18 mars 2013

Faut pas s’en faire

«On va s’y faire», dit Albin de la Simone dans «Ma crise» (post précédent).

On vocifère
Mais on laisse faire

On s’y fait tellement qu’on est prêt :
à risquer des déversements pétroliers dans le fleuve 
à unifier le pays par gazoduc «a mare usque ad mare»
et ainsi de suite.

Hier soir, j’ai regardé le reportage intitulé «Les kamikazes du nucléaire» au sujet de Fukushima; ça parle de soi.

Et tantôt, j’ai visionné le deuxième épisode de «1000 jours pour la planète» SEDNA IV
http://www.tou.tv/decouverte/S2012E28

Les dommages causés à la biodiversité marine en raison de l’exploitation anarchique sont catastrophiques. La surpêche industrielle aux palangriers et le gaspillage, notamment ces stupides et cruels massacres d’espèces (pour leurs propriétés soi-disant aphrodisiaques ou pour la flaveur de certaines parties de leur anatomie) n’ont aucun sens.

Il y a pourtant des chercheurs qui proposent des solutions; mais qui les réalisera? Nous sommes tous responsables à divers degrés… Les humains peuvent-ils être «raisonnables»?

Tout disparaît donc à vitesse grand «V» et nous fonçons droit dans le mur. Ce monde est un monde d’interdépendance entre toutes les espèces.

Difficile d’ouvrir des yeux collés à la Crazy Glue du gain et de la croissance économique.

Vous détesterez peut-être les articles du libellé «Série noire», mais aimerez sans doute l'onglet "Charte de la terre" ci-haut.  

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La croissance n’est pas la solution, c’est le problème
Par Jean Gadrey* 

Nulle en 2012 et sans doute encore en 2013, la croissance flanche. Mais vivre sans elle est-il pire que tout? Pas si sûr, pour l'économiste Jean Gadrey qui dénonce l'aveuglement des élites économiques et politiques.

On nous dit que, sans croissance, c’est la régression sociale, on ne peut pas réduire les dettes, ni le chômage, ni la pauvreté, et l’on n’aura pas les moyens d’engager la transition écologique. Pourtant, je propose de dire «Adieu à la croissance», qui est le titre de mon livre (voir les bonnes feuilles sur le site d’Alternatives économiques).

Il serait temps que les économistes, s’ils veulent être «responsables», prennent en compte les risques écologiques et qu’ils se posent les questions suivantes : et si ce culte de la croissance relevait d’un aveuglement des élites économiques et politiques? Et si la quête de la croissance, fondée sur des gains de productivité sans fin, était l’un des facteurs de crises, voire la plus grave des menaces à terme pour l’humanité? Et si, quoi que l’on fasse, la croissance ne revenait jamais dans les pays «riches»? Et si une «prospérité sans croissance» était possible et nécessaire pour sortir de la nasse où nous sommes? Et si notre pays était immensément riche sur le plan économique, ce qui permettrait de faire face à tous les défis, sans croissance, dans le cadre d’une transition ambitieuse?
[…]

Les causes du plongeon

Bien des raisons expliquent cette baisse spectaculaire. La poursuite de la croissance se heurte d’abord à différentes limites sociales. Elle n’est plus depuis longtemps un facteur de mieux vivre, vu qu’elle est définie comme la progression quantitative d’un « truc technique », le PIB (Produit intérieur brut), lequel n’a pas été fait pour enregistrer la qualité de la vie individuelle et collective, les dommages écologiques, les inégalités, le temps libre, le bénévolat, le travail domestique, etc. Comme le disait en mars 1968 le sénateur Robert Kennedy, quelques mois avant son assassinat, «le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut d’être vécue». C’est à un constat semblable qu’est parvenue la «Commission Stieglitz» quarante ans plus tard!

Mais la raison qui va devenir la plus importante est écologique. Elle est résumée par cette citation d’un grand économiste américain, Kenneth Boulding : «Celui qui pense qu’une croissance exponentielle infinie est possible dans un monde fini est soit un fou soit un économiste.»

La finitude des ressources naturelles se manifeste notamment par les premiers effets du pic du pétrole et de bien d’autres pics (le «peak all», le pic de tout), qu’il s’agisse de ressources non renouvelables, extraites du sous-sol, qui s’épuisent et dont le prix va grimper sans cesse, ou de ressources en principe renouvelables mais tellement surexploitées qu’elles ne parviennent plus à se renouveler : climat, eau, biodiversité, forêts, terres arables…

Les avocats de la croissance à perpétuité font penser à de mauvais médecins qui jugeraient la santé d’une personne par la croissance de sa taille et de son poids alors qu’elle a atteint un âge où son développement qualitatif, individuel et social, devrait primer. C’est pour cela que nous vivons sous un régime d’obésité consumériste, au demeurant très inégalitaire.

Suite de l’article : http://www.terraeco.net/-Actualite,244-.html

* Jean Gadrey est économiste et membre en 2008-2009 de la «Commission Stieglitz»,
et professeur émérite d’économie à l’Université Lille 1; il collabore régulièrement à Alternatives économiques.

AIDE-MÉMOIRE
Un rapide survol de l’évolution de l’homme intitulé «Man - L'homme», par Steve Cutts.


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