21 mai 2013

Chien qui mord, chien qui sauve

Doglovers gif - j'ignore le nom du créateur. Une belle réussite!

Les sceptiques rationnels, logiques, et scientifiques purs et durs, qualifient tout ce qui se rapporte à l’intuition, la perception extrasensorielle ou la télépathie, d’ésotérique, souvent avec une pointe d’ironie sinon de mépris.

À l’émission Médium large ce matin il était question des chiens d’assistance et de zoothérapie. L’une des deux invitées (Marie-Claude Roy / Carole Villeneuve**) racontait une anecdote concernant un chien d’assistance ayant signalé que sa protégée allait avoir un épisode tandis qu’il se trouvait lui-même dans une autre pièce. Et là, Mme Perrin n’a pu s’empêcher de lâcher un «oh, mais ça devient ésotérique ça…»

Parfois, ce genre de réflexion m’énerve, je l’avoue. 

Ces perceptions ou ces ressentis n’ont rien de surnaturel, d’ésotérique ou d’exceptionnel. Si la plupart des humains ont choisi de leur fermer la porte au profit du mental rationnel et de la logique scientifique, les animaux, n’étant pas contaminés par ce fléau ni par des croyances humaines, gardent leurs capteurs sensoriels ouverts, constamment en alerte, et s’y fient. Leur propre survie en dépend, entre autres.

Je n'ai rien contre la science, au contraire, je trouve qu'elle nous a fait évoluer au-delà des superstitions, mais «La science a fait de nous des dieux avant même que nous méritions d’être des hommes», disait Jean Rostand avec justesse.

Les chiens nous «sentent»

Pas seulement avec leur exceptionnel pifomètre…

Nos amis canins ressentent nos malaises physiques, par l’odorat bien sûr puisque les hormones sécrétées par la maladie dégagent une odeur. Leur nez est mille fois plus performant que celui de l’homme moyen. Cependant, il n’est pas clairement établi que leur compétence à détecter les maladies soit reliée uniquement à l’odorat.

Selon mon expérience, ils sont aussi capables de capter et d’interpréter nos énergies émotionnelles – qui en passant, ont également une odeur subtile que le nez physique ne sent pas. Si nous avons peur, les chiens le voient et ils imitent notre peur. Si nous sommes agressifs, ils imitent notre agressivité. Il faut donc apprendre à réguler ou décanter nos propres émotions si l’on veut que le chien se comporte autrement, car si nous sommes tranquilles et pacifiques, le chien nous imitera également. Le chien considère sa famille d’humains comme une meute dont il fait partie, et il se comporte selon le modèle fourni.

Parenthèse. Il en va de la même manière avec les enfants. Quels modèles leur offrons-nous? De la haine? de la violence? de l’agitation? ou de la douceur? de la paix? de l’amour? C’est une question d’éducation/imitation. C’est pourquoi j’ai déjà écrit que les couples devraient passer un test de maturité en intelligence émotionnelle avant de se reproduire… Fin de la parenthèse.

La plupart des animaux savent quand nous faisons semblant, détectent nos intentions - bonnes ou mauvaises. Les images - les pensées - et les sentiments apparaissent dans nos corps subtils, et ils les perçoivent. Alors, faut-il s'étonner de certaines de leurs réactions?  

Et bien entendu, un chien peut présenter des tares comportementales génétiques, tout comme les humains, dont il faut tenir compte. Si quelqu’un achète un chien mix breed, génétiquement modifié pour être un chien de garde hyper agressif, il pourra difficilement modifier le comportement social de l'animal. Le maître a donc intérêt à le garder à vue et en laisse; ce que les propriétaires du «mâtin de Naples», qui a récemment attaqué une enfant, ont tristement omis.

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Un excellent article :

Qui a mordu, mordra...!
Par Danièle Mirat
Publié dans le magazine Atout chien n° 241

Le chien n’est pas une mécanique agissant sans motivation au centre de ce qu’il vit, et proférer sans plus de nuance et réflexion qu’un chien qui a mordu remordra forcément est un raccourci bien affligeant. Alors pourquoi ne pas plutôt se questionner davantage sur un tel fait?
       Chien qui mord ou chien qui ne mord pas : il n’y a rien là de constant et d’inchangeable dans les conduites agressives de cet animal, ou dans leur absence d’apparition d’ailleurs.
       Car tout chien peut en venir un jour à mordre, il suffit déjà pour cela qu’il ait peur ou qu’il ait mal. Et chaque fois qu’il sera remis dans les mêmes (ou proches) conditions où il avait motif à mordre… alors il y a risque qu’il remorde.
       Voilà qui semble suffisant pour chercher à comprendre ce qui peut pousser un chien à une conduite agressive, pour veiller ensuite à ce qu’il ne soit plus mis dans les conditions qui l’y ont conduit. Dès lors ce chien ne remordra pas fatalement puisqu’il n’y sera pas motivé.

