10 juin 2012

Refonte 1

Martin Mooney, Arlington, Virginia, US.
http://cloudappreciationsociety.org/gallery/#p=8&i=10
La vie nous amène parfois des situations qui semblent insurmontables. En revanche, elles peuvent déclencher une refonte identitaire complète – l’ancien «moi» s’envole ou se noie. Nous devrions en être reconnaissants.

Parfois on s’égare au point de se perdre soi-même de vue; mais il est toujours possible de se retrouver. Pour démarrer mon nouveau site, je dois laisser ce blog en dormance. Car je réalise que je me laisse encore happer par l’actualité et divers sujets au lieu de développer le projet. S’il est difficile de couper les liens avec des gens que nous aimons, ce n’est guère plus facile avec nos créations auxquelles nous restons subtilement attachés.

Une petite lumière s’est allumée jeudi dernier : relire L’art de la simplicité, Simplifier sa vie, c’est l’enrichir, par Dominique Loreau. Acheté en 2009, je ne l’avais pas rouvert depuis. À l’époque je trouvais quelques-unes de ses règles de vie un peu drastiques. Or quand on est prêt à changer, ma foi, on n’a pas besoin de volonté ni de courage.

Dominique Loreau est une sorte de missionnaire du minimalisme à tous les niveaux : physique, émotionnel, mental et spirituel. Je vous propose des extraits de la troisième partie «Le mental» - très inspirant pour garder le cap sur l’essentiel. En fait, ces extraits résument les enseignements de plusieurs auteurs cités ici – Charlotte Joko Beck, Pema Chödrön, George Barbarin, Richard Carlson, Guy Finley…

***

Le mental

Depuis toujours, et malgré les affirmations cartésiennes, l’Homme sait que les maux du corps sont indissociables de ceux de l’âme. Mais il faut plus que prendre des décisions pour contrôler les passions et trouver l’équilibre. C’est une reconstruction de la pensée qui s’impose.
      S’occuper de soi-même, être ami avec soi-même, se respecter, tel est donc notre premier devoir.
      Certaines traditions (surtout en Occident et dans les pays riches) nous empêchent de donner à ces préceptes une valeur positive. On les nomme repli de l’individu, narcissisme… mais chez Socrate, Dögen, Maître Eckart ou les grands sages indiens, s’occuper de soi-même a toujours un sens positif. ()
      Le souci de soi, dans toutes les cultures, est une remise en question permanente. Il rappelle qu’il est inutile de spéculer sur un certain nombre de phénomènes comme les catastrophes naturelles ou la méchanceté et la bêtise du monde…, mais qu’il faut tourner son regard vers des choses immédiates et dont on dépend directement. ()
      Le seul objet à atteindre et garder toujours, sans avoir à en changer au cours du temps ou au fil des occasions, c’est le soi. Il est notre pouvoir de nous contrôler, de nous corriger et de trouver ainsi la plénitude.
      Mais la pratique de soi doit faire corps avec l’art même de vivre.
      « Il faut protéger ce soi, le défendre, l’armer, le respecter, le posséder, ne pas le quitter des yeux et ordonner toute sa vie autour de lui, a dit Sénèque, c’est à son contact que l’on peut éprouver la plus grande joie et la seule joie qui soit légitime, sans fragilité, et permanente.»

Purifiez votre esprit

Le souci et le stress

Nous pouvons polluer notre mental avec des pensées négatives, des pensées agitées, des pensées méprisantes ou des pensées de doute. Il faut éliminer tout cela afin d’améliorer notre écologie intérieure, y substituer des attitudes positives. ()
      À la violence et aux peurs souvent diffusées par les médias, il faut opposer la connaissance, l’art, la beauté, la recherche du bien-être, de la paix et de l’amour.
      Plus le mental est apaisé, il est facile de gérer, de ranger et d’organiser notre dépôt d’informations, de savoir l’utiliser à bon escient, avec des pensées bien claires. Notre vrai travail est de nous préparer à une vie supérieure.
      L’inquiétude n’est qu’une pensée. Rien de plus. () Les grandes catastrophes, comme les tremblements de terre, les incendies et les maladies graves existent, certes. Mais si tout ce que nous envisageons quotidiennement n’est que catastrophes, c’est que celles-ci sont plus souvent dans notre tête que dans le monde extérieur.
      Émotions, anxiétés, dépressions nerveuses sont toxiques. Nous nous détruisons mentalement et physiquement avec la rébellion, la peur, la jalousie, les frustrations, la haine, le ressentiment… Les pensées négatives obstruent le cerveau, empêchant l’amour et le bonheur d’y circuler librement.
      Les raideurs dans notre corps dérivent des raideurs de l’esprit. L’inquiétude affecte les nerfs de l’estomac et les force à commander au cerveau de sécréter des sucs gastriques qui se transforment en poisons toxiques pour l’organisme. () Les soucis affectent notre sommeil, génèrent le diabète, les rides, les cheveux gris, le teint terne. Ils détruisent la faculté de se concentrer ou de décider. Ils bloquent l’énergie et détraquent le métabolisme. Mais les soucis ne sont qu’une habitude! () La nervosité est une maladie durable qui en provoque d’autres. Comment créer une vie sereine si nous dépensons notre énergie mentale en soucis constants? ()
      À force de retourner les problèmes dans la tête, on finit par ne plus savoir ce que l’on veut ni ce que l’on est. Le stress nous atomise, nous éparpille.
      Il est vital de chasser la colère, de l’extérioriser, de la faire sortir du corps.

