Parution : 07/04/2010 - 144 pages - EAN13 : 9782742789672

Jeudi 8 avril 2010
Par David Naulin : http://www.cdurable.info/

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Biographie sommaire
Plus d'information sur son site : http://www.pierrerabhi.org/blog/index.php

Agriculteur, écrivain et penseur français d'origine algérienne, Pierre Rabhi est un des pionniers de l'agriculture biologique et l’inventeur du concept "Oasis en tous lieux". Il défend un mode de société plus respectueux des hommes et de la terre et soutient le développement de pratiques agricoles accessibles à tous et notamment aux plus démunis, tout en préservant les patrimoines nourriciers. Depuis 1981, il transmet son savoir-faire dans les pays arides d'Afrique, en France et en Europe, cherchant à redonner leur autonomie alimentaire aux populations. Il est aujourd'hui reconnu expert international pour la sécurité alimentaire et a participé à l’élaboration de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification. Il est l’initiateur du Mouvement pour la Terre et l’Humanisme. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Paroles de Terre, du Sahara aux Cévennes, Conscience et Environnement ou Graines de Possibles, co-signé avec Nicolas Hulot.

Auteur, philosophe et conférencier, il appelle à "l'insurrection des consciences" pour fédérer ce que l'humanité a de meilleur et cesser de faire de notre planète-paradis un enfer de souffrances et de destructions. Devant l'échec de la condition générale de l'humanité et les dommages considérables infligés à la Nature, il nous invite à sortir du mythe de la croissance indéfinie, à réaliser l'importance vitale de notre terre nourricière et à inaugurer une nouvelle éthique de vie vers une "sobriété heureuse".

4 juin 2010

La mort taboue

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout est énergie à transformer. Il ne s’agit pas de minimiser l’importance de la vie terrestre, mais de réaliser que tout a un début et une fin. Même dans les meilleures conditions de vie, qui voudrait être un humain, un chien, une souris, etc., pour l’éternité? Les morts successives nous permettent d’abandonner des identités éphémères pour en expérimenter une multitude en alternance.

J'aime bien ces histoires taoïstes remplies de sagesse qui élargissent nos horizons.

Source : Tchouang Tseu 2, La musique de la vie; Tsai Chih Chung, Philo Bédé, Carthame Éditions

Le Deuil de Qin Shi

Aux funérailles de Lao Tseu, Qin Shi ne sanglota que trois fois, puis resta en silence.

- N’étais-tu pas l’ami de notre maître? Trouves-tu décent d’être aussi peu affligé?
- Être juste un peu triste me suffit amplement.
- Lao Tseu vint parmi nous parce c’était le moment, puis suivant le mouvement de la nature, il nous quitta. C’est vivre dans l’instant et suivre le flux. Ainsi je ne suis pas triste pour lui.

À ces mots, les disciples de Lao Tseu cessèrent de pleurer.

La mort ne concerne que le corps et non l’essence vitale. Sachant cela, Qin Shi ne ressentait aucune peine.

***
 Naître au bon moment est une action juste.
Mourir au bon moment est une action juste.
Être né et ne pas chérir la vie,
c’est s’opposer au ciel.
Ne pas vouloir mourir au moment opportun,
c’est s’opposer au ciel.
(Lao Tseu)

*** 
La Forme et l’Esprit

Confucius s’adressa au Duc Ai de Lu :
«Alors que j’étais en mission à l’État de Chu, je vis des porcelets qui tétaient leur mère. Soudain, la truie roula sur elle-même et mourut. Les porcelets l’abandonnèrent. Ce que les porcelets aimaient dans leur mère était non pas sa forme, mais la vie qui l’animait. Morte ou vivante, la truie est la même. Le changement se situe au niveau de sa vitalité. Ce qui est représentatif d’une personne est son essence et non pas sa forme.»

***
Quand la partie est finie, le Roi et le Pion retournent dans la même boîte.
(Proverbe italien)

Le conte taoïste suivant illustre bien que tout a intérêt à mourir ici-bas, et que le pouvoir et la richesse ne sont que les instruments d’une temporaire illusion de suprématie.



