22 août 2014

Morte à midi

Photos : The Vancouver Sun

Une femme de Colombie Britannique, Gillian Bennett, s’est enlevée la vie parce qu’elle ne voulait pas subir l’indignité de la démence. Elle a créé un site pour expliquer son parcours et son choix. Une femme extraordinaire, brillante, lucide, qui pave le chemin pour nous http://deadatnoon.com/index.html car nous ne sommes pas sortis de la broussaille!
    Ma mère aurait aimé s’enlever la vie de cette manière si elle avait pu. Mais, une fois intégré dans le système médical, il est trop tard. Quelque bétonné que soit votre Testament de Vie, on ne le respecte pas. Peu de médecins osent aider ceux qui réclament l’aide médicale à mourir – même en catimini! Beaucoup de trouillards dépourvus de compassion qui craignent pour leur job super payant. Alors, les patients deviennent les cobayes du système pour des médicaments contre l’Alzheimer ou la sénilité, et d’autres pour allonger la vie encore un peu plus. Ils finissent par ressembler aux pauvres chimpanzés des zoos qui développent plein de tics nerveux parce qu’ils s’emmerdent à mourir.
   Je suis entièrement d’accord avec le choix de cette femme, et je ferai pareil le jour où je constaterai que je sombre lentement mais sûrement dans la démence. Le problème c’est quand un individu subit un AVC et qu’on le force à vivre à moitié paralysé contre sa volonté. Vraiment moche ça. Encore une fois, l’aide médicale à mourir est pour celles et ceux qui en VEULENT; je me demande si les instances politiques et religieuses vont finir par comprendre, c’est pourtant pas compliqué… Désespérant à la fin. (Si la question vous intéresse, voyez le libellé «Euthanasie»)

Traduction de quelques passages de l’article publié dans The Vancouver Sun :
Les derniers mots de Gillian Bennett sur son site personnel constituent un plaidoyer passionné en faveur de l’assistance médicale à mourir.

Par Denise Ryan
21 août 2014

Lundi matin, un peu avant midi, à Bowen Island, Gillian Bennett a traîné un matelas de mousse de chez elle vers l'un de ses endroits préférés, l’endroit qu'elle avait choisi pour mourir, sur l'herbe, en face d’un rocher escarpé de la falaise.

Bennett, âgée de 85 ans et dans les premiers stades de la démence, a choisi de s’enlever la vie avec une bonne dose de whiskey, une dose de Pentobarbital mélangée à de l'eau, et son mari avec qui elle a vécu durant 60 ans.

«J'ai tenu sa main», a déclaré son conjoint Jonathan, professeur de philosophie à la retraire. «Sa voix était réfléchie, résonante, mesurée. J'étais d'accord avec son choix.»

Avant que l'ombre de la démence ne commence à voiler son esprit, Bennett avait créé un site web à publier post-mortem. Elle était douloureusement consciente de la progression de la démence : «Je suis en train de devenir un légume», écrivait-elle. «À chaque jour je perds des parties de moi-même, et il est évident que je me dirige vers l'état que toutes les personnes souffrant de démence atteignent finalement : ne pas savoir qui je suis et avoir besoin de soins à temps plein.»

Bennett voulait faire face à la mort, comme elle avait fait face aux défis de sa vie : avec sa curiosité intellectuelle, son courage et sa grâce. Elle ne voulait pas être une «carcasse» physiquement vivante sans «personne à l'intérieur».

Elle a donc décidé de mettre fin à sa vie avant que son esprit ne disparaisse totalement.

«Elle ne voulait pas que je l’aide, et je ne le souhaitais pas», a déclaré Jonathan. «Je ne sais pas où elle a obtenu le Pentobarbital (Nembutal) ou les instructions; elle ne me l'a pas dit.» Elle ne pas voulait pas non plus qu’il l’aide à glisser le matelas dehors, même si ce dernier effort était physiquement difficile pour elle.

Une chose cependant que son mari sait avec certitude : «elle n'avait absolument pas peur; pas même un peu; elle était aussi calme et paisible qu’on puisse imaginer».

Après son décès, Jonathan a lâché sa main pour appeler le médecin de son épouse, qui est venu confirmer la mort et a avisé la GRC.

(…) Gillian Bennett, mère de deux enfants, grand-mère et arrière-grand-mère, voulait qu’on se souvienne d’elle comme «la personne enthousiaste, remplie de vitalité et d’idées, et encourageante », qu’elle était. «Une ouvreuse de portes.»