Les premiers conseils antistress à respecter

[Quelques-unes des suggestions de l’auteur] Manger bon et sain, éviter les restaurants bruyants, bouger, s’oxygéner, s’octroyer des soins, du plaisir, respecter ses horloges biologiques, dormir suffisamment, pratiquer une activité physique, marcher dans la nature, bâiller, rire, ne pas toujours se prendre au sérieux. (…)
      Si le stress commence à vous grignoter, c’est que vous le laissez faire. Apprenez à lui opposer un mur de sérénité.

Nous sommes ce que nous pensons

Couleur du teint, cicatrices, rides d’expression… nos joie, nos souffrances, notre stress sont présents sur notre visage, nos traits. On peut nous lire.
      Passer son existence à vivre sans prendre conscience de ce que l’on est mène à la détérioration et à la destruction. Nos vies sont ce que nos pensées en font. Nous sommes composés de vibrations et il est en notre pouvoir d’en changer le processus, de donner un sens à notre réalité et d’ouvrir les portes à toutes les possibilités que nous avons.
      Cependant cela n’est réalisable que lorsque nous prenons clairement conscience des choses, de nos actes, de nos pensées… Notre subconscient travaille 24 heures sur 24 et emmagasine nos pensées. Chacune est cause, et la condition qui en résulte effet. Nous devons donc prendre en charge ces pensées afin qu’elles ne nous apportent que des conditions favorables.
      C’est le monde intérieur qui fait le monde extérieur. Apprenez à sélectionner vos pensées. Choisissez d’être aimable, joyeux, aimant et le monde vous le rendra.
      Efforcez-vous d’occuper votre esprit avec la conviction que du bon vous arrivera et veillez à « surveiller » vos pensées pour les diriger vers des choses justes, belles et sensées.
      Tout, dans votre personne, reflète ces pensées. Imaginez que votre esprit est un jardin. Vous y semez des graines. Votre subconscient est tissé des idées que vous avez semées tout au long de la journée. Il est donc capital de leur prêter la plus grande attention. (…)
      La santé est une question d’attitude intérieure et la vie exige que vous n’abandonniez jamais ce qu’il y a de meilleur en vous. Vos systèmes de pensée et d’expression conditionnent également votre comportement physique, vos postures, votre bien-être ou votre « mal-être ».

La soustraction des idées

(…) Si notre esprit est congestionné, nous ne pouvons pas fonctionner normalement. Trop de choses nous emportent, nous égarent, nous empêchent de nous concentrer.
      Plus nous prenons de l’âge, plus notre esprit s’encombre, comme un vieux grenier plein de choses inutiles et oubliées. Nous n’en sommes peut-être pas conscients, mais nous pensons sans arrêt. Comment passons-nous notre temps? Quelles sont nos ambitions? Est-ce que les choses pour lesquelles nous nous battons en valent la peine?
      Mettre de l’ordre dans son esprit signifie, comme pour le rangement des choses matérielles, éliminer tout ce qui ne contribue plus à certains besoins afin de faire de la place à ce qui est important. Chaque pensée laisse des traces dans le cerveau et renforce ou affaiblit le système immunitaire.
      De même que l’absence d’objets facilite la vie, la soustraction des pensées fait place à du nouveau. Si vous vous entrainez avec régularité à supprimer ou chasser certaines idées de votre esprit, les actes qu’elles entrainent seront aussi  supprimés.
      Constituez une liste des idées ou pensées qui surgissent le plus souvent dans votre tête (…) Essayez ensuite de chasser une à une, patiemment, tout au long de la journée, ces idées de votre tête. Repoussez-les avec douceur mais fermeté autant de fois qu’elles surgiront. Cet exercice, comme tout exercice, vous apportera ses fruits le jour où vous vous surprendrez à voir surgir de nouvelles idées.