Source : Lie Tseu, Les ailes de la joie; Tsai Chih Chung, Philo Bédé, Carthame Éditions

S’accrocher à la Vie et fuir la Mort

Un grand roi partit un jour en promenade avec ses ministres. Ils firent une pause au sommet d’une colline d’où l’on pouvait voir à des kilomètres à la ronde. Tandis que le roi admirait ses terres luxuriantes et ses riches cités, les larmes lui montèrent aux yeux. Il pensa à ses palais et à ses amis, aux honneurs et à sa prospérité et à l’amour de son peuple.

- Dire qu’un jour je vais mourir et laisser tout cela derrière moi!, se plaignit-il.

Ses ministres se mirent à réfléchir et à s’apitoyer en pensant qu’eux aussi perdraient à leur mort palais, richesses et honneurs.

- Ah, si seulement nous pouvions vivre éternellement !, dit le roi.
- Eh, oui!, acquiescèrent les nobles, les yeux tout brillants, juste de penser à l’immortalité.

Un des ministres éclata de rire.

- Nous ne devrions jamais quitter tout ça!, ajouta le roi, ignorant cette interruption.

Mais le ministre rit de nouveau. L’incident se produisit à quelques reprises, de sorte que le roi lui demanda la raison de son hilarité.

Le ministre s’inclina devant le roi et dit :
- Imaginez ce que ce serait si la mort n’existait pas. Le premier Empereur serait encore ici. Si par le seul mérite, nous pouvions nous accrocher à la vie, vos ancêtres Tai Gonc et le Duc Huan seraient éternels. Et si le courage suffisait, le Duc Zhuang et le Duc Ling seraient toujours parmi nous. Si ces princes étaient encore en vie, votre altesse travaillerait actuellement dans les rizières et n’aurait pas le temps de penser à la mort. À quoi devez-vous votre trône? Au fait que vos ancêtres l’ont occupé l’un après l’autre jusqu’à que vienne votre tour. Il est ignoble que vous en pleuriez. Je vois un Duc ignoble entouré de deux ministres flagorneurs. Voilà ce qui me fait rire.

Les autres ministres retinrent leur souffle, craignant la fureur du roi. Après un moment de tension aiguë, le roi se mit à rire. Il leva son verre vers ses amis et dit :
- Pour avoir encouragé ma stupidité, je vous condamne à boire un verre de vin!

On doit regarder la vie et la mort en face avec courage et confiance. S’accrocher à la vie et craindre la mort, c’est être comme un voyageur perdu sans espoir de retour.

***
 Lorsque vous accédez à la réelle, à la véritable perception ou compréhension, la naissance et la mort ne vous affectent plus. Vous êtes libre de partir ou de rester.
(Linji, 867- ?)

1 juin 2010

Désarmer le mental 1

Trêve de débats sociaux – bye-bye joli mois de mai  

Quand les irritants s’additionnent et font monter la vapeur – mon Dieu, mon Dieu, délivrez-nous des irritants quotidiens! - je sors mon vieil exemplaire «Soyez zen» de Charlotte Joko Beck*. Quasiment toutes les pages sont cornées, soulignées, commentées dans la marge. Bref il a servi et sert encore.

Les gros irritants ont parfois failli avoir raison de ma raison. Dernièrement, c’était les «nullos politiques» avec leur façade de bons gars (toutes nations confondues), le retour à des débats sociaux qu’on croyait résolus, et… le terrorisme acoustique - silencieux modifiés Magnaflow, sub-woofers, boom cars, autocanons, etc.

On ne la répétera jamais assez celle-là - il y a des limites à tout :
«L’intolérance des tolérants existe, de même que la rage des modérés.»
(Victor Hugo)

Alors, plutôt que d’imploser de colère, j’ai relu quelques passages de Joko pour freiner mon rollercoaster émotionnel et ventiler la frustration. En copiant ces extraits, j’ai réalisé à quel point je m’étais distanciée de la pratique. Rien n’est acquis, et il est temps pour moi d’y revenir, ça presse... car j’ai mis trop de temps à ressasser les malheurs de la planète.