À mieux y regarder
La peur, la douleur, une expérience antérieure traumatique, une mauvaise organisation des relations avec ses propriétaires… sont autant de raisons (parfois ajoutées) pouvant conduire un chien à mordre.
       Revisiter chaque conduite agressive en la replaçant dans son contexte, fait apparaître qu’on aurait dû mieux y regarder avant de cataloguer l’animal de méchant ou fou et mordeur à tout coup.
       Cet examen minutieux n’est pas si simple et nécessite de bien connaître les codes de comportements sociaux des canidés, de remonter souvent jusqu’aux conditions de développement précoce de l’animal et d’évaluer le système relationnel que ses propriétaires ont mis en place dans leur cohabitation avec lui.
       Cette recherche apporte une mesure de la plus ou moins grande tolérance de ce chien à vivre certaines situations. Car c’est bien de seuil de tolérance dont il s’agit et un exemple éclairera mon propos (exemple courant de la cohabitation avec un chien et qui peut prendre un tour des plus dramatiques qui soient).  

Ne jamais condamner sans comprendre
Vulcain n’a jamais vécu avec des enfants (ni dans son élevage, ni chez ses propriétaires) et les approches souvent un peu brusques et trop facilement démonstratives des bambins du quartier ou chez les amis, ne le rassurent vraiment pas.
       Un petit enfant court, saute, crie, lance des objets… C’est ainsi qu’il apprend la maîtrise de l’espace et des choses : c’est normal. C’est aussi parfois de cette manière qu’une brusquerie enfantine déclenche une peur chez le chien.
       Petit enfant on découvre, on touche, on tire, on tente… C'est ainsi qu'on apprend et qu'on identifie : c'est normal. C'est aussi parfois de cette manière qu’un animal est harcelé.
       Devant ces situations, un chien peut commencer par menacer, d’abord de manière discrète (oreilles baissées, grognements) puis de façon un peu plus significative (museau froncé, dents découvertes) : ce qui est tout aussi normal. Si l'enfant comprend la menace et en tient compte en cessant de s’agiter et en s’éloignant, tout peut bien se passer.
       Mais un très jeune enfant ne sait pas encore reconnaître les menaces dans les différentes expressions du chien, et comme il ne modère pas ses actions, l’animal peut alors passer des menaces à l’agression avec morsure.
       Gageons que face à un bambin qui crie fort ou gesticule et le malmène un peu, Vulcain réagira plus vite par des grognements et peut-être une morsure (pour calmer cette agitation enfantine) qu’un de ses congénères qui n’a pas peur du chahut de gamins dont il supporte mieux les débordements.
       Cela dit, n’importe quel chien et y compris le plus habitué, n’a pas à endurer les agaceries d’enfants qui ne respecteraient pas, par exemple, son repos ou sa gamelle!
       Le plus permissif et le plus paisible des chiens peut légitimement vouloir faire cesser un abus, et cela en grognant et en mordant si sa menace n’est pas entendue, car il n’est pas supposé devoir tout supporter.
       C’est aux parents d’apprendre à leur enfant le respect d’un animal et à ne jamais les laisser seuls sans surveillance.
       Toute conduite agressive d’un chien ne doit donc pas être considérée comme un comportement isolé, mais comme un élément d’une situation toute entière, qu’il convient toujours de chercher à comprendre.
       Considérer par exemple qu’un chien « a simplement mauvais caractère » quand il grogne (souvent ou même occasionnellement) c’est déjà se voiler la face et s’exposer à une agression par morsure au moment où l’on ne s’y attendra pas.
       Par contre, si l'on s'interroge sur ce qui peut incommoder l’animal qui menace de la sorte, on se protège d'une première ou nouvelle morsure dans les mêmes circonstances, et l'on participe à rendre fausse l’assertion selon laquelle: un chien qui a mordu, remordra…

Réactions de peur
Les approches avec déplacements rapides et les cris des enfants peuvent faire peur à un chien peu habitué à leur présence. De même leurs étreintes spontanées et embrassades maladroites peuvent être vécues comme des blocages insupportables, qui conduiront l’animal à mordre pour faire cesser cette situation contraignante.
       Sa capacité à s’adapter (voire se plier) à ces comportements qui ne lui sont aucunement familiers, ne sera pas aussi grande que celle d’un de ses congénères habitué à mieux gérer sa cohabitation avec des enfants.

Enfants (et adultes aussi) : une nécessaire mise en garde
Nous devons tous ajuster nos contacts à la familiarité dans laquelle on est (ou pas) avec un chien, à sa morphologie robuste ou délicate, ainsi qu’à son âge (un chien délicat ou âgé peut réagir vivement sous la douleur d’une simple caresse).
       Sur tous ces aspects, les enfants doivent tout particulièrement être mis en garde précocement et pas question d’aller caresser le chien du voisin et encore moins étreindre un chien croisé en balade comme celui de la famille!
       L’absence de toucher et l’approche neutre mettent adulte ou enfant à l’abri des morsures pour aborder les chiens peu ou pas connus (surtout les plus craintifs !) La plus grande réserve ou neutralité est préférable en attendant de savoir si l’animal est confiant ou craintif d’une part, et bien sûr s’il est animé lui-même d’une envie d’entrer en contact ou pas.