Les états d’âme

Anxiété et regrets n’ont pas leur place dans un esprit imprégné de cette vérité qu’il n’y a jamais de hauts et de bas. La vie est rarement aussi noire que nous l’imaginons quand nous sommes dans un creux de vague. Si nous faisons tout ce que nous avons toujours fait, nous serons ce que nous avons toujours été. La seule personne qui nous impose des limites, c’est nous. Le vrai amour-propre vient d’une domination sur le moi, ce qui mène à la liberté. Nous pouvons nous exercer à renforcer notre patience, dont le fonctionnement est semblable à celui d’un muscle qui, travaillé, devient résistant.
      L’esprit est un médium de création. La vie nous pardonne quand nous nous coupons le doigt : elle permet à de nouvelles cellules de se former et de fabriquer un pont qui refermera la blessure. Il en est de même avec les pensées. Chaque fois que vous commencez à vous inquiéter, à vous sentir seul, déprimé, plein de rancœur négatif ou en colère, prenez un livre intéressant, faites ce qui est en votre pouvoir pour rendre le lieu qui vous entoure plus gai (…). Le plus important est de stopper le flux mental jusqu’à ce que de nouvelles énergies remplacent les précédentes.

Transcendez les problèmes

Ne traitez pas les problèmes, transcendez-les. Se focaliser sur un problème, c’est le maintenir vivant, et par la même occasion nous empêcher d’aller de l’avant. Les pensées négatives n’ont pas besoin d’être analysées, disséquées, étudiées, sinon elles essaiment. Refusez de vous empoisonner la vie avec les vieilles habitudes de rancunes et de blessures non pardonnées. Mettez au panier les détritus du passé. Ne gardez que les bons souvenirs.
      Cessez de penser que la personne que vous étiez hier est celle que vous devez être aujourd’hui. Nous avons tous en nous des potentiels illimités et la possibilité de changer si nous le voulons. Ce qui nous empêche (c’est un cercle vicieux) de puiser dans ce potentiel, ce sont nos attachements psychologiques au passé. L’énergie que nous avons à l’instant présent est la seule dont nous ayons besoin.
      Tout ce sur quoi vous portez votre attention prend de l’importance. Plus vous insistez sur ce que vous ne voulez pas, plus vous lui donnez d’emprise.
      Au lieu de penser de manière active à un problème, oubliez-le. (…) Quand on s’obstine sur un problème ou sur des choses qui nous irritent, on oublie toutes les merveilles de la vie et ses possibilités. On ne vois que les manques, les injustices, les causes de notre malheur, de nos frustrations ou de notre tristesse. Mais les moments durs de la vie sont une opportunité pour prendre du recul et reconsidérer les choses. Nous devons nous demander alors : Qu’est-ce qui a le plus d’importance? Pourquoi ai-je fait cela? »
      Nous savons qu’il existe une puissance qui nous est accessible à chaque instant de la vie, mais nous devons demander à l’esprit de nous « brancher » sur son courant. (…) Si nous nous éternisons sur les obstacles, les problèmes et les difficultés, notre subconscient agira en conséquence et nous bloquera les portes du bonheur.

La négativité nous fait du mal

(…) Nos frustrations sont dues à des désirs non réalisés, nos inquiétudes à des incertitudes, et notre négativité à un manque d’énergie et de confiance en nous.
      Guérir le psychisme, c’est faire en sorte que ce qui n’était pas conscient le devienne. Il faut d’abord identifier la source des états négatifs et se demander ce que l’on veut.
      (…) Une pensée bien dirigée est capable de créer des vibrations pouvant se convertir en inspiration. De même avec un entrainement mental régulier, on peut parvenir à chasser les pensées négatives. Nous pouvons aussi nous entrainer à les combattre, comme nous apprenons à faire de la bicyclette, à nager, à conduire… Une fois acquis, ces actes deviennent automatiques.
      Si l’on s’entraine à devenir calme et serein, on peut y arriver en l’espace d’un mois. Toute pensée finit par retourner au néant.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire