2 décembre 2010

Swing émotionnel

L’ego, ou le petit moi, ne veut qu’une chose : contrôler, parce qu’il vit constamment dans la peur – la peur de tout. Lorsque nous cessons d’en être la marionnette, nous pouvons nous permettre d’être qui nous sommes, et de valser librement avec la vie.  

L’auteur Sanaya Roman (Living with Joy, Personal Power through Awareness...) disait :
«Au lieu de combattre ou de détester votre ego, ce qui lui donnera encore plus de pouvoir, faites-vous en un complice. Amenez-le virtuellement au sommet d’une montagne, montrez-lui la hauteur de vue et rassurez-le en lui disant que vous ne l’abandonnerez pas. Demandez-lui de vous aider à accomplir ce pourquoi vous êtes ici-bas.» (Non textuel)

L’opposition systématique se garde bien de demander quelque chose qu’elle pourrait obtenir car alors il lui faudrait être contente; or pour l’opposition, être contente c’est cesser d’être.
~ Alphonse Karr

 Connaissez-vous le seul moyen de faire rire Dieu? Racontez-lui vos projets. En d’autres termes, pas d’affolement, rien ne se passe comme prévu, c’est la seule chose que nous apprend le futur en devenant du passé.
~ Daniel Pennac 

Tout le monde a appris à «gérer» ses émotions comme on dit avec plus ou moins de succès. Voici un rappel tout simple, mais combien pertinent, pouvant nous aider à composer avec le swing de nos états d’âme…

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Reconnaître ses émotions
Par Françoise Munoz Psychologue et psychothérapeute

La première chose que je peux dire c’est que nous vivons au quotidien avec des émotions, que nous les ressentions ou non d’ailleurs. Celles-ci peuvent créer des désordres aussi bien d’ordre psychologique que physique, créer des maladies, ou des blocages qui nous empêchent de nous réaliser, et de vivre notre vie comme nous l’entendons.

L’IMPACT SUR LE CORPS ET LA SANTÉ
Au niveau corporel
Les émotions sont caractérisées par des manifestations corporelles spécifiques. La vie émotionnelle a des répercussions physiologiques sur le système endocrinien et le système nerveux (neurovégétatif), le système sympathique et parasympathique. Elle sollicite les viscères. Si la personne évacue bien ses émotions, il n’y a pas de problème. La difficulté vient quand la personne contient ses émotions, car celles-ci vont s’emmagasiner dans le corps. Ce qui n’est pas sans conséquence. Avez-vous remarqué comme nous pouvons être fatigués quand nous avons vécu une journée ou une période d’émotions intenses? C’est la même chose lorsqu’on retient celles-ci.

Les émotions sont donc des charges énergétiques qui doivent être conscientisées et évacuées, sinon cette énergie va s’accumuler, un peu comme la vapeur dans une cocotte minute.

Au niveau psychologique
Elles créeront des blocages par rapport à certaines situations ou au niveau relationnel.

«B» passait son temps de chez elle, ne sortait pas, fatiguée à longueur de journée. Avec le travail de thérapie elle a pu se rendre compte petit à petit de la situation extrêmement compliquée qu’elle vivait dans sa famille, et des nombreuses émotions parfois contradictoires qui cohabitaient en elle. Le traitement a passé par la verbalisation et l’évacuation de celles-ci. Aujourd’hui elle a repris une activité professionnelle et prend les transports en commun. Ce qu’elle ne pouvait plus faire quand elle est venue consulter. L’impact sur le corps et la santé est donc réel.

C’est pour cela qu’il est important de comprendre le message des émotions car elles nous servent ou nous desservent, nous bloquent, parfois nous détruisent.

Ce message est quelque chose de positif, car les émotions nous délivrent des informations, nous renseignent sur notre état intérieur; sur ce qui se passe en nous. Elles sont donc directement reliées à nos besoins.

Voici un autre exemple :
Nous sommes en mai. «G» constate qu’il est très triste depuis un mois et il n’en comprend pas la raison. Parfois, dit-il, il a des envies irraisonnées de se mettre à pleurer n’importe où. L’autre soir en visionnant un film il s’est même mis à pleurer. Il trouve cela absurde et ridicule. Il se sent idiot. Il a bien d’autres choses à faire que d’avoir des états d’âmes qui sont de plus incompréhensibles, puisque dans son quotidien tout va bien. Une amie lui pose la question : «Il s’est passé quelque chose dans ta vie à une même période de l’année?»  

«G» ne voit pas. Un peu plus tard, il se remémore la mort de son petit cousin dans un accident de voiture, quand il avait 8 ans. Il recherche la date : c’était en mai! C’est la date anniversaire de ce drame qu’il n’a pas résolu. Décès dont les adultes avaient refusé de parler, pour «le protéger». Pourtant sa disparition avait laissé G. hébété et solitaire. En prenant conscience de cette date anniversaire, il se rend compte comment pour ne pas penser à ce drame, il s’est anesthésié au niveau émotionnel. Il prend conscience de son besoin de faire son deuil. Il a ainsi retrouvé sa capacité d’être à l’écoute de ses émotions et a récupéré une bonne part de son potentiel émotionnel.