Je ne suis pas membre/adepte d’une religion traditionnelle ni d’une quelconque secte, et je ne fréquente aucun «maître», centre de méditation ou autre. Les rituels religieux et superstitieux, tels qu’on en trouve dans certaines formes de bouddhisme, ne m’attirent pas. Je n’ai pas besoin d’un maître qui me taloche et m’abreuve d’injures pour apprendre. Je me contente de pratiquer des enseignements en harmonie avec mes aspirations, selon mes capacités.

J’ai trouvé dans le zen occidentalisé de Joko une philosophie de vie qui me convient. Cette pratique fait appel non pas à la résignation, mais à l’acceptation, et encourage la lucidité. Ce qui compte, c’est le moment présent car toutes choses sont éphémères, les bonnes comme les mauvaises. Et, hara-kiri aux illusions! Joko ne plane pas du tout dans les vapeurs édulcorées de l’illumination instantanée obtenue par procuration. L’éveil de conscience est une affaire personnelle et résulte d’une remise en question constante de nos croyances et chimères dépourvues de réalisme.

La méthode simplifiée que je pratique ne requiert aucun mur gris, zafu (coussin zen) ou kyôsaku (petite baguette plate utilisée par le maître pour sortir le méditant de la somnolence). Même si vous cognez des clous au début (c’pas grave, vous allez finir par vous réveiller), avec le temps, vous resterez vigilant plus longtemps. Il suffit donc de s’asseoir 20 minutes - au moins une fois par jour, deux c’est encore mieux! - et de passer l’aspirateur dans votre collimateur cérébral, tout en observant le défilé «liste d’épicerie, blogs, dernier bulletin de nouvelles, remarques de Machin, etc.» sans s’y attacher. Si l’on se rend compte qu’on s’est acroché à une pensée particulière, on se reconnecte volontairement à la respiration et aux sensations corporelles. À la fin, les pensées se diluent d’elles-mêmes dans une sorte de recyclage. La seule difficulté persistante, c’est la résistance à méditer quotidiennement. Il est impossible d’éliminer les pensées, c’est seulement le «contenu» de nos pensées qui change – car avec la pratique nous effleurons de plus en plus souvent l’intuition, cette partie de nous à des années-lumière du Dollorama mental, si je peux dire…

«Ce que tu cherches à fuir te suivra. Tu ne peux pas fuir tes pensées ni les tuer.» (Auteur inconnu)

***
Suit un florilège de citations tirées de « Soyez zen » pouvant aider à nous désengluer de notre boue volcanique mentale avant qu’elle ne nous pétrifie.

L'esprit du zen n'est pas réservé aux seuls initiés. Apprendre à faire taire sa petite voix intérieure, celle qui donne son avis sur tout et ne sait pas faire silence, est à la portée de tous. Il suffit d'un peu de concentration et de beaucoup d'attention aux autres. Dans ce livre, elle donne des conseils pour faire face aux agressions et à la violence de la vie quotidienne.

Chapitre : Le couloir de la peur
Très tôt, le petit enfant essaie de se protéger contre les différents dangers qu’il perçoit, et il se contracte sous l’effet de la peur qu’ils lui inspirent. Petit à petit, le jeune être si réceptif, si fluide et si malléable se recroqueville. Il a l’impression d’être contraint à rentrer dans un boyau étroit : le couloir de la peur. Avec l’acquisition du langage, l’étau se referme un peu plus, et, à mesure que l’intelligence s’éveille et se développe, le processus s’accélère. Non seulement la moindre perception d’un danger s’inscrit dans chacune de nos cellules, mais en plus la mémoire rentre en jeu pour corréler chaque nouvelle menace à toutes celles qui avaient déjà été mémorisées. Le réseau défensif devient de plus en plus rigide et complexe.

