5 octobre 2010

Twit-Face

Le réseau social virtuel : une  lame à double tranchant

Les contraintes spatiotemporelles constituent un obstacle majeur à nos rencontres physiques puisque nous ne sommes pas, hélas, doués de bilocation. Néanmoins, dieu Internet nous aide à contourner ces lacunes. Ce dernier ignore en effet les distances car il réunit toutes les propriétés du divin qu’on aimerait posséder : omniprésence, immatérialité, instantanéité, universalité et permanence.

En passant, je ne sais pas dans quelle mesure les usagers des médias sociaux sont conscients du fait qu’aucun message ne disparaît, même une fois supprimé de leur propre banque de données. Tous les messages restent encollés à la cyber-mémoire du dieu Internet, à jamais…   

Quoiqu’il en soit, n’est-il pas infiniment triste de convertir en défouloir pour vitrioleurs ce merveilleux outil qui permet aux «vrais» amis éloignés de se retrouver?

Certes, il y a des abonnés qui se livrent en pâture corps et âme, sans pudeur et de plein gré. S’agit-il d’un besoin d’attirer l’attention, peut-être pour combler un manque d’amour? L’humoriste Elayne Boosler disait à ce propos : «Attention à quiconque vous dit 'J’ai tellement d’amour à offrir, mais je n'ai personne à qui le donner'. Ce que vous devriez immédiatement traduire par : 'Je suis le trou noir émotionnel de l’univers et j’entends vampiriser la moindre parcelle d'énergie vitale que tu me donneras'. Pourtant, les occasions de donner de l’amour ne manquent jamais tout autour de nous.»

Et puis, il y a des cibles involontairement soumises à la calomnie, à la médisance et au bullying de l’entourage. Les affaires Tyler Clementi et David Abitbol témoignent de la haine et de la cruauté dont certains usagers sont capables.

Mais, ce n’est rien de nouveau sur cette planète, les opposés coexistent, comme des mondes parallèles; en fait, chaque individu est en quelque sorte un micro monde parallèle. Voilà ce que nous montre le magistral documentaire BARAKA que j’ai regardé pour l’énième fois, par besoin de relativiser l’importance de nos charmantes petites personnes. Si plus de jeunes le voyaient, peut-être qu’ils choisiraient la bienveillance au lieu de l’agressivité – physique ou virtuelle…


Pochette de BARAKA (Ron Fricke, 1992) 
Ce documentaire mériterait d’être présenté dans toutes les écoles du monde.

Tout au long du film, aucun commentaire n’est prononcé. Ron Fricke et son équipe se bornent à capter des images, à être des témoins. Ce faisant, ils transcendent les barrières géographiques et linguistiques, tout en laissant aux spectateurs le soin de tirer leurs propres conclusions.  

Baraka est un ancien mot soufi qui signifie bénédiction ou souffle de vie (dont découle le processus évolutionnaire). Le film couvre six continents et 24 pays, dont la Tanzanie, la Chine, le Brésil, le Japon et le Népal, avec des concentrations importantes en plusieurs localités états-uniennes et européennes. Des images grandioses et fortes, dans la beauté comme dans la laideur. En capturant les gloires et les violentes calamités de la planète, Baraka nous montre la diversité des hommes et leur impact sur le monde. Une redécouverte de l’histoire, de la vie sociale et culturelle, des coutumes, de la danse, du son, de la musique, de la prière, des rituels religieux et profanes, du combat pour la survie, de la souffrance, de la vie et de la mort. À la fin, Michael Stearns a voulu tisser toutes les musiques en une fresque unique où des instruments aussi disparates que la cornemuse, les colos japonais, l’orgue, etc., sont en parfaite harmonie. Et, c’est une réussite.

Globalement, ce film nous fait comprendre l’interconnexion entre tout ce qui existe. Nous sommes des invités sur cette planète, chacun a sa place, et personne n’a approuvé la liste des convives ni imposé un mode de vie particulier.

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