La dernière porte qu’elle voulait ouvrir pour les autres, tandis qu’elle fermait la sienne, était simplement : «une conversation; à propos de ça». 

Article complet et vidéo :
http://www.vancouversun.com/health/Dead+noon+grandma+ends+life+rather+than+suffer+indignity+dementia/10132068/story.html?__federated=1


C’était le dernier vœu de Gillian Bennett que cette lettre soit publiée (The Vancouver Sun)

18 août 2014

Cher Éditeur,

Je vais m’enlever la vie aujourd'hui vers midi. Il est temps. Lentement au début, puis beaucoup plus vite récemment, j'étais en train de devenir un légume.

Avec la progression de la démence, il vient un moment où l’on n'est plus compétent pour s’occuper de ses propres affaires.

Je pourrais ainsi végéter pendant peut-être dix ans à l'hôpital, à plus de 50 000 $ par année. Les infirmières, qui avaient cru se lancer dans une carrière intéressante, devraient changer mes couches et rapporter les changements physiques d'une enveloppe vide. Je trouve que c’est du gaspillage ridicule.

Je ne perds rien de ce que je veux en me suicidant**.

Je souhaiterais que la profession médicale autorise, à travers des protocoles sensibles et appropriés, l'administration d'une dose létale de Pentobarbital pour mettre fin à la vie d'une personne âgée ou d’un malade en phase terminale, conformément à son Testament de Vie.

Mais la loi canadienne et américaine en fait un crime lorsque quelqu’un aide une personne à se suicider – je vais donc prendre du Pentobarbital sans aide. Je parie que mon mari me tiendra dans ses bras jusqu'à ce que je perde conscience.

Aujourd'hui, maintenant, je vais entrer gaiement et avec tellement de gratitude dans cette bonne nuit. Je n’ai besoin de rien de plus. Il est presque midi.

Gillian Bennett
Bowen Island, British Columbia
Canada

Note : Madame Bennett s’est enlevée la vie le 18 août à 11 h 30. 

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Quotes from her website:

There are so many things we obsess about. We seem to have a need to get things right. Should we bring a bottle of wine or some flowers to the party? Will jeans and my new boots work or is that too casual? How do I find a new mate?
   We do NOT talk much about how we die. Yet facing death is thoroughly interesting and absorbing and challenging. I have choices which I have reviewed, and either adopted or discarded. I think I have hit upon the right choice for me.
   I have talked it over with friends and relatives. It is not a forbidden topic. Anything but.

** Understand that I am giving up nothing that I want by committing suicide. All I lose is an indefinite number of years of being a vegetable in a hospital setting, eating up the country's money but having not the faintest idea of who I am.

I have done my homework. I have reviewed my options:
   Have a minder care for my mindless body. This would involve financial hardship for those I leave behind, or involve them in a seemingly endless round of chores that could erode even their fondest memories of me.
   Request whatever care the government is willing to provide. (The facility will expect my husband, children, grandchildren, to visit often to thank the caretakers for how well they are looking after the carcass. Fair enough, but not what I wish for my family.)
   End my own life by taking adequate barbiturates to do the job before my mind has totally gone. Ethically, this seems to me the right thing to do.
   (...) My family, all of whom are rational and funny to boot, would not visit me in hospital, because they know I would not want them to.

Three outsize institutions: the medical profession, the Law, and the Church will challenge and fight any transformative change. Yet we all hear of changes in each of these professions that suggest a broader approach, guided and informed by empathy.
   My hope is that all of these institutions will continue to transform themselves, and that the medical profession will mandate, through sensitive and appropriate protocols, the administration of a lethal dose to end the suffering of a terminally ill patient, in accordance with her Living Will.

I have had a husband beyond compare, and children and grandchildren who have outstripped me in most meaningful ways. Since I was seven I have had wonderful friends, whom I did and still do adore.
   This is all much tougher than it need be on Jonathan, and I wish he did not have to be alone with his wife's corpse. Canadian law makes it a crime for anyone to assist a person committing suicide, and Jonathan, therefore, will in no way assist me. Our children, Sara and Guy, would so willingly be with their father, but the laws being what they are, we will not put them in jeopardy.

1 commentaire:

  1. Anonyme4.9.14

    soyez en paix Mme .c est avec un grand courage que votre dernier parcoure de vie s'est éteins .M courage elle vous attends a la porte du paradis où elle se fera un plaisir de vous faire la grand visite guider des lieux en votre compagnie ou vous serez réunie a nouveau

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