Il est certes indéniable que nos comportements actuels sont conditionnés par un certain acquit, mais il y a aussi un autre facteur qui rentre en ligne de compte. Se sentant menacé par son environnement, l’être totalement ouvert et flexible que nous étions dans notre prime enfance s’est repliée sur lui-même pour se protéger, et ensuite, nous avons fait l’erreur de nous identifier à cette version recroquevillée et amoindrie de nous-mêmes. À la vision initialement fluide du monde et de soi a succédé une image figée : celle d’un monde hostile et d’un soi rétréci par la peur et auquel on s’est dorénavant identifié. Peu importe qu’on ait alors choisi un schéma de soumission, de révolte, ou d’indifférence par rapport au monde, le résultat est le même : l’émasculation du soi originel. Ce qui importe en revanche, c’est qu’on ait cru que, pour survivre, il fallait à jamais endosser l’image d’un soi solidifié par son réflexe de peur initial.

Loin de moi l’idée de vous donner une image pessimiste de la pratique spirituelle, dont je pense au contraire qu’elle est notre seul véritable espoir. Même si le parcours est parfois difficile et un peu décourageant, en réalité avons-nous vraiment le choix? Ou bien on subit le couloir de la peur en s’y laissant mourir d’atrophie et d’asphyxie progressives; ou bien on décide de le regarder bien en face : on l’expérimente sans rien esquiver et, petit à petit, on en comprend le caractère illusoire et on s’en libère. Alors, avons-nous vraiment le choix?

Chapitre : Ce qu’est la pratique
Nous ne sommes guère motivés pour vivre la réalité des choses en direct comme dans la méditation zazen – à savoir être attentifs à tous les sons et sensations qui surviennent. On préfère remuer toutes sortes d’idées et de préoccupations dans sa tête dans l’espoir – fallacieux – de trouver « LA » solution, de comprendre la vie. Et pendant qu’on s’emploie à essayer de tout bien combiner, le temps s’enfuit et on reste là à se demander ce qu’il faudrait en faire pour être heureux. Voilà pourquoi, quand on essaie de se mettre en face de l’instant, on a vite fait de l’oublier et de filer sur les vieux chemins de traverse : on pense à son copain ou à sa petite amie, à son gamin, à son boulot, à son patron, à ses soucis du moment – et le manège est reparti pour un tour! Non que ce soit mal de rêvasser, évidemment, mais pendant qu’on est perdu dans ses pensées, il y a autre chose qui se perd : la réalité. La vraie vie file pendant qu’on est occupé à la rêver.

Ce qui est grave, ce n’est pas tant de ressasser les pensées discursives que crée l’ego que de s’identifier à elles, car, ce faisant, on se coupe du flot naturel de la réalité. On cesse de voir le réel, occulté par la version revue et corrigée qu’on fabrique dans sa tête. C’est pourquoi la première chose à faire, c’est d’apprendre à observer ses pensées pour les identifier et les répertorier. Ne vous contentez pas de les classer sous une rubrique fourre-tout intitulée pensées ou soucis. Donnez-leur une étiquette bien définie. Si vous persévérez à scruter attentivement ce magma confus, vous ne tarderez pas à y repérer des pensées identifiables.

Ce genre de pratique nous apprend à nous connaître, à voir comment nos vies fonctionnent et ce que nous en faisons. Si on s’aperçoit que tel ou tel type de pensée a tendance à revenir de manière récurrente, des centaines et des centaines de fois, on aura acquis une information neuve sur soi-même. Le contenu varie selon les individus : on peut avoir tendance à se remémorer le passé, à se projeter dans l’avenir, à songer à des événements ou à des personnes données. On peut être plus porté à faire de soi son principal objet de réflexion ou, au contraire, à formuler surtout des jugements critiques sur les autres.

Mais qu’arrive-t-il, une fois qu’on a bien appris à reconnaître ses pensées et à les répertorier? Eh bien, elles se calment d’elles-mêmes, sans qu’on ait besoin de faire quoi que ce soit pour s’en débarrasser. Et on en profite pour ramener son attention encore et toujours sur son corps et sur sa respiration qu’on expérimente directement, sans passer par le filtre déformant des pensées.