Tout ceci est d’autant plus important que les émotions sont intemporelles. Une émotion (bien sûr il faut qu’elle ait une certaine intensité, qu’elle soit significative) ressentie par exemple à 4 ans et qui n’a pas été évacuée peut revenir 20 – 40 – 60 ans après de façon intacte. C’est ce qui s’est passé pour «G» dans l’exemple précédant. En vieillissant nos résistances s’affaiblissent (les résistances sont une force active qui nous permet de lutter contre des affects, des souvenirs qui nous dérangent). Pour cela il faut de l’énergie. Quand cette énergie s’use les problèmes remontent.

C’est le cas aussi en matière de stress intense ou de très grande fatigue.
«V» vient d’accoucher. Elle appréhendait beaucoup. Elle n’arrive pas à s’en remettre. Elle consulte. On lui parle de stress post-partum. Elle ne comprend pas trop. Elle a du mal à s’occuper de son enfant. Elle se rend compte cependant à quel point elle pense à l’abandon de sa mère quand elle avait un an, et comprend que le fait d’avoir un enfant la renvoie à sa propre histoire à elle. Avec l’aide d’un thérapeute, elle prend conscience petit à petit des différentes émotions qui l’habitent. Sa relation avec son bébé s’améliore.

Les émotions persistent dans notre corps, notre inconscient, tant qu’elles ne sont pas entendues et constituent une force qui peut-être dangereuse pour la santé (psychique ou physique) de l’individu. Imaginez les dégâts que cela peut engendrer quand un flot d’émotions est contenu pendant 5 – 10 ou 15 ans.

«C» vient consulter. Les médecins ont dépisté un cancer du sein. Dans son histoire elle découvre qu’elle a passé sa vie en rage contre une mère indifférente et égoïste

Un enrichissement
Savoir utiliser ce potentiel émotionnel enrichit notre personnalité. Aujourd’hui, on ne parle pas que de QI (quotient intellectuel) mais aussi de QE (quotient émotionnel). Et le milieu de l’entreprise y est venu. Pourquoi? Parce que plus une personne sait gérer ses émotions, plus elle est souple et vivante, moins elle a de blocages par rapport à certaines situations ou personnes, plus elle a de potentiels affectifs et relationnels.

Des indicateurs 
Les émotions ne sont ni positives ni négatives. Elles sont. Elles servent à nous indiquer notre état intérieur. Si nous préférons ressentir plutôt la joie que la tristesse ou la peur, il n’en ait pas moins sûr que ressentir de la joie ou de la tristesse n’est pas plus positif dans un cas ou un autre. C’est notre état intérieur qui l’est ou non. Les émotions disent : «voilà ce que tu vis».

Fonctionnement 
Les 4 émotions de base sont : la peur, la colère, la tristesse et la joie.
Leur fonctionnement passe par 4 étapes, de la charge à la relaxation.

Enfin, ce n’est pas parce que nous ressentons des émotions que celles-ci sont appropriées. En effet, il existe des émotions authentiques et des émotions parasites. Une émotion authentique est ce que son nom indique, une émotion parasite est une émotion qui vient à la place d’une autre émotion, car l’émotion qu’elle cache n’était pas autorisée dans notre famille. Dans notre famille nous avons appris en effet qu’il y avait des émotions que l’on pouvait ressentir et d’autres qui étaient interdites.

Quand il était enfant, la famille de Jean lui a transmis le message suivant «quand on pleure, on est faible» (bien souvent les transmissions se font de façon non verbale par des attitudes et des comportements). Jean a compris que s’il pleurait il ne serait pas aimé dans cette famille, alors chaque fois qu’il était triste, il ne pleurait pas, même quand ses deux grands frères de 10 ans plus âgés se moquaient de lui. Il a appris à se montrer drôle, et cette émotion était très appréciée dans sa famille. Il est devenu «le rigolo» de service, toujours prêt à faire rire tout le monde. Sauf qu’aujourd’hui, il vient de perdre son travail suite à un licenciement économique. Il n’a su faire son deuil, s’est senti terriblement dévalorisé. Il est tombé en dépression, et n’arrive plus à retrouver de travail. Pour noyer son chagrin, il s’est mis à boire, évitant ainsi de ressentir quelque émotion que ce soit.

Cependant ce n’est pas parce qu’on ressent une émotion, qu’elle est juste. Les émotions doivent être appropriées : si je suis en colère, aller pleurer dans mon coin ne sert à rien. De même, si au lieu de ressentir ma peur, je me montre en colère, cela ne va pas résoudre ma tristesse.

En résumé 
Apprendre à connaître les émotions permet de s’en faire des alliés, d’obtenir des informations sur notre état, sur ce que nous vivons. Les fuir risque au contraire de nous amener dans le malaise ou la somatisation. Savoir vivre avec permet un enrichissement de la personne. L’alphabétisation émotionnelle est un moyen de développer ce potentiel.

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