 ** Auteures du livre Des anges canins, publié à compte d'auteur. Résumé: Saviez-vous que les chiens sont davantage que des animaux de compagnie? Il peuvent jouer plusieurs rôles : un indicateur de glycémie pour les personnes diabétiques; un paramédical pour les personnes épileptiques, une présence rassurante pour les personnes aux prises avec une maladie mentale ou un syndrome de stress post-traumatique; un détecteur pour les personnes atteintes d'un cancer non encore diagnostiqué; un fidèle gardien auprès des enfants autistes; les yeux des personnes aveugles; les oreilles des personnes sourdes; les jambes des personnes à mobilité réduite. Ce livre décrit les habiletés extraordinaires de tous les types de chiens d'assistance pour personnes malades ou ayant une condition particulière. Les histoires de ces personnes sont différentes, mais elles ont toutes une chose en commun : une joie de vivre retrouvée grâce au soutien et à la présence d'un formidable ange canin!
 
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Pour d’autres articles au sujet des animaux (adoption, responsabilités, perceptions, assistance, etc.), consultez le libellé «Zoofriendly»

4 commentaires:

  1. liloutte21.12.14

    Salut. Exactement ce qui je pense sur les chiens. Je n'étais pas en mauvaise santé du temps de mes 2 chiens (aujourd'hui aussi pour le moment) mais ils savaient aussi bien que moi l'état de ma santé. Les rares fois où je n'étais pas bien, les journées étaient plus calmes pour eux. Ils étaient moins vifs, ils se contentaient de promenades courtes, restaient sagement assis sur mon lit en entendant que j'aille mieux.
    On a qu'à voir comme les chiens de vieux marchent au ralenti du même pas que leur maître, travestissant leur fougue. D'autres sortent très peu pour ne pas dire pas du tout... Triste vie, mais bon il ont de l'amour et une vie calme et ce n'est pas rien. Sans parler des chiens qui dépérissent et meurent après leur maîtres.
    Quand aux enfants défigurés à vie c'est triste à dire mais c'est souvent d'avoir taquiné un grand chien à l'éducation rustre qui n'a pas toléré qu'on l'ennui.
    Je me revois passer la main autour de mon bichon et lui dire : "Je suis malheureuse tu sais..." Le gentil alors m'embrassais... Sans commentaires.

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    1. Bonjour Liloutte,

      J'entendais quelqu'un à la radio tout à l'heure qui disait que les propriétaires d'animaux font énormément de transfert anthropomorphique et attribuent à leurs compagnons des qualités qu'ils n'ont pas nécessairement.

      Peut-être qu'il n'en a jamais eus. En tout cas... rien comme l'expérience personnelle pour comprendre.

      Bonne journée,
      Boudabla

      P.S. : un commentaire de Flower Power sur "Quand et pourquoi euthanasier" :-)

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  2. liloutte21.10.15

    Bonjour. J'ai lu récemment sur une site canin l'adoption du petit CHOUCHOU coton de 4 ans.
    Orphelin de sa maîtresse âgée depuis 3 mois, le fils de cette dernière avait décidé de s'en séparé bien que le chien tolère bien ce seul homme. Car le problème de CHOUCHOU c'est qu'il a peur des hommes. Après 2 essais d'adoptions non concluants, ont lui fait passer divers tests et tentative pour le faire progresser qui s'avérèrent des échecs. La cause de sa peur (qui remonte peut-être à sa vie en élevage) reste inexplicable.
    Il aime les vieilles dames, et une retraitée qui vit avec son fils handicapé dont elle s'occupe essaya de l'adopter. Son fils était très triste depuis la mort de leur dernier chien très âgé. Et, à l'étonnement de tous CHOUCHOU se prit d'affection pour le fils de sa maîtresse. C'est désormais plein d'amour et avec un jardin (il en avait aussi un dans sa première vie) que CHOUCHOU a pu faire abstraction de sa phobie en comprenant on ne sait par quel mystère que ce monsieur pas comme les autres avait besoin de lui. CHOUCHOU est devenu à son tour "UN ANGE CANIN".

    Un merci pour vos sites. J'espère que celui-ci et "L'on s'en croit les maîtres" est également visité car ce sont des sites d'espérance qui nous appellent à nous ouvrir après la perte de notre animal

    P.S. : j'aurais aimé adopter CHOUCHOU mais il y avait trop d'inconvénients : 66O KMS de distance entre sa région et la mienne ; je n'ai pas de jardin et c'est mon frère avec sa femme qui s'en occuperait si j'en était dans l'incapacité.

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    1. Allo :-)

      Merci Liloutte. Mon amour des animaux est aussi vieux que moi -- ça fait pas mal d'années au total! Je vais peut-être remettre ces deux articles à la une, j'en ai ras-le-bol de la politique et des énergies fossiles.

      P.S. : Une de mes amies vient d'adopter un petit chien trouvé dans un refuge -- je crois que je n'ai jamais vu refuge aussi impeccable. Coup de foudre mutuel instantané, et le petit chien de 7 ans est vraiment parfait parce qu'il est très sociable -- elle a beaucoup d'amis. Elle l'amène partout ou elle va. Peut-être que ça va nous arriver...!

      Bonne journée!

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