Si vous n’arrêtez pas de ressasser un problème en vous demandant «que va-t-il se passer, qu’est-ce que je vais devenir?», vous sentez l’angoisse monter en vous. L’angoisse n’arrange rien, au contraire. Quand on ne sait pas gérer ses pensées et qu’on les retourne dans tous les sens, elles finissent par produire des émotions qui nous déstabilisent encore plus. On a l’esprit agité parce que le tourbillon des pensées engendre toutes sortes d’émotions contradictoires. Si cet état de déstabilisation émotionnelle se prolonge, on finit par tomber malade ou sombrer dans la dépression, faute d’avoir assumé ce qui nous travaille, mentalement. Autrement dit, quand le mental ne sait pas regarder les choses en face, c’est le corps qui s’en charge et on attrape une bonne grippe ou des boutons partout, on fait une allergie carabinée ou un ulcère – à chacun son style. En tout cas, le corps fait office de soupape de sécurité en tombant malade quand le mental n’est pas conscient de ce qui le préoccupe. Certaines maladies peuvent être le signe d’un esprit qui n’est pas conscient de ce qui l’habite.

Ne voyez pas là un jugement de valeur ou une critique, mais la constatation d’un état de choses auquel d’ailleurs je ne fais pas exception. Plus on se complaît dans ses préoccupations, et plus on se crée d’ennuis. À l’inverse, à force de pratiquer zazen, on a moins tendance à se créer des nœuds dans la tête.

Si, au lieu d’expérimenter directement le réel, on s’investit dans ses pensées – en s’identifiant à elles -, on crée un je (comme disait Krishnamurti) et c’est là que les ennuis commencent. Voilà pourquoi on apprend à reconnaître et à identifier ses pensées, afin de prendre ses distances par rapport à elles, de se désinvestir. Nous percevons le monde extérieur sous la forme de simples données sensorielles que nous solidifions en nous identifiant à elles, leur conférant ainsi une réalité qu’elles n’ont pas. Désormais, l’ego et les émotions vont agir comme un filtre déformant sur toutes nos perceptions; on n’est plus capable de voir la vie et les gens tels qu’ils sont. On est coupé du réel par un écran de pensées – alors qu’elles ne sont en vérité que de simples fragments d’énergie.

Une fois qu’on sait comment fonctionne son esprit et qu’on reconnaît les états émotionnels que déclenchent en nous les pensées, on est mieux à même d’interpréter ce qui nous arrive, et donc d’agir de manière appropriée – c’est-à-dire, le plus souvent, s’occuper de ce qui se trouve sous notre nez à ce moment-là.

Faire zazen, ce n’est pas troquer une forme de conditionnement pour une autre, comme s’il s’agissait de modifier le comportement d’un robot en le reprogrammant. Le zazen vise au contraire à nous libérer de toutes les formes de conditionnement car celles-ci ne tiennent pas la route devant la réalité.

On ne cherche pas à se débarrasser d’une mauvaise programmation pour la remplacer par une bonne. Les comportements préprogrammés ne résistent pas aux contraintes de la vie parce qu’ils reposent eux-mêmes sur une base très fragile – le moi. Le moi est une construction mentale, une entité imaginaire qui ne sait d’ailleurs pas très bien où elle en est. Le zen permet de se rendre compte du caractère illusoire du moi.

Il est toujours plus facile de parler du zen que de le pratiquer, même quand on a déjà une certaine expérience! Une bonne raison pour le pratiquer très rigoureusement.       À suivre...

* Biographie
Américaine du New Jersey, Charlotte Beck (1917 - ) a fait le conservatoire de musique d'Oberlin. Mère de quatre enfants et obligée de gagner sa vie après son divorce, elle est tour à tour enseignante, secrétaire, et administratrice d’un département universitaire. Elle commence à pratiquer la méditation zen dans la quarantaine. D’abord initiée par Hakuyu Taizan à Los Angeles, elle pratique ensuite avec Maezumi Roshi, puis avec Soen Roshi. Charlotte devient Joko. En 1977, elle s’installe au Centre Zen de Los Angeles, puis en 1983, au Centre Zen de San Diego. Elle a également fondé l’Ordinary Mind Zen School en 1995 où elle offrait des seshins plusieurs fois par année. Au printemps 2010, elle a désigné Gary Nafstad comme successeur.